20 juin 2014, 20:41

Hellfest 2014 - jour 1

@ Clisson

Cette édition 2014 et sans aucun doute la plus attendue depuis que le Hellfest a vu le jour en l’an de grâce 2006. Pourquoi ? Affiche dantesque, pass 3 jours écoulés en un temps records, une promesse de décorations folles ainsi que des petits plus, faisant passer ce fameux weekend de "Club Med pour métalleux" à celui de "Disneyland Clisson". Autre acteur sans précédent, le fan club Cult ayant pour mission de relayer ces belles infos et surtout d’entretenir la flamme quasiment quotidiennement, même pendant ces longues soirées d'hiver prêt de son ordinateur. Sans forcément se focaliser sur ce réseau "privé" car réservé à des disciples initiés avec des coffrets en forme de tombeaux achetés à Noël, il est clair que le staff nous a mis la bave aux lèvres toute l'année.


Donc YES ! L'heure d'aller taquiner l'autoroute direction Nantes sortie Clisson est enfin arrivée, suivre les panneaux Hellfest à droite au supermarché. Et dès le jeudi soir, il faudra le voir pour le croire, car au niveau nouveauté il n'y a définitivement pas que le verre de 50cl, l'organisation nous offre vraiment des œuvres pharaoniques. Après le "Heavy Metal Town" au Wacken, voici le "Hellcity Square" juxtaposé au Metal Corner et accessible via une passerelle imposante, tel un fragment de quartier 100% urbanisé avec boutiques, un salon de tattoo et même des lampadaires à la "Singin' in the Rain". Avant c'était le festival qui s'adaptait au terrain, aujourd'hui c'est le contraire. La fête battra son plein pendant un bon bout de temps avec les concerts de "jeunes talents", comme COLOSSUS et surtout BREAKDUST, en guise de starter.

Nous partons directement sur le vendredi midi avec une ambiance glauque, quasi malsaine, s'échappant lourdement de la Valley. Rien de tel que CONAN pour débuter ces 3 jours hallucinatoires. Le soleil brille à l'extérieur mais sous le chapiteau les ténèbres sont bel et bien présentes. Le bourdonnement grave allié aux hurlements de détresses du bassiste et ceux du guitariste, tous deux de capuche vêtue, formalisent idéalement une musique introvertie, lente et compacte. Une noirceur qui pose les jalons des prochains événements dans cette zone classée doom-rock-stoner.

Altar Stage © Stéphane RIP
 


Après avoir croisé Bob l'éponge avec son plus beau sourire et Jésus plein d'allégresse, une intro triomphante sous le chapiteau XXL, où se trouve la scène Altar, indique la venue d'une démonstration technico-guttural hors norme à la sauce française. KRONOS ne badine pas une microseconde et enchaîne les morceaux tous aussi rapides qu’intenses. Un maximum de personnes pour les écouter prêcher la bonne parole growl, à consommer sans modération… mais attention au torticolis le festival ne fait que commencer.

La suite en face avec IMPIETY. Pour résumer c'est evil, c'est pied au plancher, et surtout c’est très cru. Sur un bon standing (light show, gros 666 kitch plongeant sur la scène, etc), les Norvégiens nous expulsent violemment un black plutôt linéaire mais le trio infernal ne fait pas de concession. Première formation de ce noble style accepté, mention bien.

On ne va pas être original en disant que le groupe suivant est en face et pourtant, retour vers l’Altar. BLOCKHEADS est du genre à : 1) ne pas faire dans la dentelle 2) rien ne doit pas être raté.
Dans une veine autant musicale que revendicative, à l’image de leur papa d'outre-manche, NAPALM DEATH, maniant à la perfection ces deux armes, les Français mettront un degré supplémentaire au thermostat de l'ambiance en galvanisant une plus grande partie du public que ses prédécesseurs avec ce grindcore jouissif flirtant excessivement avec le death.
Morceau dédicacé à leur producteur, l’illustre Stéphane Buriez, qui doit d’ailleurs bientôt pointer le bout de sa guitare (prochain groupe sur cette même scène) et à bon nombre de nobles causes. Ces excités nous prouvent que le territoire hexagonal à de belles cartouches en stock et que le Hellfest a fait une nouvelle fois un choix de qualité dans sa programmation.

