Une fois par an, c'est à la première personne que je m'exprime sur HARD FORCE, même si Blaise (Pascal, pas Bayley) a dit que le moi est haïssable. Normal, c'est mon Top albums de l'année écoulée...
GHOST : « Impera »
Pourtant happée dès les premiers accords par l'envoûtant "Call Me Little Sunshine", c'est fort marrie (on a cross) que j'ai bouclé la première écoute de ce cinquième verset pas vraiment satanique de GHOST. « Mais bordel, Tobias, tu vas me métaliser un peu tout ça, merde ??! » me suis-je emportée. Oui, il y en a qui tutoient Dieu, moi, c'est la tête pensante du groupe. A chacun ses idoles. Et puis le miracle s'est produit au fil des écoutes. Chansons ciselées (six compositeurs extérieurs sont entrés dans la boucle) dans une veine hard FM digne de la grande époque des Eighties, mais avec un son "so 2020's", mélodies et refrains énormes où les chœurs des Ghoulettes apportent une nouvelle dimension à la musique... « Impera » est imparable.
De "Spillways" au grandiose "Respite On The Spitalfields" qui clôture l'album, en passant par "Watcher In The Sky", "Darkness At The Heart Of My Love" ou "Griftwood", ce diable de Tobias Forge a réussi non seulement l'album quasi parfait ("Twenties", j'ai beau essayé, j'y arrive pas), mais il est également parvenu à me rabibocher – enfin, du moins pour « Impera » – avec un style qui me tapait sérieusement sur le système depuis 30 ans. Cela dit, pour la dose de metal dans le vin de messe, c'est toujours quand tu veux, Tobias...
PARKWAY DRIVE : « Darker Still »
Au fil des années, PARKWAY DRIVE a laissé derrière lui le pur deathcore/metalcore de ses débuts pour entamer un virage plus heavy. Mais sans renier ses racines non plus. Pas du genre à user jusqu'à la trame une formule qui leur a plutôt bien réussi, puisque les Australiens, toujours auto-managés depuis leurs débuts, ont gagné leurs galons de tête d'affiche, ils n'ont pas hésité à évoluer. A "prendre des risques" car qu'y a-t-il de pire qu'un fan frustré ? (Deux fans frustrés, elle était facile.)
A deux doigts de l'implosion après la période de confinement, les cinq hommes ont aplani leurs différends – ou du moins peut-on le supposer, dans la mesure où ils ont toujours mis un point d'honneur à garder secrète leur cuisine interne – et sont finalement revenus avec ce « Darker Still » qui apparaît comme l'album de la maturité. Gros riffs, gros refrains ("Ground Zero", "Like Napalm", "The Greatest Fear", le furieux "Soul Bleach" et sa vibe à la SLIPKNOT...), de quoi continuer à retourner la fosse et à lui mettre le feu. Sans oublier la sombre et très belle ballade "Darker Still". D'une certaine façon, PARKWAY pourrait bien avoir signé son « Black Album », même s'il est peu probable que Winston McCall et ses boys approchent jamais du statut de superstars de METALLICA. Mais ils se sont en tout cas hissés en première division à la force du poignet et des compos.
RAMMSTEIN : « Zeit »
J'ai beau lui préférer « Rammstein », son prédécesseur, moins froid et moins electro, « Zeit » n'en demeure pas moins estampillé "Deutsche Qualität". Comme toutes les productions des six hommes depuis presque 30 ans d'ailleurs. Tous les éléments qui ont façonné le son des Allemands, emmenés par les parties de claviers de l'inimitable Flake et la voix de Till Lindemann, sont là. Rythmiques martiales ("Angst", "OK"), jolie ballade ("Lügen"), morceaux qui remuent un peu les tripes ("Meine Tränen", "Schwarz"), humour et un certain sens de l'autodérision ("Zick Zack", "Dicke Titten" et son ambiance Fête de la bière, « Dis : camion », même s'il ne vaut ni "Pussy", ni "Ausländer")... Mais une certaine mélancolie sur le temps ("Zeit") qui passe, cet assassin, plane également sur cette huitième réalisation studio. Quant à "Adieu" qui la clotûre, on espère évidemment que le titre n'est pas prophétique... Ceux qui continuent à ne voir dans RAMMSTEIN que des concerts démesurés ont vraiment tout faux.
