Ah, si les arbres pouvaient parler, si le temps pouvait suspendre sa marche silencieuse, si les utopies pouvaient prendre vie ! IF THESE TREES COULD TALK, c'est un peu de tout cela à la fois : une invitation au voyage par la pensée sur le frêle esquif du son le long d'un océan de notes post-rock puissantes et harmonieuses. Le genre de truc qu'on écoute la joue collée à la vitre du train et le regard perdu dans la grisaille de la ville ("Berlin"), allongé sur l'herbe à imaginer des formes aux nuages poussés par le vent ("One Sky Above Us") ou dans une station orbitale à scruter l'immensité des galaxies ("Earth Crawling"). Un de ces moments de plénitude absolue dans la contemplation où l'être se dissout l'espace d'un instant, où le temps semble suspendre son cours. Dépaysement garanti !
Avec leur troisième album, le groupe américain de l'Ohio poursuit sa voie sans voix justement, dans des instrumentaux magnifiques qui jouent constamment sur les contrastes entre moments calmes et orages rythmiques ("Iron Glacier"), entre rêve et réalité ("The Giving Tree"), entre effets clairs et saturés, fort de ses trois guitaristes qui entremêlent savamment leurs partitions dans des kaléidoscopes de notes d'une éblouissante créativité.
Plus metal que la majorité des formations qui gravitent dans la même sphère comme THIS WILL DESTROY YOU, EXPLOSIONS IN THE SKY ou les Irlandais GOD IS AN ASTRONAUT, IF THESE TREES COULD TALK ne s'explique pas avec de vains mots. Il laisse toujours à l'auditeur le libre choix de son interprétation pour chacun de ses titres, redonnant ainsi le véritable sens de la musique comme vecteur universel d'émotions.
C'est sans doute cela qui rend IF THESE TREES COULD TALK et le post-rock instrumental dans son ensemble si unique.
