28 octobre 2025, 10:46

SABATON

Interview Pär Sundström

Blogger : Tom Binet
par Tom Binet


L'heure de la leçon d'Histoire a une nouvelle fois sonné. Cette fois pas de Guerres Mondiales ni de Grèce Antique de la part de SABATON, mais un voyage à la rencontre de onze « légendes » des temps pas vraiment modernes. Des Templiers à Napoléon en passant par Genghis Khan, Hannibal ou Jeanne d'Arc, les héros du heavy metal suédois nous embarquent une nouvelle fois à leurs côtés. L'occasion d'évoquer la composition de ce onzième opus, mais également la tournée à venir ou le rapport du groupe à la France avec le bassiste de la bande, Pär Sundström.
 

Quand tu as fini de composer de la musique mais que les fans n'ont pas encore pu la découvrir, quel est le sentiment qui domine à chaque fois ?
Le meilleur qui soit ! Pour tous les musiciens, c'est fantastique de voir les réactions quand notre musique sort. Nous travaillons sur cet album depuis longtemps, c'est comme ça que l'industrie marche aujourd'hui. Il y a vingt ans, il n'y avait pas autant de procédures, mais désormais nous devons faire un plan marketing sur le long terme. C'est bizarre parfois : vous jouez en live et les gens réclament des nouveautés en vous disant : « Ça fait longtemps ! ». On sait qu'on a un album tout neuf déjà enregistré mais on ne peut rien dire (rires).

C'est votre onzième album. Comment continuez-vous à évoluer avec le temps ? Aviez-vous en tête des évolutions à apporter dès le départ pour « Legends » ?
On ne fait que suivre ce qui nous paraît être le mieux au moment d'écrire. En choisissant le sujet des légendes, les choses sont devenues un peu plus faciles : on n'est pas lié à quelque chose en particulier, il n'y a pas vraiment de limites. Le sujet couvre plus de 3000 ans d'Histoire et aborde les légendes du monde entier. Par exemple, "A Tiger Among Dragons" n'aurait pas eu sa place dans l'album « A war to end all wars ». Cette fois, on a pu faire ce qu’on voulait et simplement choisir les meilleures chansons.

Comment est venue cette idée de baser l'album sur des légendes ? Aviez-vous en tête tous les personnages dès le départ ?
Il faut remonter à l'écriture même de la musique. On écoutait ce qui allait devenir le morceau "Templars" et on se disait : « Ok, c'est super mais où sommes-nous ? Cela ne sonne plus comme la Première Guerre Mondiale. ». Et donc si on parle des Templiers, de quel autre sujet pouvons-nous parler ? C'est comme ça que l'idée des légendes est arrivée. Ensuite, c'est très rapide de raccrocher des personnages : Jules César doit en faire partie, tout comme d'autres. On a vite pensé à plusieurs d'entre eux.

Comment avez-vous mené vos recherches historiques à propos de chaque personnage ?
Pour certains de ces sujets, nous n'avons pas besoin de mener tant de recherches historiques : on n'écrit pas un livre complet sur Napoléon, d'autres l'ont déjà fait. On ne fait que gratter la surface dans nos chansons, on n'a pas forcément besoin d'aller chercher des informations inédites. On doit simplement mettre son parcours en mots qui doivent aller avec nos mélodies. Pour certains comme Senusret (pharaon égyptien, NDLR), ça a été un peu plus piégeux : on ne connaissait pas tout par cœur parce qu'en Suède, on n'apprend pas l'histoire des pharaons de façon très détaillée. C'est aussi ce qui rend l'écriture de cet album excitante. Même chose pour Lü Bu, je n'avais jamais entendu parler de cette personne auparavant.

Peux-tu, d'une certaine manière, t'identifier à certains de ces personnages ?
Je ne crois pas : ils ont tous des manières de vivre très anciennes, barbares pour la plupart et pas très en phase avec la manière dont j'aime vivre ma vie, ou dont j'aimerais qu'on se souvienne de moi (rires).


Pour en revenir à l'album, le retour de Thobbe Englund vous a-t-il semblé être un nouveau départ ?
En termes d'écriture, il écrivait déjà avant son retour officiel dans le groupe. Bien sûr, c'est super que quelques mois plus tard il soit là, assis dans le studio à jouer le morceau qu'il a écrit ("A Tiger Among Dragons", NDLR). Je suis très heureux qu'il soit de retour. Parmi tous les guitaristes du monde, il n'y en a aucun que j'aurais plus voulu avoir avec nous.

