23 novembre 2016, 14:04

METALLICA

"Hardwired...To Self-Destruct"

Album : Hardwired...To Self-Destruct

Comment chroniquer ce nouvel album de METALLICA tout en étant le plus objectif possible ? Tel est le périlleux exercice que je vais tâcher d'effectuer, comme tout bon chroniqueur qui se respecte, ne se cure pas le nez et n'oublie pas de dire “Bonjour !” à la dame, serais-je tenté d'ajouter. Oui mais. On a affaire ici à METALLICA, les amis, et parler du groupe sans tomber dans les poncifs du genre “le plus grand groupe de l'univers” ou “les fondateurs du thrash”, avec l'option “responsables du chef-d'œuvre « Master Of Puppets » fournie avec, n'est pas chose aisée. Et ce, même si j'aurais choisi l'option “responsables du chef-d'oeuvre « Ride The Lightning », personnellement. Vous me direz, le groupe a sorti quelques productions discutables depuis le « Black Album », ce qui devrait quelque peu m'aider à tempérer l'ardeur aisément décelable dans les lignes qui précèdent.

Eh bien puisque nous en sommes à parler d'objectivité, pourquoi faudrait-il toujours tirer à boulet rouge sur tout ce que METALLICA a sorti depuis ce fameux album éponyme ? Quand ce n'est pas depuis « ...And Justice For All », pour certains ! Pourquoi ne pas y voir plutôt la trajectoire d'un groupe maître de son destin ? Parce qu'on les voit arriver de loin les balourds qui vont pour une énième fois pérorer autour du supposé alignement des Four Horsemen sur les intérêts du business musical ! Oui, METALLICA vend énormément d'albums. Oui, METALLICA ne fait plus forcément peur à votre voisine d'en face depuis “Nothing Else Matters”. Oui encore, METALLICA vend des tonnes de T-shirts à ses concerts, et quelquefois des très moches. Quelle honte ! Mais si on se bornait pour une fois à parler musique ? Qui peut sérieusement prétendre que des albums comme « Load », « Reload » ou « Death Magnetic » ne recèlent pas de très grands titres ? Alors c'est vrai, James, Lars, Kirk et Robert ont commis quelques fautes de goût, et comme la majorité d'entre vous, je ne goûte guère à « St. Anger »... et j'écarte volontairement l'épisode « Lulu » par peur des représailles ! Est-ce pour autant une raison suffisante pour bouder le groupe ? Une démarche d'objectivité s'accommode rarement de snobisme...

« Hardwired... To Self-Destruct » n'est donc pas le nouveau « Master Of Puppets » ! Oh ben merde, alors ! Ni même le nouveau « Kill 'Em All » ! Booouuuh, j'ai envie de pleurer ! « Hardwired… » (appelons-le par son petit nom) est un grand album de METALLICA, tout simplement. Ça vous en bouche un coin, hein ? Je ne vais pas non plus vous refaire le coup du “meilleur album depuis...”, là-dessus, chacun sera libre de trancher, mais il est bien au-delà des minces espoirs que l'on pouvait exprimer au sujet de musiciens qui n'ont plus rien à prouver depuis belle lu(lu)rette. De toute évidence, les hommes en noir se sont fait plaisir sur ce disque et aucun morceau ne paraît forcé, comme cela pouvait parfois être le cas sur « Death Magnetic ». Finis aussi les morceaux à tiroirs qui pouvaient rapprocher, toutes proportions gardées bien sûr, son prédécesseur de «...And Justice For All ». Ici, des titres longs, oscillant en moyenne autour des 7 minutes, mais peu de fioritures. Et une simplicité apparente qui dévoile, au fil des écoutes, un vrai travail d'écriture fait d'accroches mélodiques et de changements de tempi toujours opportuns. METALLICA, à ce niveau, n'a rien perdu de sa superbe.

La galette, ou plutôt devrais-je dire les galettes puisqu'il s'agit d'un double album (pour 78 minutes de musique), démarre sur les chapeaux de roue avec “Hardwired”, brûlot thrash aux faux airs de “Battery”, et rassure immédiatement sur les intentions des Mets, car si la vitesse n'est pas toujours au rendez-vous sur ce « Harwired... To Self Destruct » (histoire de ne pas confondre avec le morceau !), elle émaille bel et bien un disque... ne comptant aucune ballade ! “Atlas, Rise!” qui, à l'instar de "Hardwired", a été dévoilé au public il y a déjà plusieurs semaines, fait figure d'instant classic avec ses cassures de rythme et son solo en harmoniques. Sur ce dernier point, notons d’ailleurs l'excellent travail fourni par Kirk Hammett sur l'ensemble du disque. Même s'il n'a cosigné aucun des morceaux, le soliste s'en tire avec les honneurs et, pour une fois, a laissé sa wah wah respirer un peu ! Incroyable mais vrai ! L'album regorge de petites trouvailles qui ne paient pas de mine de prime abord, mais qui permettent à certains titres d'éviter d'être un poil trop linéaires. C'est le cas de “Now That We're Dead”, illuminé, juste après l'intervention du Sieur Hammett, par une joute guitaristique en forme de vraie fausse jam vraiment bien pensée. “Moth Into Flame”, dernière des trois chansons ayant été offertes en guise d'apéritif à « Hardwired… », est sublime et rappelle à tous quel grand guitariste rythmique est James Hetfield. Cette main droite ! “Dream No More”, aux accents Alice In Chains (impression renforcée par le psychédélisme du clip, mais j'y reviendrai) séduit, avant que “Halo On Fire” ne vienne clôturer le premier des deux CDs dans une apothéose mélodique autant que rageuse !

