2 octobre 2016, 12:03

DESTRUCTION

+ FLOTSAM & JETSAM + ENFORCER + NERVOSA @ Paris (La Maroquinerie)

Si cette date s’est vue déplacée de La Machine à La Maroquinerie, c’est pour d’évidentes raisons de places vendues. Et c’est bien dommage et surprenant au vu d’un plateau comme celui-là. Car mis à part les grosses locomotives comme SLAYER ou MEGADETH et la présence d’une tripotée de seconds couteaux (certes bien affûtés) au HellFest, il est rare d’avoir une aussi belle affiche en nos contrées (j’ai dit rare, pas inexistant). Et je peux vous assurer que les absents ce soir-là ont vraiment eu tort.

En dépit d’un démarrage à la bourre (la salle a ouvert ses portes une heure après celle indiquée au départ), c’est pied au plancher – nous pourrions même dire talons du fait du caractère féminin du groupe – que les Brésiliennes de NERVOSA attaquent leur set alors que pas mal de spectateurs sont encore dans la rue. Lorsque je pénètre dans la salle, elles sont en pleine bourre et d’emblée, je me fais la remarque que ça avoine sec sur scène. Le son est très bon je trouve (ce qui ne sera pas le cas pour tous) et le public réceptif et communicatif. Les demoiselles sont heureuses d’en découdre à Paris et ça se voit. Une prestation courte certes mais menée tambour battant par des musiciennes talentueuses (la guitariste Prika Amaral fait des merveilles en solo) et lors de laquelle on notera un "Intolerance Means War", tiré de leur dernier album « Agony », comme point d’orgue.

Changement de plateau ultra-rapide (15 mn à peine entre la dernière note de NERVOSA et le premier accord des Suédois) pour accueillir ENFORCER. La formation heavy old school bénéficie d’un capital sympathie indéniable et grandissant un peu partout. En tout cas, tous leurs albums m’ont mis une gifle bienvenue et j’attendais de pied ferme de les voir en live. Un ami m’avait cependant dit, car les ayant vus lors de leur précédente venue dans la capitale, qu’il avait été déçu de leur prestation. Et malgré moi, je dois me ranger à son avis. Attention, c’est sympathique comme tout à écouter et à voir mais si les compos fonctionnent sur disque, peu de ce que j’ai entendu m’a fait grand effet dans la salle. Pourtant, le groupe a décoché des titres efficaces ("Destroyer", "From Beyond" ou le tryptique final composé de "Mesmerized By Fire", "Take Me Out Of This Nightmare" et "Midnight Vice") mais là où un STEEL PANTHER parodie à outrance et le revendique, ENFORCER se prend trop au sérieux et, du coup, tape à côté. C’est too much, trop m’as-tu vu, pas (foncièrement) sincère et trop calculé. Si on ajoute à cela un son dé-gueu-lasse, trop fort, mal mixé, on achève la bête. Et c’est presque avec soulagement que je vois le groupe finir son temps de jeu, fort long au demeurant vu leur position sur l’affiche.  Next please !



La venue des Américains FLOTSAM & JETSAM est rare et il était inconcevable de les louper. Et c’est sur leur seul nom que je me suis porté volontaire pour assister à ce concert. Munie d’un nouvel album éponyme en béton armé, la bande d’Eric Knutson et Michael Gilbert (les deux "anciens") va en à peine 30 minutes démontrer que c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Et de soupe, il n’en a été point question pourtant. Du metal thrashisant à l’ancienne et exécuté par de fines lames, le tout avec un son très correct et où l’on distinguait facilement les parties de guitares et soli. Le contraire aurait été gâché. La set-list a mis à l’honneur le nouvel album avec trois titres joués (l’introductif "Seventh Seal" ainsi que "Life Is A Mess" et "Monkey Wrench") au côté de classiques tels que "Hammerhead" et une évidente clôture sur "No Place For Disgrace". La production avait prévenu en amont qu’il faudrait raboter pour respecter le couvre-feu et bien que je n’ai pas vu la set-list prévue, il semble que FLOTSAM & JETSAM en a fait les frais au grand dam de ses défenseurs, moi le premier. Quand vous voulez pour revenir en tête d’affiche, les gars !



