
Il y a des groupes qui après plusieurs décennies d’activité, continuent de nous étonner. Et UNDEROATH fait partie de ceux-là. Trois ans après « Voyeurist », la formation floridienne revient avec « The Place After This One », et ils sont en pleine forme comme en témoigne le titre d’ouverture "Generation No Surrender" rythmé de riffs percutants et du chant rocailleux emblématique de Spencer Chamberlain. Le titre "Devil" montre également la capacité du groupe à expérimenter musicalement, et l’empreinte du claviériste Chris Dudley dans la production à travers des breakdowns explosifs et l’ajout subtilement réalisé d’éléments électroniques. Cette audacieuse direction EDM atteint son apogée avec le premier single sorti du disque, "Teeth", où les drops prenant la forme de riffs de guitare distordus, donnent une ambiance presque dérangeante au titre, avant de conclure le morceau sur une note heavy et percutante.
Si la production travaillée avec finesse et expertise dépasse nos attentes, les paroles quant à elles ont l’impact de la maturité, Ainsi, les textes sont clairement personnels et détaillent les difficultés rencontrées par Spencer Chamberlain pendant ses problèmes d’addiction. Ainsi le titre "Survivor’s Guilt" dont les paroles sombres expriment la culpabilité que l’on ressent à avoir survécu à son addiction lorsque l’on a perdu des proches pour les mêmes raisons. Le décalage entre une mélodie joyeuse, entraînante, et des paroles personnelles, sombres, empreintes de souffrance montre le travail étroit réalisé durant le processus de création et son aspect collaboratif. Les membres du groupe ont su écrire un album avec une perspective narrative lourde de sens : la sobriété de Spencer, la paix et l’équilibre dont les membres du groupe profitent maintenant, leur ont permis de délivrer un album profond, où la rétrospective est de mise, ainsi qu’un message d’espoir pour toute personne en souffrance. Cette réalisation touche directement en plein cœur, avec une honnêteté incisive.
L'ouverture d'esprit du processus d'écriture a un impact sur l'album, tout comme le refus du groupe de se plier aux attentes. Et après plus de vingt ans d’existence et un hiatus, UNDEROATH a su continuer à nous parler, nous surprendre, et nous garder en haleine. Leur volonté de continuer à se dépasser sur tous les points est intacte, ainsi que leur rage. Le titre "And Then There Was Nothing" en est l’exemple, montrant une intensité vocale absolue, faisant un echo appréciable à "There Could Be Nothing After This" du formidable album « Define The Great Line ». L’unique collaboration du disque, "Vultures" avec Troy Sanders de MASTODON n’est pas en reste sur cette intensité et témoigne d'une puissance incroyable. Outre les ouvertures percutantes et des riffs agressifs, le refrain est marquant, prenant : « How’t it feel now that you circle with the Vultures? » La présence très marquée de la basse amplifie la lourdeur sombre sous-jacente qui prépare le terrain pour que Troy Sanders puisse exprimer sa brutalité avec une présence imposante.
Ce nouvel album, donne le ton du nouveau chapitre du groupe et possède assurément des fondations extrêmement solides, en étant à l'écoute du passé et pour autant prêt à marcher droit vers l'avenir. UNDEROATH a repoussé ses limites sans relâche et sans effort et a donné naissance à un autre album distinctif, prouvant qu’ils ne cessent de grandir avec nous.