3 février 2018, 11:46

SAXON

• Interview Biff Byford

Biff Byford est une légende. Une légende du heavy metal anglais. Avec plus de 40 années de carrière au sein de SAXON, il nous parle de « Thunderbolt », le vingt-deuxième album du groupe, de son travail artistique et de ses autres projets.


« Thunderbolt » est le vingt-deuxième album de SAXON. Cela représente quoi pour toi ?
22 ! Juste un chiffre. Cela ne représente rien pour moi ! (rires). C’est un nouvel album. Finalement, 22 est un bon chiffre.  

Comment s’est construit cet album ?
De la même façon que « Battering Ram » ou « Sacrifice ». Nibbs Carter (basse) et moi avons eu les idées originales de l’album ensemble. Vraiment, 90% des choses. Nous avons dès lors écrit ensemble. J’avais les idées de paroles, de textes, de mélodies pendant qu’il écrivait les parties de guitares. Vraiment comme les autres albums finalement.

Tu travailles à la maison ou en studio ?
Les deux, honnêtement. Le début est toujours marqué par un travail personnel à la maison puis avec le groupe, nous continuons ce qui est amorcé. Je rentre ensuite à la maison et continue à travailler. C’est un processus assez long en fait.

Si tu devais résumer « Thunderbolt » en quatre mots, ce serait quoi ?
Trois mots plutôt (spontanément) : British heavy metal.

Cela sonne vraiment ainsi, tu as raison.
Oui, absolument. C’est vraiment ce que je voulais.

Quelles sont les particularités de « Thunderbolt » comparativement à « Battering Ram », votre précédent album ?
Il y a des différences subtiles mais je ne crois pas qu’elles soient massives. L’album est plus heavy. Les guitares sonnent à la fois modernes et old-school. Cependant, les paroles et les mélodies sont assez similaires au précédent album. SAXON est imprévisible. Nous ne savons pas à l’avance où nous allons aller, ni les gens d’ailleurs. Cela fait 40 ans que nous faisons des albums et personne ne sait à quoi s’attendre même si l'on a une idée des grandes lignes. Nous travaillons dur pour être les meilleurs possible.

Quelles sont tes méthodes d’écriture ?
Je n’ai pas de méthode de travail spécifique. J’ai des thèmes qui me viennent à l’esprit, des idées. Il faut qu’une histoire se crée dans mon esprit. Dès qu’elle arrive, je l’écris, je la chante. La plupart du temps, je l’écris. Ces derniers temps, j’écris tout sur mon smartphone. C’est rapide, tu sais.

Quelle est l’idée derrière la pochette de l’album ?
L’aigle sur la pochette de « Thunderbolt » est la représentation de Zeus, le dieu de la mythologie grecque. C’est une superbe image. Tu connais l’histoire de SAXON et de l’aigle, Zeus et l’aigle. C’est vraiment une représentation imagée que j’apprécie. C’est old-school et j’aime ça aussi. Maintenant, il y a le retour du vinyl aussi et des K7. Il y en aura une pour cet album (il me la montrera plus tard et elle est magnifique). J’adore les K7. Ce sera un morceau de l’histoire de SAXON pour cet album.
 

« Quand j’écris pour un album, je cherche toujours la chanson qui va l'ouvrir, qui va ouvrir un concert. » – Biff Byford



Peux-tu nous décrire brièvement certains titres de l’album que j’ai sélectionnés de façon aléatoire ?
"Thunderbolt"
Une chanson très heavy. Quand j’écris pour un album, je cherche toujours la chanson qui va l'ouvrir, qui va ouvrir un concert. Je cherche toujours cela. Des fois, ce n’est pas la meilleure chanson, mais c’est l’image de la chanson qui prédomine. L’image du titre "Thunderbolt" est parfaite pour l’ouverture de l’album et des concerts.