Si les changements de plateau ont été effectués jusqu’ici plus vite qu’une halte aux stands lors d’une course de Formule 1, pour mettre en place la scène que va occuper la tête d’affiche de ce soir, il nous en coûtera une longue attente. Pourtant, le public va être comblé au-delà de ses espérances. Eric Knutson, chanteur de FLOTSAM & JETSAM, nous avais d’ailleurs mis en garde en nous demandant lors de son set si nous étions prêts pour DESTRUCTION. A l’affirmative, il rajouta qu’en fait, on ne se doutait pas de ce qui nous attendait. Tout juste Auguste ! Et c’est après l’intro instrumentale similaire à l’album que la division teutonne menée par le Commandant Schmier foule la scène au son de "Under Attack", titre de l’album du même nom récemment sorti. L’imposant leader du trio fait figure de colosse aux côtés de son frêle mais fidèle aide de camp-guitariste, Mike Sifringer. Va s’ensuivre un savant laminage en règle de l’audience présente, aidé en cela par un son efficace et bien dosé (il faudra deux titres pour que ce soit optimum) mais surtout par une mise en lumière tout simplement époustouflante.



Rampes automatisées, stroboscopes, projecteurs situés au devant et en pied, le tout sur une scène flanquée du backdrop-logo et de deux toiles cachant les amplis, DESTRUCTION sort sur cette tournée le grand jeu et nous en met plein les yeux et les oreilles. A cet instant, je me dis que si le groupe évoluait sur une scène comme le Zénith, il n’aurait rien à envier à ses célèbres pairs américains du Big 4 et que, justement, ces derniers auraient même raison de s’inquiéter. La liste des titres joués est apocalyptique et elle s’équilibrera entre nouveaux morceaux ("Under Attack", "Dethroned", "Pathogenic", "Second To None") et classiques destructeurs ("Nailed To The Cross", "The Butcher Strikes Back", un "Thrash Attack" bienvenu, "Thrash Till Death", entre autres, et un final en forme de balle entre les yeux, "Bestial Invasion"). Couvre-feu oblige – il est 23h30 et la fin était initialement prévue à 22h30 – le groupe écartera un titre de la liste ("Eternal Ban"). Veni, vidi, vici. L’adage est ici parfaitement employé et le public ressort de la salle sur les rotules (pétées) et les côtes pleines de bleues car bien que pleine aux trois quarts seulement, la fosse s’en est donnée à cœur joie lorsqu’on l’a incitée à entamer des mosh-pits).

Au final, près de 3 heures de thrash et une soirée réussie avec des groupes heureux d’être là et donnant tout ce qu’ils ont (oui, même ENFORCER… bande de mauvaises langues) et ce, en dépit d’une tournée particulièrement intense avec très peu de jours off et des trajets colossaux (la veille de Paris, les quatre étaient en concert en Espagne). Pour conclure, je voudrais évoquer le gros point noir de cette soirée, à savoir la sécurité en devant de scène. Je ne sais pas qui a engagé ces deux abrutis (le mot est faible) car, même si l’espace entre la crash-barrière et la scène était assez exiguë, il était tout de même possible de slammer et d’être reçu sans encombre. Au lieu de cela, les deux imbéciles repoussaient les slammers violemment, précipitant leur chute en arrière, le public les propulsant vers l’avant car ne s’attendant pas à les voir revenir. Il était clair pendant la soirée que ces deux personnes n’étaient pas à leur place au vu de la tête qu’ils faisaient en regardant les groupes. Seule satisfaction pour votre serviteur, en voir un des deux lutter pendant le set de DESTRUCTION. Bien fait ! Alors Messieurs-dames de la production, il serait bon d’éviter ce genre de personnes en devant de scène à l’avenir et d’employer de vrais professionnels, et surtout aguerris aux concerts metal. Merci d’avance.


Photos © Ludovic Fabre / HARD FORCE (Toulouse - Le Metronum 24-09-2016)

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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