Alors que j’écris ces quelques lignes, les notes de "Darkness Descends", le titre, me vrillent les tympans. Cette baffe, quand même ! Mais avant d’aller plus loin, il me semble nécessaire de revenir sur les faits d’armes de DARK ANGEL, un nom qui ne parlera pas forcément aux plus jeunes d’entre vous. Quand, en 1986, l’album « Darkness Descends » atterrit dans les bacs, la scène thrash est en pleine mutation. À peine remis des déflagrations de groupes comme METALLICA, SLAYER ou MEGADETH, les metalheads assistent, médusés, à l’arrivée d’une poignée de sauvages allant encore plus loin dans la barbarie, en expérimentant des sons toujours plus rapides et brutaux. C’est l’heure des balbutiements du death metal et des premières démos de MASTER, MASSACRE et DEATH, autant de musiciens influencés par la parution, un an plus tôt, de « Seven Churches » de POSSESSED.
Mais 1986 voit également l’avènement d’une formation originaire de Los Angeles, DARK ANGEL qui, avec son deuxième album, « Darkness Descends » donc, semble bien décidée à écraser tous ses concurrents. Technique, extrêmement brutale et rapide, sa musique est d’une intensité telle qu’il n’y a guère que le « Reign In Blood » de SLAYER (sorti un mois plus tôt !) pour effleurer pareille folie. Mais si la comparaison avec Tom Araya et consorts est légitime quant à la sauvagerie dégagée par le disque, elle l’est moins en terme de brutalité pure. En effet, là où SLAYER diversifie ses coups avec un songwriting élaboré, DARK ANGEL cherche le K.O. en permanence et ne lâche la gorge de l’auditeur qu’à la dernière seconde de "Perish In Flames", le morceau qui clôt l’album. Doté d’une production sale, limite boueuse, « Darkness Descends » préfigure en bien des points ce que fera un groupe comme CANNIBAL CORPSE quelques années plus tard. Écoutez la série de hammer-ons et de pulls-offs accompagnant l’implacable rythmique (plagiée deux ans plus tard par METALLICA sur "One" !) sur le titre éponyme et vous comprendrez !
Trois ans plus tard, la "L.A. Caffeine Machine" (comme les musiciens se surnomment eux-mêmes !) sortira « Leave Scars », qui marquera une première étape dans son évolution stylistique. Toujours aussi brutale, la musique de DARK ANGEL se veut désormais plus réfléchie et prend des détours techniques que certains n’hésiteront pas à mettre en avant pour comparer le groupe à des formations telles que WATCHTOWER ou MEKONG DELTA. Le parallèle avec une scène techno-thrash alors en plein essor est toutefois légèrement galvaudé quand on considère cette volonté, toujours intacte, de frapper au foie des pauvres headbangers que nous sommes. Certes, les breaks sont nombreux, certains titres dépassent allégrement les cinq minutes et deux instrumentaux sont même présents dans la tracklist, mais l’extrême brutalité dans laquelle baigne la plupart des morceaux rapproche plutôt le groupe des ténors du death metal comme DEATH ou MORBID ANGEL, sans les growls bien sûr.
Sur « Leave Scars », le hurleur Don Doty a laissé sa place à Ron Rinehart, au chant plus grave, plus rageur aussi, Rob Yahn, le bassiste, a laissé la sienne à Mike Gonzalez (déjà crédité sur « Darkness Descends » alors qu’il n’avait pas joué dessus), tandis que la paire de guitaristes, Eric Meyer et Jim Durkin, ainsi que le monstrueux batteur Gene Hoglan, sont toujours de la partie. Mais la musique et le line-up ne sont pas les seules choses qui ont changé depuis « Darkness Descends ». Les lyrics, autrefois portés sur les diableries de toutes sortes, sont maintenant axés sur les problèmes de société, la violence et les traumatismes psychologiques sous toutes leurs formes. Une évolution surprenante mais qui sied si bien à la brutalité de sa musique que DARK ANGEL récidivera en 1991 avec l’implacable « Time Does Not Heal ». Et en poussant sa logique jusqu’au bout puisque le groupe mettra un point d’honneur à mentionner sur la pochette du disque : "9 songs, 67 minutes, 246 riffs!". Nooooooonnn ??? Si !!! Je vous jure !!! À bientôt pour la suite...
2e partie ici.