Je voulais te parler du morceau "Till Seger", qui est écrit en suédois. Ce n'est bien sûr pas la première fois que vous faites cela, mais qu'est-ce que cela vous permet de faire passer comme message d'écrire dans votre langue maternelle ?
On a senti de suite, en écoutant la composition, que ce morceau sonnait très « suédois ». En cherchant une histoire connectée à cette chanson, il y avait de très nombreux personnages qui avaient le type d'impact que l'on cherchait. On avait déjà écrit à propos de Gustavo Adolphus avec "Lion From The North", mais il était naturel qu’il ait également sa place dans cet album car il a modernisé l'artillerie sur les champs de bataille. Une modernisation qui a inspiré Napoléon, qui a poursuivi cette évolution par la suite. Si tu vas dans une école militaire, tu étudieras les deux personnages. Les Suédois nous demandent souvent : « Quand ferez-vous un nouveau morceau en suédois ? ». Ce à quoi on répond toujours que lorsque l'on a un sujet en rapport avec la Suède, c'est naturel. Mais écrire en suédois sur Napoléon n'aurait pas vraiment de sens, à moins de le faire sous un angle original en lien avec notre pays.

De manière générale, comment fonctionnez-vous au moment de composer votre musique ?
La plupart de nos morceaux passent par Joakim (Brodén, chanteur du groupe, NDLR), c'est lui qui maîtrise le mieux le son de SABATON. Il est très fort pour tout ce qui concerne les petits détails. Peu importe comment ça commence, ça se termine toujours entre les mains de Joakim. D'un autre côté, pour la première fois, tout le monde a apporté sa contribution sur cet album. Pendant le processus d'écriture, on rajoute un sujet pour les paroles. Par exemple "The Duelist" : c'est très centré sur la guitare, très rapide, technique. Donc ça nous fait penser à quelqu'un de très talentueux avec ses doigts, d'où l'idée d'un samouraï.


​On vous voit vous mettre en scène dans les clips de "Hordes of Khan" et "Templars" et vous avez réalisé le film « A War to End all Wars ». Peut-on imaginer vous voir dans d'autres champs artistiques à l'avenir ?
Je crois qu'on va continuer ces vidéos pour illustrer nos chansons, parce que l'aspect visuel de SABATON fonctionne bien. C'était vraiment très amusant de créer le film, j'ai adoré. Mais c'était pendant le Covid et je ne pense pas que j'aurais le temps de mener à nouveau à bien un tel projet. Actuellement, le projet le plus ambitieux est le « legendary orchestra » que l'on met en place pour notre prochaine tournée.

Justement, vous serez en France au mois de novembre. Que peut-on attendre de vos deux dates, à Paris et Lyon ?
Malheureusement, lors de notre dernier passage à Paris, nous n'avions pas pu déployer notre show complet au Zénith. Cette fois, on joue dans des salles encore plus grandes donc on pourra tout faire ! Et puis il y aura le « legendary orchestra ». C'est une sorte de « tribute band » : un orchestre composé de nombreux musiciens qui jouent des variations de morceaux de SABATON, guidés par deux solistes géniaux et tout ce qu'il faut pour en faire un voyage épique dans notre musique. Les gens auront le plus de morceaux de SABATON possible.

Puisqu'on parle de la France, vous abordez Napoléon et Jeanne d'Arc dans l'album. Notre pays est-il une grande source d'inspiration historique pour vous ?
Ce n'était pas forcément intentionnel. C'est surtout que Napoléon semblait correspondre parfaitement à la thématique de l'album. Cela peut sembler un peu odieux de dire ça, mais l'Histoire de France a souvent été très violente donc il y a beaucoup de choses à en dire.

Est-ce que tu as un souvenir en particulier qui te vient à l'esprit en pensant à la France ?
L'un des temps forts pour nous est forcément la sortie de « Great War » : on est allé à Verdun avec des journalistes du monde entier pour présenter l'album. On est resté plusieurs jours sur place. Ces jours-là représentent beaucoup pour nous.

Une dernière chose, vous n'écrivez jamais sur des événements contemporains. Est-ce qu'on peut imaginer vous voir le faire un jour ?
Je crois qu'il nous faudrait mourir d'abord. Cela peut sembler un peu brutal, mais on veut que tout soit gravé dans le marbre, pas chanter à propos de quelque chose qui est encore en cours. Sinon, ce n'est plus de l'Histoire, mais de la politique et on n'est pas là pour dire aux gens quoi voter, penser, manger, boire... On ne fait que raconter une histoire que les gens peuvent juger comme ils l'entendent.


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1 commentaire

User
Andre Zappa
le 27 nov. 2025 à 08:29
Merci pour cet interview ! Je découvre depuis peu ce groupe…! Vivement samedi à Lyon…!
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