31 août 2025, 13:03

BURNING WITCHES

"Inquisition"

Album : Inquisition

Nos sorcières bien-aimées nous reviennent avec un sixième album et autant vous dire tout de suite qu’elles ne sont pas contentes ! Mais alors là, pas contentes du tout, même ! Sans véritablement être un album-concept, « Inquisition », puisque c’est son titre, est axé sur les sévices infligés par l’Église à certaines femmes qu’elles considéraient dans des temps reculés comme sorcières et plus généralement, sur les abus de pouvoir de toutes sortes. Avec en toile de fond, cette idée de résistance face à l’oppression, particulièrement celle exercée sur la gent féminine. Tout un programme !

Musicalement, on navigue dans un heavy metal tirant vers un power du meilleur cru. Ambiance « Painkiller » garantie ! Celles et ceux d’entre vous qui ne connaîtraient pas encore le groupe (qui fête cette année ses dix années d’existence) se diront certainement qu’il n’y a pas là matière à arpenter le Col du Grand-Saint-Bernard (oui, nous parlons bien d’une formation suisse !) mais ils ne pourraient pas plus se tromper tant l’univers musical développé par ces cinq demoiselles est passionnant. Puisant dans de multiples influences, BURNING WITCHES a su évoluer depuis ses débuts pour proposer aujourd’hui une musique puissante, volontiers alambiquée mais toujours accrocheuse.

L’intro "Sanguini Hominum" nous plonge dans une ambiance lugubre avec ses chœurs masculins à mi-chemin entre des chants militaires et des cantiques. De noires litanies qu’on croirait sorties de la bande-son d’un film d’horreur, ce qui a l’avantage d’éveiller notre curiosité sur ce qui va suivre. Et ce qui suit, c’est "Soul Eater", single imparable qui nous permet de voir toute l’étendue du talent du groupe emmené par la guitariste Romana Kalkuhl (que ceux qui trouvent ce nom "ridikuhl" sortent immédiatement !). Le son, concocté par les fidèles Damir Eskić (guitariste de DESTRUCTION) et V.O. Pulver (créateur du Little Creek Studio et responsable du son de DESTRUCTION, entre beaucoup d’autres), puissant et clair, rend justice à la - grande - maîtrise instrumentale des Suissesses.

Avec ses parties vocales doublées, la chanteuse Laura Guldemond se taille évidemment la part du lion, comme sur nombre d’autres titres de « Inquisition », d’ailleurs. Il faut dire que la Néerlandaise possède un registre incroyable, avec une voix à situer quelque part entre celles de Rob Halford, Ronnie James Dio et Doro Pesch. Tout, du pré-refrain aux montées dans les aigus de Laura en passant par le duel entre les six-cordistes Romana Kalkuhl (oui, je sais, je sais !) et Courtney Cox, rappelle les pères fondateurs JUDAS PRIEST bien sûr, mais jouer avec autant d’intensité (on flirte ici avec le thrash) tout en restant mélodique n’est jamais chose aisée et les BURNING WITCHES relèvent le défi haut la main !

Un riff implacable, suivi d’une mélodie entêtante, ouvre "Shame", le morceau suivant, avant que les cinq prêtresses ne nous entraînent dans un mid-tempo heavy à souhait, évoquant là encore le groupe de Rob Halford. Laura brille à nouveau sur le pré-refrain et le refrain guerrier finit de nous aplatir avec la rythmique thrashisante qui l’accompagne. À ce moment-là du disque, il paraît évident que nous sommes partis pour un très grand moment de metal (au vrai sens du terme !) comme trop peu de formations savent le pratiquer maintenant. Les BURNING WITCHES ont mûri et le sens de la composition de Romana, déjà aiguisé sur les premières productions du quintet originaire de Brugg, en Suisse alémanique, efface désormais celui de bon nombre de concurrents.