Un sans-faute qui augure du meilleur pour la suite. “Confusion” ouvre le bal de façon martiale avant que le morceau ne dévoile ses multiples charmes de façon subtile, oscillant sans cesse entre mélancolie et fureur. Encore une fois, du grand art ! “ManUnkind”, seule chanson coécrite par Robert Trujillo, le grand oublié du mix (METALLICA ne déroge pas à ses propres règles !), ne s'apprivoise qu'après plusieurs écoutes mais démontre à quel point DEEP PURPLE reste une formation influente pour les Fab' Four de Frisco. Elle est suivie par...“For Whom The Bells Toll” ! Naaaaan, sérieux ? Euh non, pas vraiment en fait. Si ce n'est son intro en forme de clin d'œil, “Here Comes Revenge” est même très loin d'égaler l’antédiluvien classique des Mets et tombe rapidement à plat (désolé, Laurence !). Un peu comme “Am I Savage?” d'ailleurs qui, malgré son côté (très) heavy, n'est pas des plus transcendant. Deux – légères – fautes de goût rapidement corrigées par le très stoner (!!!) “Murder One”, un bel hommage au Grand Lemmy, et surtout par l'hallucinant “Spit Out The Bone”, qui est peut-être ce que le groupe a composé de plus intense depuis “Fight Fire With Fire” ! Imaginez un morceau punk avec des changements rythmiques dont seul METALLICA a le secret et entrecoupé par des incursions mélodiques de folie, et vous obtiendrez ce qui constitue certainement le meilleur titre d'un album qui comprend pourtant une foultitude de moments forts !

« Hardwired... To Self Destruct » est un album très cohérent qui, à l'image de chaque production de METALLICA, possède une forte identité. Alors bien sûr, chacun verra ce qu'il voudra dans ces deux CDs, et en premier lieu de nombreuses références au passé du groupe, mais loin d'être un « Black Album » bis (bien trop souvent rapide pour lui être comparé) ou un nouveau « Load » (plus, beaucoup plus metal que ce dernier), « Hardwired... To Self Destruct » est le témoignage musical d'une passion dont la source est encore loin d'être tarie, la preuve que METALLICA est encore vivant ! Ce dont nous avons encore eu la preuve il y a quelques jours avec la classieuse prestation des Four Horsemen à Canal. Des artistes, des vrais, qui n'ont cesse d'innover et qui l'ont encore démontré en tournant un clip vidéo pour chacun des titres de leur nouvel album ! Là encore, les grincheux y trouveront toujours le moyen de cracher leur venin, il n'empêche que certains de ses films sont savoureux – le clip pastiche de “ManUnkind” –, quand ils ne sont pas tout simplement sublimes – le cartoon que l'on croirait tout droit sorti de l'imagination de Frank Miller de “Murder One” ou les fantasmagories très AIC de “Dream No More”, notamment. Alors quitte à écouter METALLICA, procurez-vous, si ce n'est déjà fait, ce « Hardwired... To Self Destruct » plutôt que de perdre votre temps à écouter des groupes qui recyclent leurs idées tout en se prenant pour les inventeurs de la poudre à canon ! A bon entendeur...

Blogger : KillMunster
Au sujet de l'auteur
KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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4 commentaires

User
Nicolas Bonneau
le 24 nov. 2016 à 22:05
je trouve ton article sur métallica très bon et ça me fait plaisir de voir qu'il y a des gens intelligents qui ne crache pas sur metallica en nous ressortant toujours les mèmes critiques du genre "métallica c'était mieux avant et blablabla".<br />
le seul point ou je ne suis pas d'accord avec toi est pour "here comes revenge" que je trouve géniale personnellement .<br />
merci pour ton article et vive métallica !!!!
User
Nicolas Bonneau
le 24 nov. 2016 à 22:08
yesss<br />
User
Erik le Rouge
le 26 nov. 2016 à 16:13
plus je l'ecoute,plus je l'apprécie, mention spéciale a spit out the bone que j'ecoute en boucle.ils savent encore composer de bons titres n'en déplaisent a certains qui aiment les dénigrer............
User
Erik le Rouge
le 26 nov. 2016 à 19:24
charlie hebdo dans le texte: frere jacques: metallica reprend une chanson avec des instruments pour enfants. ça tombe bien,ils ont le meme QI. meme si c'est de l'humour je ne vois pas le ressort humoristique.qu'en pensez-vous?
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