KVELERTAK prend possession de la scène trop tôt pour que je puisse en parler. C'est donc avec ANTHRAX que débute ma soirée. Le groupe nous offre un best of d'une dizaine de titres agrémenté de reprises, dont l'incontournable “Antisocial” qui mettra le Zénith en feu et prend le temps de rendre hommage à Ronnie James Dio et Dimebag Darrell en affichant leurs portraits sur scène. Un concert un peu rapide mais qui peut servir de mise en bouche avant les festivals de l'été...
Un de mes amis, croisé avant le concert, m'a dit : « Certains vont à la messe, nous, on va voir SLAYER. » La comparaison peut paraître osée, elle est pourtant assez juste. Il y a une dévotion presque religieuse de la part des fans de tout âge qui sont à présent rassemblés dans un Zénith malheureusement pas au maximum de ses capacités pour la cérémonie bien particulière de ce soir. SLAYER fait partie de ces groupes qui peuvent se vanter d'avoir traversé les époques et les modes toujours suivis par leurs fervents disciples, parfois accompagnés par leurs enfants à présent !
Le rituel est immuable. Quand les lumières s'éteignent, la clameur monte de la foule en transe. Quand l'immense rideau qui dissimule la scène tombe, la folie s'empare des fidèles. Même le décor de la scène évoque un édifice religieux, orné de peintures murales et d'immenses croix. OK, celles de SLAYER sont à l'envers, mais vous voyez l'idée, non ? Je vous concède aussi que le sermon du jour provoquerait sans doute une attaque à tout membre du clergé... Mais il ne devait pas y en avoir beaucoup de l'assistance de toute façon. “Repentless”, “Post Mortem”, “Hate Worldwide”, “God Send Death”. SLAYER a tout faux… Ou tout bon. Question de point de vue.
En bon maître de cérémonie, Tom Araya, Pape du metal, mène la barque. Il est nettement plus en voix que lors du dernier passage du groupe à Paris. Il prend le temps de parler un peu au public, d'annoncer les titres, avant de reprendre ses hurlements de dément. Quant à Kerry King, si je n'avais pas eu l'occasion de le rencontrer, je pourrais penser que c'est une machine tant son jeu est implacable, son jeu de scène presque mécanique et sa performance efficace. Son visage est figé comme un masque mortuaire. Le retour de Paul Bostaph derrière les fûts nous avait fait espérer un ou deux titres de l'album « Divine Intervention »… Peine perdue. Pas d'intervention divine donc, mais les indispensables “War Ensemble”, “Mandatory Suicide”, “Chemical Warfare” ou “Die By The Sword”.
Sur la scène, qui semble tantôt être en feu, tantôt être plongée dans une brume glacée tant le light-show est magnifique, il n'y a aucun temps mort. Si Gary Holt ne peut faire oublier Jeff Hanneman, il assure tout de même sa part à l'aise et semble être vraiment complémentaire de Kerry King. Contrairement aux dernières dates à Paris ou au HellFest, aucune banderole ne vient saluer la mémoire du précédent guitariste. Une façon pour le groupe d'avancer ? Peut-être... Mais il suffira de tendre l'oreille à la sortie de l'office pour se rendre compte qu'il n'est pas oublié des fans qui l'ont pratiquement élevé au rang de divinité.
Il faut profiter de la soirée. King l'a évoqué lors d'une interview, le groupe ne pourra pas continuer à se produire de cette façon éternellement. Encore quelques cantiques repris en chœur par les fidèles : “ Seasons In The Abyss”, “ Hell Awaits”, “ Dead Skin Mask”, “ South Of Heaven”, puis le règne de SLAYER sur le Zénith prend fin dans le sang, avec l'arrivée de l'ange de la mort. La messe est dite, SLAYER est un Dieu. Amen.
Pardonnez-moi mon père parce que j'ai péché. Je suis allé voir SLAYER, et j'ai pris mon pied !
Photos © 2015 Hard Force / Christian Ballard - Zurich (Komplex 457)