D’une intensité dramatique supérieure à celle de son prédécesseur « The Dark Tower », paru en 2023, « Inquisition » marque également les esprits par ses nombreuses trouvailles mélodiques, comme ce phrasé inspiré de Courtney dérivant vers une partie harmonique qui emmène un titre au départ brut de décoffrage vers quelque chose de plus aérien. L’incorporation (définitive ?) de l’ex-THE IRON MAIDENS, le groupe-hommage féminin à IRON MAIDEN duquel est également issue Nita Strauss, n’est d’ailleurs pas étrangère à l’évolution des sorcières qui brûlent. L’Américaine, qui avait déjà donné un coup de main à ses copines sur « Hexenhammer » (2018) et qui assurait l’intérim à la six cordes depuis deux ans suite au départ en congé maternité de Larissa Ernst, éclabousse vraiment « Inquisition » de son talent.

"The Spell Of The Skull" débute comme du TESTAMENT avant de dérouler des harmonies maidenesques. Laura chante le couplet d’une voix grave et rocailleuse puis monte en puissance jusqu’au refrain. Celui-ci lui permet alors d’atteindre des cimes et de moduler tout en conservant sa voix de gorge... Sublime ! Le pont au milieu du morceau est tout aussi bon, ainsi que le solo qui suit avec son début sobre et sa conclusion en shred qui remonte durant le refrain. Épique, mélodique et intense, cette composition est l’un des temps forts de l’album. Comment faire, dès lors, pour maintenir l’attention de l’auditeur ? Très simple ! En proposant une autre pépite, le morceau-titre "Inquisition" !

Une mélodie de guitare suivie d’un riff bien puissant pour ouvrir les hostilités, une rythmique saccadée soutenue par un basse-batterie heavy en diable, un court shred digne d’Yngwie J. Malmsteen puis une voix agressive qui se greffe sur l’ensemble , le tout en à peine 50 secondes de chanson, ça vous tente ? Tant mieux car vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Un changement de riff intervient avant le refrain avant que le tempo ne change une nouvelle fois pendant le refrain, "Inquisition" est une véritable montagne russe avec ses nombreuses transitions qui nous embarquent dans une odyssée sonore rappelant fortement le regretté ICED EARTH ! Encore un grand titre !

"High Priestess Of The Night" débute par un riff évoquant les débuts de DIO sur lequel vient se poser une harmonie grave. Arrive alors le couplet durant lequel Laura pose un chant plus grave, plus rocailleux. Le morceau avance doucement jusqu’au pré-refrain pour s’ouvrir vraiment durant son refrain, lumineux. C’est encore une fois très bien écrit mais il est dommage, toutefois, que les harmonies de guitare accompagnant le refrain soient un peu noyées dans le mixage. Ça, c’est vraiment histoire d’être tatillon ! Dur, de toute façon, de trouver des défauts à un tel album tant l’inventivité et la conviction affichées dans les compositions de ces cinq demoiselles sont flagrantes. Et ce ne sont pas les brûlots suivants, "Burn In Hell", sur laquelle Lala Frischknecht nous régale de ses coups de double kick, et "Release Me", une power-ballad pleine d’émotion, qui vont me démentir !

Seule "In For The Kill" fait légèrement retomber la pression malgré sa vitesse d’exécution. Peut-être est-ce dû à plus de simplicité dans l’écriture ? Quoique là encore, cela soit relatif. De toute manière, "In The Eye Of The Storm", "Mirror, Mirror" et l’outro "Malus Maga" sont là pour nous remettre la tête à l’endroit et nous prouver, si besoin en était, que non, BURNING WITCHES n’est décidément pas un énième coup marketing surfant sur la vague des female-fronted bands. Jouant crânement leur chance, les Suissesses s’imposent désormais comme l’un des fleurons du metal européen. Les légendes peuvent prendre une retraite bien méritée, la relève est désormais dignement assurée.

Blogger : KillMunster
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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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