Certains groupes, éternellement voués à évoluer loin des stars de leur genre musical, nous touchent particulièrement sans que l'on sache réellement pourquoi. Tel est le cas de MASTER pour moi, découvert en 1993 avec « Collection Of Souls ». Depuis lors, je garde une affection toute particulière pour ce trio, tout en ayant bien conscience que, malgré son statut de pionnier du death US, il n'est pas un incontournable. Sorte de dinosaure inébranlable, le groupe de l'infatigable chanteur/bassiste Paul Speckmann surgit à intervalle à peu près régulier avec un nouvel album... qui ressemble furieusement au précédent. Le membre fondateur a quitté son Chicago natal pour la République Tchèque et s'est entouré d'un guitariste et d'un batteur de ce pays... sans que les compositions n'évoluent réellement.
Avec « An Epiphany Of Hate », son treizième CD à la pochette délicieusement horrifique, MASTER, en bon AC/DC du death old-school, récite sa partition sans fioritures. Batterie sèche, vocaux vomis comme le veut la tradition et riffs efficaces s'associent en une formule gagnante (l'excellent “An Epiphany Of Hate") qui jette parfois un rapide coup d’œil au punk (les paroles, certains rythmes) ou au thrash ("Just Take My Right Arm"). Tempi enlevés, pauses rares, hop, un petit solo par ci, par là (comme sur l'incisif "Just Be Yourself") et les dix titres s'enchaînent comme à la parade pour former un ensemble cohérent – monotone pour les réfractaires au genre. Les fans, eux, seront ravis : dans notre monde, certaines choses ne changent pas, MASTER en fait partie... et c'est très bien ainsi !