8 mars 2016, 13:46

INGLORIOUS

"Inglorious"

Blogger 2857
par alexisnico@hotmail.com
Album : Inglorious

« The future of rock and roll. »

C’est en ces termes forts élogieux que l’animateur de radio  britannique Paul Anthony qualifie INGLORIOUS, nouveau groupe monté autour de Nathan James, chanteur de son état qui a fait ses armes au sein du groupe d’Uli Jon Roth (ex-SCORPIONS) et du TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA de Jon Oliva. On en salive donc d’avance, d’autant qu’un rapide coup d’œil à la biographie du groupe nous permet de constater  que ce dernier a de sacrées influences qui s’avèrent être particulièrement présentes sur le disque… Diantre ! Difficile en effet de ne pas faire le rapprochement avec un Pourpre beaucoup plus profond que lui dès l’entame du titre d’ouverture de cet album, “Until I Die”, choisi, comme un fait exprès, comme premier single pour se faire les dents. Longue intro toute en montée, avec claviers typiques sortis tout droit des seventies avant un riff zeppelinien, pourpré et serpenté de blanc. Quelle fière allure il a notre lapin de garenne ! Le refrain est imparable, le pont tout en finesse avec sa voix lointaine qu’on dirait presqu’entendre Chris Cornell en pleine copulation avec David Coverdale. Du tout bon, donc.

A ce stade, on se dit qu’on va passer un super moment, surtout quand arrive la plage suivante, "Breakaway", plus rapide et nerveuse que la première. On en jubile presque jusqu’à ce que l’on sente qu’il se passe quelque chose dans le coin de notre étrier gauche. Un p’tit goût de déjà entendu… Un vieux sentiment d’avoir déjà fait le tour du truc dès le deuxième titre. L’impression en est confirmée à l’entame du troisième. Mais pourquoi donc ? Comment mon lapin de garenne arrive-t-il à se transformer ainsi en vieil acteur moustachu des pornos seventies sur le retour ? En fait, le  défaut principal de ce groupe se trouve dans l’indigestion de ses influences pourtant on ne peut plus flatteuses. Bah oui, quoi ! LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE, WHITESNAKE ou SCORPIONS, y a pire comme références, mais c’est bien là que le bât blesse. Pourtant, c’est très bien exécuté, très bien joué, fort bien produit, très bien… chanté. Mais tout est dit au bout de trois titres. Tout ceci sonne parfaitement, comme sorti d’une école primaire où chacun aurait bien appris ses leçons et les réciterait à Madame Michelet, institutrice de son état, avec un sourire mièvre et une pomme en guise de fayotterie ultime.

Voilà, c’est ça ! On a affaire à des jeunes qui s’essayent à la musique de vieux mais qui opèrent sans magie, en ayant zappé l’essentiel : la personnalité. Alors bien sûr, ça va passer, parfois même très bien comme sur ce "Holy Water" un rien bluesy qui fait du bien par où il passe, avec son petit solo gorgé de feeling et cette petite accélération bien sentie. Mais parfois, les ficelles sont si grosses que ça en devient presque des gros câbles de ferrailleurs aux mains calleuses. A ce titre, "Warning" en est le parfait exemple : une intro genre gros blues avant un riff mémorable (!) calqué sur le "All Night Long" de SCORPIONS. C’est hélas souvent le cas sur ce disque quand le groupe ne s’auto-cite pas lui-même, comme sur "Girl Got Gun" qui renvoie directement à la même recette qu'"Until I Die". Dommage… D’autant que le groupe est capable de jolies surprises comme ce "You’re Mine", "1987" – bien dans l’esprit avec un super riff lui aussi fortement influencé mais par Billy Sheehan ce coup-ci (écoutez donc "Chameleon" paru sur « Compression » en 2001).

Accrocheur malgré tout avec un refrain tout ce qu’il y a de plus sympathique cependant que l’autre souci de ce disque nous saute aux oreilles une fois de plus. Le sieur James est un très bon vocaliste, cela ne fait aucun doute mais on aurait souhaité qu’il module un peu plus sa voix par moment car il est en surenchère vocale quasi permanente, ce qui peut à la longue se traduire par une envie très sérieuse et pour le coup non soudaine de lui ferrailler la bouche. Quelqu’un lui a-t-il déjà dit que c’était trop et que tout le monde n’avait pas la grâce de Jeff Buckley, la profondeur de David Coverdale, la virtuosité d’un Jeff Scott Soto ou l’humilité d’un batteur ? Car voici venir le vrai deuxième problème de ce disque et pas des moindres : le chanteur. On le sens capable de tellement de belles choses que l’on se dit qu’on a affaire à une sorte de gâchis suraigu, tout dans le « à fond, à fond » et qui finit dans le gravier, à l’instar de Jean Alesi dans les Guignols (je parle pour les plus de 20 ans).

Alors quand vient le temps de la ballade acoustique obligatoire, "Wake", on en frémit d’avance. Et pourtant, force est de constater que l’exercice n’est pas aussi intenable que l’on pouvait le craindre, si on omet bien sûr de faire la comparaison avec le "Angie" des STONES par exemple, mais il y en a d’autres, et si on n’a pas envie de tordre le coup à ce chanteur qui ne s’en tire pas si mal avec une balle dans l’pied et cette voix omni-pesante. Il faudra donc attendre le dernier titre pour enfin prendre le pied qu’il reste sans balle, le mettre à notre cou et enfin ne pas bouder notre plaisir d’entendre un vrai bon titre de classic hard-rock (tiens, des chœurs !) et un solo de guitare digne de ce nom car il manque ça aussi sur cet album : le solo qui tue !

Au final, on dispose d’un album bancal que l’on aurait souhaité plus joyeux dans l’esprit, avec une vraie personnalité vocale et musicale quand on se retrouve avec une musique qui, je le répète, est très bien jouée par de fort bons musiciens et un chanteur aux possibilités énormes mais qui gagnerait en cohésion et en unité si les influences étaient enfin intégrées et digérées. On aurait davantage apprécié si cela nous avait été présenté comme un bon moment de plaisir, de détente, de rock'n'roll et non comme LA révolution mais là… Le futur est plus-que-passé en conditionnelle. Et dire que j’ai raté ça en ouverture des WINERY DOGS récemment. Qu’en aurais-je pensé sur scène ? Mystère...

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