"The Secret Of Flight"…
Quand tu regardes l’histoire du monde, tu t’aperçois que cela ne fait pas si longtemps que ça que l'homme est capable de voler. Cette histoire m’est venue à l’esprit. Je voulais passer d’Icare aux divinités, à Einstein. Ce sont des paroles difficiles à mettre à chanson mais nous l’avons fait.

"Nosferatu"
Nous devions faire une chanson pour la B.O. d'un film mais finalement, ça ne s'est pas fait. Le cinéma est fou ! Je voulais une chanson gothique, très heavy, très sombre. Il y a deux versions du titre sur l’album : une avec un orchestre et une sans. Une a un côté cinématographique, l'autre est très brute. Je voulais un truc gothique. C’est dans le tempo de la valse : 1,2,3… 1,2,3. C’est étrange mais j’aime ce titre. Il est puissant.

"Predator"…
Ce titre est né rapidement. Je voulais un truc different. J’ai chanté de façon profonde et grave sur la démo de la chanson. Nous avons demandé à mon ami Johan Hegg (AMON AMARTH) de la faire, il est fan de SAXON. Cela peut donner source à controverse avec cette voix très grave. Il a une super voix grave. Tu peux comprendre chacun des mots. Un petit challenge pour nous.  

“Roadie’s Song"…
C’est une chanson très old-school. Elle ne devait pas être initialement sur l’album. Nous l’avons écrite très tardivement. C’est une chanson faite par le groupe avec un riff de Doug Scarett. Je l’ai fait écouter à ma famille et à des amis. Ils ont adoré. Le refrain était catchy. Ils m’ont dit qu’il fallait qu’elle figure sur le disque. Alors je l’ai mise !  

"They Played Rock and Roll" est un hommage à MOTÖRHEAD et Lemmy ?
Cela parle de l’année 1979. De la première tournée que nous avons faite avec MOTÖRHEAD sur le "Bomber Tour". Ils ont enregistré « No Sleep 'Till Hammersmith » sur cette tournée. C’est vraiment l’histoire de SAXON et MOTÖRHEAD en 1979, les deux groupes ensemble. C’est aussi une chanson sur Lemmy, Phil et Eddie. Notre rencontre avec eux a été vraiment importante en 1979.

As-tu une anecdote à nous raconter à propos de Lemmy ?
J’en ai plein ! C’est quelqu’un qui restera toujours dans ma mémoire. Un grand homme avec un sens de l’humour très sombre (rires). J’aimais beaucoup Phil Taylor, Eddie Clarke (décédé le 10 janvier, à la veille de cette interview), et aussi Wurzel. Phil Campbell. Nous connaissions bien Brian Robertson aussi.

Vous allez tourner prochainement avec DIAMOND HEAD et ROCK GODDESS. Comment s’est fait ce choix ?
Nous voulions tourner avec DIAMOND HEAD depuis un certain temps mais nous ne l’avions jamais fait. Je pense que ce packaging old-school est sympa pour les fans. Nous reviendrons en Europe en octobre et il y aura un concert à Paris. Peut-être qu’il y aura DIAMOND HEAD aussi. Je ne sais pas encore. Nous avons plusieurs idées. Nous ne ferons pas beaucoup de festivals cet été car nous tournerons en automne prochain.  

Que devons-nous attendre de SAXON pour la future tournée, la future set-list ?
Nous jouerons des nouvelles chansons. Six, si on peut, si on a le temps. Nous jouerons les gros hits. Ce sera l’année « Thunderbolt ». Nous ne savons pas vraiment encore ce que nous allons jouer. Nous allons répéter, voir ce qui fonctionne. Les chansons fortes seront sélectionnées pour la future set-list. Nous jouerons "They Played Rock and Roll", "Thunderbolt". "Nosferatu" aussi. Nous serons fixés trois jours avant le premier concert.
 

