Et de 5 pour le gang masqué. 5 ou « V » comme l’arbore fièrement la pochette. « V » pour Victoire ? HOLLYWOOD UNDEAD, un groupe qui fait débat. Un style bien à lui, un peu de rapcore, un peu de fusion et d’électro, beaucoup de n’importe quoi, mais toujours des mélodies aisément mémorisables. Un cadeau pour les haters, car difficile de les ranger dans une case. Comme personnellement j’ai été agréablement étonné par leurs compositions précédentes, je vais tenter de vous les faire découvrir avec cet album.
La musique de HOLLYWOOD UNDEAD, à l’instar de leurs masques, ne fait pas peur. On n’est pas dans l’Iowa. Comme il sied à L.A., une touche de glamour vient toujours colorer le plus hargneux des pamphlets. La Californie est évidemment à l’honneur avec dès l’ouverture "California Dreaming". Un titre fabuleux, très rythmé et aux riffs agressifs, qui fait résonner des refrains enfantins, écho de la pochette montrant cette enfant masqué symbole d’une jeunesse anonyme en pleine révolte. Bon ça commence bien, ils sont énervés et balancent un uppercut sonore dans nos tympans !
La rébellion se fait plus électro et hypnotique sur "Whatever It Takes". Ne passez pas à côté du clip scorcesien qui exulte la rage de vaincre façon « Raging Bull-ywood » ! Je l’annonçais, HOLLYWOOD UNDEAD, c’est de l’expression fourre-tout. "Bad Moon" ne va pas plaire aux fans de BODYCOUNT, la ballade est narrative, crépusculaire. Notons toutefois de subtiles envolées à la guitare. "Ghost Beach" dans la même veine fait pleuvoir des notes de piano sur nos épaules alors que nous arpentons Sunset Strip. Une déclaration d’amour sincère à L.A., chantée par ses enfants. Les mômes sont indéniablement le centre de ce « V ». Des enfants de la ville, des anges déçus.
Il est clair qu’il est ardu de rameuter les metalleux avec cette succession de titres disparates. "Broken Record" est dans le pathos à fond, amis amateurs de chaînes et clous c’est mort pour vous toucher avec ça. Après, ça demeure d’une beauté angélique. Oui, les anges ont leur droit de cité…
Pour les curieux encore à l’écoute après ces titres légers, vous serez récompensés par le fusionnesque "Renegade". L’insurrection juvénile devient une lutte armée. Le clip, ainsi que la rythmique, prennent aux tripes, les bambins résistent violemment à des tentatives de séquestration. La jeunesse ne veut pas se laisser dompter, enfermer dans le système, elle court vers les espaces sauvages. Métaphore facile certes, mais le rock ne se résume-t-il pas à l’expression la plus simple de l’instinct ? « You're just a live grenade! Young renegade! ».
Il en va de même pour le rap, quand B-Real vient jouer les guests sur le groovy "Black Cadillac", c’est on ne peut plus authentique : « What you gonna do when the shit goes down? ». Cette deuxième partie de l’album est bien plus enlevée. Retour réussi de la guitare sur "Cashed Out". Nos gars d’Hollywood tiennent à montrer qu’ils sont bien vivants. Pour lancer sa révolution, HOLLYWOOD UNDEAD choisit un punk à la sauce électro. Etonnant ce "Riot" !
En écrivant cette chronique je suis dubitatif. J’écoute une nouvelle fois “We Own The Night", monument de poésie urbaine où les riffs esquissent les contours d’un royaume d’aveugles où les borgnes sont rois. J’écris et je me demande bien comment vous convaincre de vous essayer à l’aventure HOLLYWOOD UNDEAD. J’étais parti plein d’assurance, avec du recul je comprends l’aversion, voire le cynisme auquel ces compostions peuvent se heurter. On ne trouve ici rien de neuf, rien d’assez extrême pour déchaîner les passions.
Pourquoi je m’obstine à croire que je peux amener certains à écouter « V » ? Parce qu'un jour j’ai surmonté mes préjugés et écouté HOLLYWOOD UNDEAD. Je suis tombé sous le charme de ces filous, ces gangstas du rock. Je pense que d’autres peuvent être surpris au détour d’un de ces morceaux transgenres et se voir ensuite arpenter le paysage urbain en coulant leur corps dans une démarche béate. Même pas mort...
« Yeah, trust me!
TRUST ME!
Just breathe!
JUST BREATHE!
One day you're gonna see »