BLOCKHEADS © Fred Moocher
 


Après la fureur à la mode de chez nous, place aux émanations thrash à la mode old school façon TOXIC HOLOCAUST en Mainstage floqué 1.
Enfin un concert en plein air, mais nous sommes donc exposés aux éléments : la chaleur est pesante et la poussière irritante, cela n'arrête pas tout le monde vu l'agitation qui règne dans le pit. Riffs acérés sortant de la flying V blanche de Joel Grind, son débit vocal est aussi infaillible, de quoi sustenter en bloc les fans du genre qui doivent avoir le tournis. Ce n’est pas tout, demande express d'un circle-pit... qu'à cela ne tienne, la machine à laver se met en route rendant l'atmosphère encore plus opaque, il est préférable de ne pas être allergique sinon, la journée va être un enfer.

Le mercure va encore se prendre une claque dans quelques instants avec l'incontournable LOUDBLAST dont les fans scandent déjà le nom. Arrivée triomphante de nos héros nationaux, le respect est palpable dans l'ensemble de la tente qui, pour l'occasion, est archi pleine.
Pour son retour en terre du muscat, le french quatuor a une grosse actualité avec une tournée et surtout un nouvel album "Burial Ground", aperçu avec "The Abstract God", on reste dans la création récente avec "Emptiness Crushes My Soul", les plus anciens sont aussi de la partie comme l'impressionnant "The Horror Within" et le classique érotico-métal "Cross The Threshold". 45 minutes de pures mélodies et de double-bass véloces avec un leader d'humeur généreuse et incitateur au foutoir. Autre chose, le son est nickel, le petit plus à la fin avec la photo devant une foule heureuse pour immortaliser ce moment justement mémorable.

LOUDBLAST © Fred Moocher
 


Dans un registre un cran plus acharné, DESTRÖYER 666 défendra dans la foulée son black-death massif, dont l'intérêt s'étiolera très très vite, le décollage prévu n’aura pas lieu. C'est peut être l'occasion de faire une pause en profitant du site et d'aller, par exemple, faire de la grande roue ? Ou tout simplement aller mosher sur M.O.D. en Mainstage histoire de ne pas perdre le rythme (il est possible de combiner les deux).

Presque 17h00, le Hellfest a fière allure avec toute cette populace, c'est aussi l'heure du power trio THERAPY? et donc l'occasion pour beaucoup de déterrer ses émotions d'adolescent. Avec le premier morceau "Knives", il est clair que nous n’allons pas attendre 107 ans pour avoir du bon vieux hit. "Screamager" juste après permettra de se rappeler que les Irlandais fêtent cette année les 20 ans de leur album phare "Troublegum". Par la suite "Die Laughing", la reprise "Isolation" sans oublier les autres albums avec "Teethgrinder" ou "Misery". Le public plutôt calme se laisse presque bercer par ce revival 90’s qui est le bienvenu.

HAIL OF BULLETS © Stéphane RIP
 


Après ce court répit auditif, il est temps de repasser à quelques chose de plus lourd avec l'artillerie HAIL OF BULLETS. La session headbanging est en pleine marée haute, thrash-death dans les règles de l'art, voix d'outre-tombe, double qui bombarde sec et une influence martiale qui caractérise le super-combo hollandais. L'auditoire semblera rondement convaincu par ce deuxième assaut (le précédent fut en 2011), depuis que Clisson est un lieu de pèlerinage.

IMPALED NAZARENE, voilà un autre groupe qui signe pour la seconde fois et suscitant la curiosité. Dans les sirènes de guerre du précédant show, il suffira de tourner la tête légèrement vers la droite et patienter un peu. Pour entamer le set, un morceau du dernier album encore tout chaud "Flaming Sword Of Satan", puis "King Reborn". Musique haute en méchanceté, la basse graveleuse de Mikael Arnkil accompagne le chant salace du fameux Mikka Luttinen dont certains cris déchireront l'atmosphère déjà bien sous pression (et pas qu’en houblon), les lumières sont effectivement impressionnantes c'est une certitude, mais elles ne se marient pas forcément toujours correctement avec le style ici pratiqué (des carrés turquoise par exemple). Peu importe le blast dévastateur de "Cogito Ergo Sum" va nous remettre les idées en place. Pas de fioritures, pas de débordement, les Finlandais faisant dans l'efficacité. Un peu moins énervés qu’en 2008 mais convaincants.

Autre reformation incongrue mais de bon augure : pour plus de renseignement se diriger vers la Temple direction NOCTURNUS AD. Les formations dont le batteur tient aussi le poste du chant sont plutôt rarissimes, c'est le cas ici. Exercice difficile mais réussi avec brio. Les morceaux sont techniques et les nappes de claviers donnent encore plus de richesse à ces derniers déjà très volumineux. La prestation est assurément statique mais les fans présents ne vont pas s'arrêter à ce détail, la dimension parfois épique, parfois science-fiction de ce death ne laisse pas le temps de s'ennuyer.