ALTER BRIDGE : « Pawns & Kings »
Enfin, après deux disques studio moins inspirés (mais même un ALTER BRIDGE moins en verve demeure quand même largement au-dessus de la mêlée), les Américains ont retrouvé la flamme avec « Pawns & Kings », ni plus ni moins que l'un des meilleurs albums de leur carrière. Remarquablement heavy, toujours emmené par la superbe voix immédiatement identifiable de Myles Kennedy et les riffs en acier trempé de Mark Tremonti, qui a définitivement gagné ses galons de chanteur (le plus commercial "Stay"), il enchaîne les chansons redoutablement efficaces ("This Is War", "Sin After Sin", "Silver Tongue", "Pawns And Kings"). Sans oublier l'épique "Fable Of The Silent Son". Un grand groupe et puis c'est tout.
SLIPKNOT : « The End, So Far »
Peu de temps avant la sortie de « The End, So Far », Corey Taylor déclarait dans une interview que quand un groupe veut défricher de nouveaux territoires musicaux, il doit entraîner ses fans avec lui, de gré ou de force. En soit, le minimaliste "Adderall" qui ouvre l'album donne le ton et prouve que les neuf de Des Moines, tout en se reposant évidemment sur leurs acquis et leur son ("The Chapeltown Rag", "Hive Mind", "Warranty"), n'hésitent pas à expérimenter (le "bluesy" – toutes proportions gardées, hein – "Acidic", "Finale")... Sans oublier "Medicine For The Dead", "De Sade", "Yen" ou "The Dying Song (Time To Sing)". Si vous attendiez désespérément un « Iowa 2 », c'est encore raté, mais si, comme moi, vous avez vraiment commencé à aimer le groupe à partir du schizophrénique « Vol. 3 (The Subliminal Verses) » (2004), né de la dualité entre STONE SOUR et le 'KNOT, vous avez de quoi être satisfaits. Même si le groupe n'a pas signé là l'album ultime.
FIVE FINGER DEATH PUNCH : « AfterLife »
Découvrir un nouvel album de FIVE FINGER DEATH PUNCH, c'est être en territoire connu. Savoir d'avance à quoi s'attendre puisqu'à peu de choses près, la bande à Zoltan Bathory propose toujours plus ou moins la même formule éprouvée qui a fait sa gloire aux USA. « AfterLife » sent la testostérone ("Roll Dem Bones"), il y a de gros riffs, un gros groove, de gros refrains ("Welcome To The Circus", "IOU", "Pick Up Behind You") et les traditionnelles jolies ballades ("Times Like These", "Thanks For Asking" et ses beaux passages acoustiques) pour prouver qu'un cœur bat aussi sous tous ces tatouages. C'est direct, ça passe tout seul et même si les textes d'Ivan Moody sont toujours clichesques à en crever, on ne va pas s'arrêter à ce genre de détails. Parce que – heureusement – on n'est pas toujours obligé d'analyser la musique, surtout quand elle est aussi efficace, et les lyrics pour les apprécier.
DISCONNECTED : « We Are Disconnected »
Un pas de géant (de colosse blanc ?) pour DISCONNECTED. Quatre ans après « White Colossus », sa carte de visite, le groupe de modern-metal a frappé un grand coup. Du qualitatif plutôt que du quantitatif, avec huit chansons seulement mais rien à jeter. Très varié mais toujours cohérent (l'agressif "King Of The World", le djent "Primal Rage"), mélodique (la ballade "Your Way To Kill", "I Fall Again", les touches prog de "A World Of Futile Pains"), « We Are Disconnected » est un véritable barrage de riffs, de percussions et de virtuosité, emmené par un chant totalement maîtrisé, que ça soit en voix claire ou growlée. Un sans-faute pour le quintet français, redoutable sur scène, qui peut se targuer d'avoir gagné une envergure européenne.
