L'attente fut longue depuis 2013 et le dernier album en date des Autrichiens SUMMONING, « Old Mornings Dawn ». D'autant plus qu'il était de qualité. Mais attendre un album de SUMMONING fait partie du folklore et cela permet de susciter l'engouement chez les fans, surtout à la suite des récents teasers publiés par le groupe depuis quelques mois. C'est donc avec une langueur presque fébrile que je découvre le huitième disque du duo Silenius / Protector qui nous emmènent en (long) voyage au pays de Nùmenor.
Long voyage car presque chacun des 8 titres de « With Doom We Come » frôle ou dépasse les 10 minutes, nous amenant à un total d'1 heure et 5 minutes. On a donc le temps de se plonger pleinement dans chacun des univers de Tolkien dépeints, au risque de se perdre dans les méandres black metal atmosphériques et ambiancés d'un album un peu terne parfois. Vous avez aimé "With Doom I come" le premier single ? Vous aimerez sans doute « With Doom We Come », mais sachez aussi qu'il s'agit d'un des meilleurs morceaux de l'album.
Tout commence avec "Tar-Calion" qui désigne le dernier des rois de Nùmenor. Morceau mid-tempo et éthéré avec des percussions et une ambiance médiévale sombre, des guitares burzumiennes, des instruments synthétisés tels flûtes ou cuivres épiques et lumineux et une voix narrative intermittente. Intéressant mais peu percutant pour l'entrée du roi.
Heureusement, on gravit rapidement les échelons avec "Silvertine", un des morceaux phares de l'album, le top si l'on peut dire car Silvertine est le nom d'une des montagnes de la Moria si chère aux Nains de Tolkien. L'ambiance est épique, les cuivres omniprésents, les chœurs percutants, les rythmes martiaux et les voix d'outre-tombe et trollesques de notre duo Silenius/ Protector surmontées de touches légères de claviers oniriques nous amènent au sommet de l'art de SUMMONING. Une véritable escapade en Terre du Milieu.
Arrive ensuite l'insatiable loup "Carcharoth", morceau moins entraînant mais envoûtant grâce à son rythme et sa mélodie répétitifs et mélancoliques agrémentés de voix hurlées typiques du groupe qui montera en intensité grâce à l'ajout de synthés et de cuivres au fur et à mesure du titre. A noter, le break acoustique avec guitare claire et flûte de toute beauté.
Puis c'est au tour du seigneur noir "Herumor" d'entrer en scène avec un morceau dans la lignée du précédent mais moins puissant, donc paraissant plus long. Car c'est en ce milieu d'album que le voyage commence à se faire sentir. L'engouement suscité au départ laisse peu à peu la place à la monotonie et on se surprend à laisser son esprit vagabonder à d'autres sujets. Pas qu' "Herumnor" soit mauvais mais la répétition moins l'intensité n'en fait pas un titre attrayant.
Retour rapide à dos d'orque dans la Comté avec "Barrow-Downs", morceau assez court et instrumental, épique surmonté de cris d'orques ou huruk-hais, on ne saura pas très bien. Efficace et concret avant que la nuit tombe avec "Night Fell Behind" morceau à nouveau lent, dont le chant se veut de la complainte et l'orchestration un peu langoureuse. Mais la lumière d'Elendil n'est pas loin et l'aventure se poursuit avec "Mirklands" dont les riffs burzumiens, les claviers sombres et l'ambiance dark nous replongent pour ainsi dire au cœur d'un voyage inachevé. Le modèle est le même que pour les morceaux précédents mais l'esprit médiéval est de retour et il y a cette main blanche de SUMMONING qui semble reprendre les rênes du Nazgul qui parcourt les paysages tantôt chatoyants tantôt dévastés de la Terre du Milieu.
Enfin, "With Doom We Come" qui nous aura fait tant languir de retrouver l'unique et précieux SUMMONING clôt avec beauté un album pas parfait mais digne du duo. C'est le morceau typique où tous les ingrédients black/dark/ambiant/ atmosphéro-médiéval se mêlent dans le creuset de l'inspiration du groupe. Une fin digne d'un roman d'héroïc fantasy !
« With Doom We Come » est donc un bon album qui permet aux fans de voyager aux confins du royaume de Tolkien avec toute la splendeur attendue. C'est d'ailleurs cette attente et ce grand espoir qui font aussi trouver certaines compos un peu fades ou lancinantes. C'est sans compter sur l'abnégation du duo qui finalement fait preuve à nouveau d'une inspiration intarissable dans le domaine que l'on ne peut qu'acclamer et nous montre que « Par les ténèbres on peut atteindre la lumière » - J.R.R Tolkien « Le Silmarillion ».