En ce premier jour de mars, le Forum de Vauréal nous propose une soirée toute en finesse avec pas moins de quatre groupes dont la réputation scénique n’est plus à faire.
De la Nouvelle-Orleans à l’Angleterre en passant par la coté est des Etats Unis, le voyage promet d'être chaotique à souhait.
Définie comme un groupe de Bimboviolence, l’attraction première du groupe est bel et bien son décalage entre sa chanteuse Liz Selfish et le son ultra violent proposé par ces derniers. Malheureusement pour nous, la pauvre a attrapé la grippe et elle se retrouve dans l’incapacité de chanter. Le show s’en retrouve donc tronqué, mais BRAT ne se démonte pas pour autant. Effectivement, Brenner Moate (guitare/chant) prend le relais afin de proposer un show aux fans en présence. Comme à l’accoutumée, les titres sont entrecoupés d’extraits d'artistes pop tels que Shania Twain, Britney Spears ou encore ABBA, ce qui donne l’occasion à Liz Selfish de se déhancher, avant de vite repartir sur le côté sans pouvoir prononcer un mot.
L’humour est omniprésent malgré la situation compliquée, mais il y a surtout une grande solidarité entre les groupes, car chacun d’eux viendra prêter main forte au chant. Comment ne pas se régaler en voyant Kirk Windstein de CROWBAR, demi-lune sur le nez, en train de lire les paroles de « Barracuda », la reprise de HEART qui fait désormais le buzz depuis des années (d’autant que cette version est adoubée par le patron du sludge Sammy Duet en personne, en featuring sur la version studio). Dylan Walker de FULL OF HELL et Barney Greenway viendront eux aussi pousser la chansonnette pour le plus grand plaisir de tous. Chaotique, certes, mais bon enfant et plein d’empathie !
Belle mise en jambe pour la suite.
L’ambiance change du tout au tout avec l’arrivée de FULL OF HELL sur scène. Baigné de rouge, le quatuor ne fait pas dans la dentelle et nous délivre avec conviction son grindcore survitaminé. Dylan Walker est comme possédé dès que la musique se lance, alors que ses interventions sont plutôt calmes. Schizophrène ? Malgré la brutalité de la musique, la mise en son du Forum est impeccable et restitue parfaitement les couches « noisy » que crée son frontman, maximisant l’impact des compositions des Américains. Ils puisent d’ailleurs dans leur riche discographie, mettant l’accent sur les deux derniers rejetons. Le public rentré bien dedans, avec pas mal d’agitation dans le pit. Une démonstration de puissance rondement menée.
Place maintenant aux vieux briscards de CROWBAR. Même si le groupe nous rend visite quasiment tous les ans, la ferveur autour de Kirk et sa bande est toujours intacte. Comme au premier jour, le groupe s’installe tranquillement avant de déployer son sludge graisseux. Les amplis sont poussés à fond et les premiers rangs en prennent pour leur grade… mais toujours avec clarté. Kirk Windstein est toujours aussi charismatique malgré le poids des âges (il aura 60 ans cette année). Le set reste dans du très, très classique, mais toujours aussi jouissif. Beaucoup de titres joués proviennent du siècle passé, mais c’est aussi ce que l’on attend d’un concert aussi court puisque ce soir, seuls 10 titres sont interprétés. Difficile donc de faire sauter « All I Had (I Gave) », « Like Broken Glass » ou le culte « Planete Collide ». Le groupe semble aux anges et le public en aurait bien repris une louche, mais avec un plateau à quatre groupes, c’est le risque.
Une prestation classique mais qui séduit toujours autant.
Et cela va se révéler aussi le cas pour la tête d’affiche de la soirée : au bas mot, NAPALM DEATH avoisine les 200 concerts dans notre beau pays ! Autant dire qu’il est ici chez lui. L’ovation lors de l'arrivée des musiciens nous conforte dans cette idée et nous voilà partis pour 70 minutes de tabassage en règle. Barney Greenway surgit comme un fou furieux tournant sur scène, tel un lion en cage et éructant comme si sa vie en dépendait. Ses compères de toujours sont eux aussi en grande forme et rappelons-le, la mise en son est parfaite. Les Anglais prennent soin de balayer en long en large et en travers leur fertile discographie, tout en n’oubliant pas les titres que tout le monde attend. Que ce soit son premier album "Scum" ou l'un des plus récents "Throes of Joy in the Jaws of Defeatism", l’exécution et l’investissement sont à leur comble. Ça frictionne dans le pit, les plus jeunes se lancent dans des slams à n’en plus finir ; l’ambiance est festive sans pour autant oublier le fond. Ce bon Barney n’est pas avare en discours, prônant toujours autant l’égalité. « You suffer...but why? »… meilleurs lyrics de la soirée. Pas de fioriture donc, mais un set exécuté tel un rouleau compresseur dans cette magnifique salle du Forum.
Un package cohérent et qui sent bon la camaraderie pour un show de presque 4h sans aucun ventre mou.