KORN : « Requiem »
Fer de lance de ce qui a été surnommé "nu-metal" au siècle dernier, KORN a traversé les décennies en réussissant à évoluer tout en restant toujours fidèle à son inimitable son, pendant que ses imitateurs et disciples finissaient sur le bas-côté. Moins étouffant que « The Nothing » (2019), enregistré après que Jonathan Davis, au fond du grouffre, a perdu à six mois d'intervalle sa mère, puis son ex-épouse, ce 14e album studio aperçoit une (petite) lumière au bout du tunnel. Bon, ça reste quand même du KORN, donc tout est relatif, mais pour la première fois dans l'histoire des Californiens, il est question d'espoir. Plus nuancé que ses prédécesseurs, quoique toujours sombre, « Requiem » (pour un Ko(r)n ?), également le plus court de leur discographie, allie à la fois la lourdeur des riffs ("Start The Healing", "Forgotten", "Worst Is On Its Way") et le groove qui sont leur signature avec la magnifique voix du chanteur, entre agression et fragilité ("Let The Dark Do The Rest", "Lost In The Grandeur"). Souvent imités, jamais égalés !
THE HALO EFFECT : « Days Of The Lost »
Nouveau venu originaire de Göteborg, THE HALO EFFECT a fait une entrée remarquée avec « Days Of The Lost » qui s'est directement classé en tête des charts suédois. Composé d'ex-musiciens d'IN FLAMES, le groupe de death mélodique a signé une carte de visite sans le moindre temps mort ni titre de remplissage. Dans la veine du melodeath des années 90-2000 mais sans être passéiste, leur style est à la fois intense et mélodique ("Shadowminds", "Conditional", "Days Of The Lost"). Et quand Mikael Stanne, qui joue également avec DARK TRANQUILLITY, chante en voix claire sur le refrain de "In Broken Trust" et de "A Truth Worth Dying For", les chansons prennent une autre dimension.
Ozzy Osbourne : « Patient Number 9 »
Après un « Ordinary Man » aux airs d'abus de faiblesse de la part du producteur Andrew Watt, puisqu'il jouait toutes les parties de guitare, Ozzy semble s'être repris. Car si Watt est toujours présent, le fidèle et indispensable Zakk Wylde est enfin de retour. Sur 4 titres seulement, mais ça lui suffit pour rappeler tout le bien que l'on pense de lui. Pour sa 13e aventure en solo, le Madman, toujours en voix faute d'être en forme, a convié une impressionnante brochette de guitaristes : Tony Iommi ("Degradation Rules", "No Escape From Now"), Jeff Beck ("Patient Number 9", "Thousand Shades") et Eric Clapton ("One Of Those Days"). Et ce ne sont pas les seuls invités prestigieux d'un album dont les chansons oscillent entre son glorieux passé avec BLACK SABBATH, sa période plus commerciale des années 80 ("Dead And Gone", "Immortal") et une version plus intéressante de son précédent album. Le chant du cygne (noir) ?
Sans oublier...
Smith/Kotzen : « Better Days... And Nights »
Quatre nouveaux titres studio + cinq du premier album éponyme en live : Adrian Smith et Richie Kotzen, deux fines gâchettes aux voix aussi superbes que complémentaires, prouvent qu'en studio comme en concert, ils ont vraiment la classe et que leur collaboration n'était pas fortuite. La suite, vite !
THE DEAD DAISIES : « Radiance »
Du classic hard rock teinté 70's, quoiqu'actuel, de haut vol emmené par Glenn Hughes. Second album avec The Voice Of Rock au micro et véritable œuvre collective, contrairement à son prédécesseur.
MEGADETH : « The Sick, The Dying... And The Dead! »
Le taulier a les crocs et la rage. Sans doute faute de pouvoir marcher dans les traces de qui-vous-savez en termes de notoriété, Mustaine & Cie sont revenus avec un album hargneux et vindicatif, speed, thrash et technique. Méchant.
LAMB OF GOD : « Omens »
Toujours aussi affûté, LOG propose comme à son habitude un groove metal bien compact. Les Américains n'ont certes pas "réinventé l'acier", pour reprendre le titre de l'ultime album studio de PANTERA, mais ils sont toujours aussi convaincants dans leur rôle de brise-nuques.
Hiroyuki Sawano : « Attack On Titan - Original Soundtrack »
Voilà deux ans que la bande originale de l'anime L'Attaque des Titans, chef-d'œuvre absolu d'Hajime Isayama, tourne sur ma platine. Alors tant pis si elle est sortie en 2013 : je tenais à ce qu'elle soit présente dans mon top vu que, comme le dit un certain Dr. K., on n'a qu'une vie. Et puis "fuck the rules" aussi, ainsi que le chantait au siècle dernier un groupe new-yorkais récemment reformé !