Vous connaissez DEUCE ? Il y a fort à parier que non. Vous connaissez HOLLYWOOD UNDEAD ? Il y a fort à parier que vous faites partie des très nombreux haters qui clament « c’est pas du rock » ou « c’est gnangan ». Je ne blâme personne, j’ai été longtemps sceptique devant les groupes plus cathodiques que catholiques… Voici l’histoire de DEUCE, badboy rappeur aux allures d’adolescent boutonneux qui se dandine avec ses masques colorés, qui ne fait pas peur pour un sou, mais qui a peut-être quelque chose de musicalement intéressant pour nous vu l’engouement qu’il suscite auprès de la jeunesse américaine.
DEUCE, de son vrai nom Aron Erlichman fut remarqué sur le premier album des inclassables HOLLYWOOD UNDEAD, mini gangstas masqués de L.A. L’Amérique découvrit une ambiance festive rap rock qu’on pourrait lier à la fusion et au neo-metal. Succès assuré auprès de la jeune génération qui avait envie de groover. Ce qui fut perçu par beaucoup en 2005 comme une mode éphémère devint rapidement un moyen d’expression durable dans le monde de la musique. DEUCE et ses comparses devinrent les hérauts d’une ville et d’un mode de vie, comme le furent MÖTLEY CRÜE en leur temps. Sexe and groove and rock'n'roll. En 2009 suite à des querelles d’égos DEUCE partit fonder son propre gang. Après un premier album bien accueilli voici « Invincible », un recueil de poèmes urbains que Aron mis 5 ans à produire, la première tentative il y a 2 ans échoua. Aron proposait alors en décembre 2017 une version remaniée des morceaux originaux. Posons une oreille curieuse sur ce disque et testons son invincibilité. Let’s go party !
« Are You Ready For This ? ». Bonne question. Petites notes fines et electro ouvrent "Here I Come", suivies d’une gratte électrisante et entêtante. La voix ? Du bon vieux hip hop léger des familles avec une rythmique profonde et instantanément mémorisée. On n’est pas si loin d’un éminent rappeur blanc… Est-ce que cela peut nous plaire, à nous rockeux ou hardrockeux ? Personnellement je prends plaisir à me laisser porter au volant de mon véhicule rugissant dans les rues de L.A. sur le Rhin. Laissez-moi rêver.
"Hell’s Gonna Break Loose" avec son opposition riffs et refrains enfantins a vu mes filles danser et chanter en chœur dans la voiture. Par contre hors de question de leur traduire les explicits lyrics du romantique "Bitch This Is It" ! DEUCE est un chantre de la dualité, dans ses compositions la beauté et la laideur s’accouplent pour notre plus grande satisfaction.
Si on est loin d’un rock hard, les titres sont tous empreint d’une âme, la musique épurée et la voix particulière de DEUCE créent une alchimie, une ambiance. Ce poète provocateur en bon ange déçu des sunsets cherche toujours la félicité dans ce "World On Fire" qu’est L.A. Un ange pas désenchanté au final, avec son cœur d’artichaut il cherche plus à se mettre à l’abri de la souffrance, il lutte pour être "Invincible" malgré sa belle "Bad Attitude". Un ange pluriel, un loulou « des-anges-chantés ».
« I would never die for you, live a lie for you
I would never cry for you, it's a little too late to
What am I to do? I hate you too
I got a bad attitude ».
Alors certes ce n’est pas du lourd musicalement, Aron ne marche pas dans les empreintes de SLAYER, toutefois pourquoi se refuser des moments empreints de mélodies, des slows basiques mais efficaces tels "Thank You" ? Et pour peu que vous soyez ouverts d’esprit, nostalgiques de la fusion ou amateurs de hip hop guitarisé, ça swing parfaitement sur "Best Of Me".
"Catch Me If You Can" et "Pull Me Under" offrent une rythmique punkisante aux guitares virevoltantes. Les guitares, que j’ai peu mentionnées sont souvent mixées en retrait, mais marquent bien l’esprit avec des riffs qui rappellent le groupe éphémère STILTSKIN. Fraîcheur de vivre façon Hollywood chewing-DEUCE.
Pour les connaisseurs de son précédent groupe, DEUCE, l’électron libre, offre une excellente evil-ution, son album est gorgé de soleil californien et baigné de multiples influences. Pour les curieux il est possible que la surprise soit au rendez-vous. Et cette voix aigüe, un peu trop haut perchée, vaut son pesant de rimes.
Laissez-vous tentez. L’Amérique vous offre un visage, euh… un masque différent.