28 décembre 2024, 16:28

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 87

Blogger : Clément
par Clément


A l'approche des premiers frimas hivernaux, vos trois serviteurs du côté obscur de la force ont une nouvelle fois convié à la noce le meilleur du metal qui tâche. Clément est resté dans l'Hexagone chercher l'inspiration pour préparer sa tournée de mandales annuelle à destination des vilains marmots. Aude s'est, elle, une fois de plus aventurée en eaux troubles avec une livraison de black metal et de dungeon synth riche en frissons. Quant à Crapulax, ce dernier n'est pas en reste puisqu'il s'est aventuré dans les tourments de l'Enfer pour proposer une sélection de thrash/death burné avec notamment le retour des vétérans MASSACRE. Voilà donc un programme réjouissant pour s'envoyer une bonne rasade de metal qui sent sous les aisselles avant de boucler une année 2024 riche en décibels. Grunt !
 

DRAGUNOV : « Vepr » (Autproduction)

Originaire de Nantes, le duo revient sur les platines affamées de sensations fortes avec un troisième album de haute volée : « Vepr ». Et son post-metal instrumental constitue à nouveau une plongée sans palier de décompression dans les eaux troubles d’un marécage boueux dont l’on ne devine le fond. Sept morceaux dont la noirceur n’a d’égal que la puissance, aux ambiances cérébrales et contrastées comme sur "Holodomor" ou "2402", petite bombe qui précède un final aux ambiances en apparence presque paisibles comparées aux précédentes déflagrations ("Alligator"). Seul "The Great Hour" s’accompagne des lignes de chant écorchées vives de Stefan de Graef (PSYCHONAUT, HIPPOTRAKTOR) pour un résultat impressionnant, teinté de peur et d’émotions. Bénéficiant, pour enfoncer le clou, d’un traitement sonore impeccable, « Vepr » a été enregistré et mixé au Drudenhaus Studio par l’ex-claviériste d’ANOREXIA NERVOSA. Quant à son mastering, celui-ci est signé par l’expert Raphaël Bovey dans son myRoom Studio de Lausanne, là où les furieux NOSTROMO ont célébré leurs dernières messes noires, pour un résultat bluffant de clarté et d’intensité. Exposant ici tout son savoir-faire en matière de musiques glaciales, DRAGUNOV fait partie de ces groupes dont le potentiel n’est plus à démontrer et « Vepr » en constitue la plus sombre illustration. Une réussite... en tout point !
(Clément)


BACKSLAIN : « Wicked Visions Of a Blind Soul » (Autoproduction)

Les bêtises de Cambrai vont désormais faire face à un concurrent de poids en matière de savoir-faire local puisque BACKSLAIN démontre sur ce premier album toute sa science en matière de thrash/death qui tâche ! Et prouve par la même que la valeur n’attend point le nombre des années puisque le quartette a été formé en 2021, en pleine tourmente covidienne. Et malgré sa jeunesse toute relative, la bande des quatre envoie un rouleau-compresseur qui ravira plus les instincts les plus sauvages. Saignant à souhait et sans chichis, une esgourde posée sur "Unburied Dead" ou "Death From Above" achèvera de convaincre les plus réticents, l’album fait la part belle à une section rythmique qui avoine comme jamais. Et déroule des parties de batterie qui feront tourner de l’œil le bûcheron le plus endurci. Doté d’une production en béton armé, « Wicked Visions Of a Blind Soul » jongle entre envolées brutales et parties plus calmes, rythmiques écrasantes qui croisent le feu avec quelques blasts savoureux. La recette est connue, certes, mais l’ensemble est exécuté avec une précision redoutable. Prévu à l’affiche de la soirée Warm-Up du Chaulnes Metal Fest prévue le 25 janvier, BACKSLAIN aura ici l’occasion de montrer toute l’étendue de son talent. Get into the pit !
(Clément)


AKERIUS : « Escaping The Grip Of Mirkwood’s Shadow » (Percussive Spectre)

Nouvel album du one-man band réunionnais AKERIUS que l’on peut dire productif, « Escaping The Grip Of Mirkwood’s Shadow » est basé uniquement sur l’atmosphère avec un dungeon synth aux ambiances hypnotiques nous entraînant en profonde Terre du Milieu et sa forêt de Mirkwood. Les dix titres originaux se veulent une immersion dans un monde sombre et mystérieux. Alors cette fois pas de riffs brutaux (ou peu), pas de rythmes blastés, seuls les synthés font le job, avec une alternance de sons acoustiques, de chœurs masculins et féminins, de cordes, de pianos. Au détour de notre chemin, on croise Gollum et des Gobelins, on voyage vers Dol Guldur, on passe par la Comté ou on s’approche du Mordor. Si le chemin n’est pas de toute sérénité, les ambiances lentes et mélancoliques développées par AKERIUS nous permettent une expérience musicale réellement envoûtante. En bonus-track, on retrouve une version revisitée de "Arkenstone" initialement parue sur l’album « Cordis Musica », ce qui lui redonne un nouveau souffle tout en restant aussi "tolkienesque" que la première version. C’est une belle inspiration dungeon synth que cet « Escaping The Grip Of Mirkwood’s Shadow » totalement adapté aux longues soirées d’hiver au coin du feu.
(Aude Paquot)