C'est en grande pompe et dans les tons rouge et noir que se présenteront à nous TURISAS. Accent festif, refrains très chantant taillés pour claper des mains en farandole s’il vous plait. Les mélodies très accrocheuses provoqueront un effet sur le public, le succès sera immédiat. Le violon donnera de la beauté et de la profondeur, le clavier une ampleur guerrière, la tente foisonne de braves vacanciers de l’extrême qui ne demandent qu'à profiter dignement du show, alors festoyons, que la bière coule à flot.

A 21h00, pendant qu'une page de l'histoire du festival s'écrit de la main d'Eddie en scribe avec l'ultime tête d'affiche, l'inespéré IRON MAIDEN, un autre groupe fait parler de lui presque à huit clos à la Warzone : PRO-PAIN. Le show a du répondant, le coriace Gary Meskil mène brutalement la danse. Le public est ici connaisseur et certains s'en donnent à cœur joie. "Foul Taste Of Freedom", "State Of Mind"... de nombreux fans se remuent, que du bon et une acclamation finale largement méritée.

Décidément il s'en passe des choses pendant que les "gros" se produisent, peut-être qu'ils occupent la majorité de la place et monopolisent une bonne partie des metalheads, mais pas tous. WATAIN en est une preuve supplémentaire. Ces derniers profiteront du crépuscule plus qu'avancé et donc d’un light show accru les mettant indubitablement en valeur. Pour l'événement, la Temple stage est bien décorée, les 2 tricornes s'enflamment, les disciples de Satan peuvent déchaîner les enfers. corpse-paint sale de rigueur, effets pyrotechniques (sans trop de démesure non plus), intensité impériale des Suédois qui règneront en seigneur pendant leur temps imparti.
Pas de seau de sang dans les premiers rangs, pas d'odeur de putréfaction nauséabondes mais un vrai black metal dérangeant auditivement et visuellement parlant, toujours sans en faire de trop. "Stellavore" vraiment bon. WATAIN est une valeur sûre.

DEATH DTA © Stéphane RIP
 


C’est avec espoir mais crainte que je me rends à l’Altar pour DEATH TO ALL, nom de code pour désigner le tribute du culte DEATH comprenant d'anciens membres ayant participés à l’album "Humain", sauf Max Phelps occupant la place du "maître". Présenter ce combo constituerait un sacrilège et la démonstration s’annonce tout simplement comme une succession de grands morceaux. L'intro à la batterie ne trahit pas puisqu’il s’agit de "Flattening Of Emotions", ils profiteront d'un afflux épais de visiteurs suite à la fin du show des Lords anglais en Mainstage 1 (pendant que bon nombre resteront tout de même pour SLAYER sur la Mainstage 2). "Leprosy", "Left To Die", "Suicide Machine", le son n'est pas agréable car il grésille par intermittence, problème qui persistera malheureusement. Que dire sinon d’un tel hommage à part que la setlist est géniale, quelques samples vocaux en introduction marquent une différence avec les titres originaux, la voix est bonne… oui mais ce n'est pas celle Chuck Schuldiner? En gros, tous sont présents sauf lui, il manque cette âme que l'on connait tous.
Le soufflet va vite retomber, même avec la certitude que chacun des titres est de bon aloi, des compositions qui ont fait de ce style ce qu'il est aujourd'hui, ne seront pas suffisant pour éviter de s’effondrer d'émotios...

Minuit, c'est le moment pour l’outrageusement attendu ELECTRIC WIZARD, leurs apparitions sont rares, alors il faut se ruer à la Valley sans plus attendre. Telle une montée de psychotrope, les Anglais mettront en place progressivement "Supercoven", derrière eux une animation psychédélique projetée nous aide à plonger dans l’abysse mental de ce doom dramatiquement grave et élancé. Leur musique qui se veut aussi diabolique que perchée peut dérouter le profane, les titres sont longs, tout en crescendo, hypnotiques, répétitifs et foncièrement envoûtants. L'ensemble des têtes hochent successivement au bon vouloir des vagues de riffs et notamment pour "Dopethrone", une atmosphère sombre et presque mystique se dégagera du début jusqu’à la fin. Parfait pour calmer les esprits en cette fin de journée. Un son élevé et pour ceux qui ne les avaient jamais vus, un pas a été franchi dans la connaissance de soi.
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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