19 octobre 2016, 7:31

PEARL JAM

"Vs." - 1993 (Epic/Sony)


Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

PEARL JAM est entré dans l’Histoire du Rock par la grande porte, en lui mettant un grand coup de latte en 1991 avec l’album « Ten ». On ne va pas revenir sur le succès que ce disque rencontra – phénoménal – pour s’attarder sur son successeur, « Vs. » paru le 19 octobre 1993. C’est toujours un exercice périlleux que de faire une suite à un premier album qui a cartonné autant que le leur. Suit-on la même voix ? Change-t-on de direction ? Quelle recette appliquer ? Autant de questions qui ont dû surgir dans la tête des membres du groupe au moment de s’atteler à la composition des titres de « Vs. ».

Accompagné par un nouveau batteur en la personne de Dave Abbruzzeese et de Brendan O’Brien pour la première fois à la production, les 6 camarades s’embarquent pour le studio The Site situé à Nicasio en Californie. Lieu paradisiaque pour tout un chacun, cet endroit se révèle être un enfer pour Eddie Vedder, chanteur du groupe, qui déclare ne pouvoir enregistrer un album de rock dans un tel endroit. Il en résulte pour lui d’aller dormir dans sa camionnette ou dans le sauna du studio afin d’être dans la situation la plus inconfortable possible et donc le bon esprit selon lui.
Le groupe en parallèle s’y emploie aussi afin de parfaire cet état requis. En ressort un album ébouriffant, lumineux, sombre, joyeux et triste par moments, punk, calme également, partant dans tous les sens mais conservant une cohérence évidente. Et surtout il reste rock. A 100%. Le titre d’ouverture, "Go", donne d’emblée le ton en accueillant ses auditeurs par une bonne claque mâtinée d’urgence. Pour "Animal", on revient à plus conventionnel même si le chant de Vedder se fait tantôt doux et tantôt rageur. Comme peut l’être un animal en fait. Le morceau "Daughter" traitant des troubles de l’apprentissage et de maltraitance chez une jeune enfant est une autre preuve du talent d’écriture du chanteur et de sa sensibilité. Un morceau magnifique aussi poignant qu’entraînant dans son refrain. Sautillant, c’est l’adjectif qui qualifie le mieux "Glorified G" et pourtant, son sujet est loin d’être guilleret, évoquant la culture des armes. Les guitares et soli (tout comme sur les autres titres) sont incisifs, ciselés mais spontanés. "Dissident" rappelle clairement les chansons du premier album mais surprend moins du coup. "W.M.A." est un chant de guerre. Son rythme tribal, les chœurs que l’on peut y entendre dans la chanson, le caractérise ainsi. Le titre détonne peut être un peu mais reste à sa place. "Blood", brûlot anti-média est l’un des titres les plus courts mais sans conteste le plus violent de ce disque. Avec en prime une performance vocale absolument ahurissante (écoutez-le à partir de 1 minute).
Si le titre "Rearviewmirror" parle d’une situation que l’on abandonne, l’auditeur lui, n’a pas envie d’abandonner son écoute. C’est tout simplement l’un des plus beaux titres du groupe tous albums confondus avec son refrain d’une urgence absolue. Mon coup de cœur définitif. Le groove de "Rats" prend le fan à contre-pied. Eddie Vedder est à mi-chemin entre le crooner, une sorte de Mike Patton sur quelques intonations et celui que l’on a l’habitude d’entendre. A nouveau, un solo énorme à la wah et un Jeff Ament (basse) excellent. Baisse d’intensité à l’écoute avec "The Elderly Woman Behind The Counter In A Small Town" qui est pourtant, lorsque l’on se fait à son écoute, un titre délicat et qui préfigure du tournant que prendra à moment la carrière d’Eddie Vedder en solo. C’est l’un des premiers morceaux enregistrés lors de ces sessions et l’un des derniers de cet album et " Leash" reprend la narration de la même jeune femme évoquée sur « Ten » dans le morceau "Why Go" et inclut des chœurs scandés que l’on se plait à reprendre avec le groupe.
La touche de douceur pour conclure l’écoute se fait avec "Indifference". A nouveau, la sensibilité d’Eddie Vedder et ses modulations sont parfaites, belles à en déprimer.

Anticonformiste, PEARL JAM refusera de tourner une vidéo en support de l’un des titres de ce disque. Ce qui ne l’empêchera pas d’en écouler près de 7 millions et il se classera 1er du Billboard 200 pendant 5 semaines d’affilée.  Et ce, en dépit également d’une pochette… euh comment dire… spéciale.
 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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