WOLVENCROWN : « Celestial Lands » (Avantgarde Music)

Cinq ans après leur premier album, les Anglais WOLVENCROWN reviennent avec un splendide disque de black metal atmosphérique intitulé « Celestial Lands ». Et en effet, on retrouve bien ce côté céleste promis avec des envolées atmosphériques de toute beauté et des claviers omniprésents qui donnent aux huit compositions une tenue consistante. Les guitares suraiguës, les riffs posés et les vocaux transcendés se mêlent à des ambiances acoustiques et de beaux soli pour accéder à un état de grâce ultime. Si le black metal est pris ici comme une base, WOLVENCROWN va chercher plus loin apposant à sa musique une touche beaucoup plus travaillée.  Quelques parties vocales claires et épiques ("A Once Rational Time") sont d’aussi bon aloi que les sons de clavecins en intro ("A Spell Nature Cast") ou les chansons plus sombres ("The Path Of Life"). « Celestial Lands » est un album aux multiples couches, qui se révèlent au fil des écoutes. Cependant, dès les premières notes, il nous conquiert grâce un feeling particulier, une espèce d’urgence à évoluer dans une Nature fertile mais détruite peu à peu par l’Homme. N’y voyez pas un message imposé mais un ressenti à l’écoute des superbes longs morceaux.
(Aude Paquot)


MASSACRE : « Necrolution » (Agonia Records)

Bref résumé pour les deux nouveaux au fond de la classe !
Floride 1983 : le groupe underground MANTAS (référence à VENOM) démarre avec Kam Lee, Rick Rozz et un certain Chuck Schuldiner à la guitare. Les deux premiers vont former MASSACRE et Chuck lui va créer... va créer... Les deux nouveaux, une idée ? La poupée Chucky ?... Ok, deux heures de colle à chacun avec Gilbert Montagné dans les oreilles.
Pour créer DEATH, évidemment ! MASSACRE reste donc intimement lié à la légende, Rick Rozz jouant même plus tard sur « Leprosy ». Aujourd'hui les jours de gloire (comprenez par-là l'album « From Beyond » en 1991 et le EP « Inhuman Conditions » l'année suivante) sont loin derrière et même si « Resurgence » l'album le plus récent (2021) était honnête, raviver la flamme de cette époque semble être une gageure. Cela dit ne faisons pas la fine bouche : ce « Necrolution », très costaud death metallement parlant, regorge de pépites à commencer par le génial "The Color Out Of Space" ou "Rituals Of The Abyss" qui méritent largement le détour. C'est par les temps qui courent au moins ça de gagné. Fin du cours !
(Crapulax)


GOREBRINGER : « Condemned To Suffer » (Great Dane Records)

Troisième album pour la formation londonienne de death metal mélodique parsemé d'influences black metal qui aime toujours autant brouiller les pistes. Troisième version de leur logo (revisité pour l'occasion à la sauce ENTOMBED, ça n'aide pas niveau reconnaissance visuelle mais bon...), aucun batteur nommément cité, aucun invité de marque, aucun passif des deux musiciens dans d'autres formations, album auto-produit... GOREBRINGER cultive à l'évidence le secret : même les remerciements dans le livret sont minimalistes, limités à leur famille ! Mais finalement, est-ce que cela ne pousse pas à l'essentiel : se concentrer plus sur leur musique ? Et de ce côté-là, on n'est pas déçu : chaque titre déborde d'intensité, cueillant d'entrée l'auditeur avec le terrible "Under The Full Moon's Pale Light". Aux guitares virevoltantes répondent une batterie ultra-carrée (bien malin sera celui qui saura s'il s'agit de numérique ou non) en surchauffe constante comme sur "Ants" ou sur les premières minutes de "Lady Midday". Bref une bien belle surprise pour clôturer cette fin d'année avec une bonne dose de metal à se coller entre les oreilles même si à deux musiciens, un chanteur et un guitariste/bassiste, il apparaît très hypothétique de pouvoir voir GOREBRINGER un jour sur scène.
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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