« J’ai envie d’inviter des guitaristes sur mon album solo. Peut-être les gars de METALLICA... » – Biff Byford



Il y a une cassette prévue pour cet album. Que penses-tu de ce format ?
J’adore les cassettes. C’est de nouveau à la mode. Aux USA, il y a des conventions de cassettes. Nous n'en ferons pas beaucoup pour « Thunderbolt ». Ce sera une édition limitée et il y en aura 200 ou 300. C’est cool. C’est très, très old-school. Je pense que nous sommes l’un des plus gros groupes à en proposer pour le moment. Tu sais, les jeunes groupes se mettent aussi à ce format. Celui de mon fils, NAKED SIX, en a une. Il aime les K7, il a un lecteur et enregistre tout sur des K7. Les jeunes aiment ça. C’est super facile à utiliser, tu mets ton stylo dans le trou de la K7 et tu rembobines (rires). On a tout maintenant : vinyl, K7, CD, mp3, streaming. C’est bien.

Te souviens-tu du "jour" où tu t’es dit que tu allais être un musicien professionnel ?
Je ne me le suis jamais vraiment dit. La vie l’a fait pour moi. Depuis que je suis enfant, je joue de la musique. Je ne chantais pas. Je jouais de la guitare, de la basse. Je n’aimais pas trop me mettre en avant. Je faisais plutôt les chœurs. La guitare m’a amené à la musique, pas au chant. J'en joue encore.  

Te souviens-tu de la période de ta vie où tu as eu une révélation pour le heavy metal ?
Je m’en souviens. Pas spécifiquement mais je vois à peu près. Je me suis marié très jeune. Ma femme m’a quitté. C’est là que j’ai eu une révélation. Elle m’a quitté parce que je voulais être plus un musicien qu’un mari (rires). C’est difficile quand tu as une envie comme ça, de lutter contre ! (rires) C’était en 1971-72.

Avec qui aimerais-tu jouer ou enregistrer un jour ?
J’apprécie différents styles de musique, tu sais. Je vais faire mon album solo dès que nous aurons fini cette tournée. J’ai envie d’inviter des guitaristes sur cet album. Peut-être les gars de METALLICA. Je suis ouvert pour un album solo. 2019 sera aussi l'année de « The Eagle Has Landed Part 4 ». Je ne sais pas encore mais tout ça me trotte dans la tête.

Si tu avais dû changer quelque chose concernant ta carrière musicale, ça aurait été quoi ?
C’est en rapport avec l’industrie de la musique. C’est la façon dont le téléchargement s’est initialement installé. C’était l’enfer au début, plus maintenant mais ça a détruit un certain nombre de groupes. C’est la même chose pour le cinéma. Le téléchargement illégal lui a fait du mal. J’aurais changé ça. Les maisons de disques ont réagi lentement au pouvoir du numérique, aux nouvelles technologies.   

Quels sont les trois mots qui définissent le mieux ta personnalité ?
Positif, impatient et sympa. (rires)



Un questionnaire rapide en rapport à ton smartphone. D’accord ? 
Ton fond d’écran…
Le groupe de mon fils, NAKED SIX.

La dernière personne qui t’a appelée ? 
Un agent.

Facebook ou Twitter ?
Je suis Twitter.

SMS ou appel téléphonique ?
Les deux. J’aime parler aux gens mais des fois, c’est cher (rires) alors j'envoie des SMS. Je fais beaucoup d’e-mails aussi.

La dernière chanson que tu as écoutée sur ton smartphone ?
Du SAXON. La vidéo-rough de "They Played Rock and Roll".

Enregistres-tu de la musique avec ton smartphone ?
Oui, des fois.

Quelle est la plus longue période passée sans ton smartphone ?
On me l’a volé en Suède. Ça a duré une semaine. J’ai utilisé un vieux portable. C’était horrible ! (rires) 

Ta dernière recherche sur ton smartphone ?
C’est triste. "Fast" Eddie Clarke vient de mourir. La nuit dernière. Je ne devais pas encore l’annoncer. C’est fait et c’est triste.

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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