« J’ai décidé de ne plus reculer, Je suis venu déclarer
Que le passé est passé, en lui les choses ont changé
J’ai donné ma vie à Christ, décidé d’avancer »
Allleluia Google ! Sois loué pour tes algorithmes qui, pour en savoir plus sur JEAN JEAN, font ressortir du top des recherches ces couplets mystiques, œuvres d’un mystérieux homonyme à la foi sans limites. Pas de panique cependant puisqu’il s’agit ici d’un illustre chanteur de gospel québecois, spécialisé dans la louange au kilomètre… qui n’a pas grand-chose à voir avec le duo parigot, déjà auteur d’un album et d’un EP depuis sa création en 2010, dont nous allons parler ici. Ainsi soit-il.
Démarrons cette chronique par un constat d’une banalité affligeante : on peut mettre tout plein de jolis préfixes devant le mot "rock" pour lui donner une coloration plus exotique. Mais le truc avec JEAN JEAN ,c’est qu’à peu près tous ceux qui me viennent à l’esprit collent à merveille, à un moment ou à un autre, pour décrire les paysages qui défilent pendant trente-trois minutes sur cette « Froidepierre », si je mens je vais enfer. Electro-rock ? Oui ! Post-rock ? Un brin ! Math-Rock ? Pardi ! Instrumental : en plein dans le mille. Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que ce deuxième album du désormais trio (Grégory Hoepffner, accessoirement frappeur-chanteur chez KID NORTH, s’adjugeant ici basse et synthés avec doigté) est bon, très bon même. C’est toujours ça de pris.
Réfugiés dans un chalet niché au cœur des Alpes, les trois loustics de JEAN JEAN ont pris le temps nécessaire pour construire des compositions en harmonie avec leur environnement. Simples, sombres, précis et sans artifices, ces huit titres baladent l’auditeur dans des contrées étranges, où d’autres semblables tels EXPLOSIONS IN THE SKY, THIS WILL DESTROY YOU ou SURVIVE ont autrefois traîné leurs guêtres dans une neige épaisse. Les rythmes sont parfois saccadés, souvent prenants et forment un tout avec des parties de synthés épiques pendant que le duo basse/guitares remue le popotin au son des petits copains, lâchant des ambiances comme autant d’émotions embarquées à plein régime sur une piste de bobsleigh. Etourdissant. Il n’y a plus qu’à ouvrir grand les écoutilles pour laisser pénétrer une avalanche de mélodies fragiles formant une fresque homogène et délicate.
Le tout est complété par un artwork sobre, froid, qui ne laisse filtrer qu’un mince filet de lumière autour de cette pierre, imposante, que l’on imagine glaciale à son contact. Presqu’un comble lorsque l’on constate finalement, après plusieurs écoutes attentives, que la musique proposée ici par notre trio, derrière cette apparente froideur, cache un petit cœur serré et bouillonnant (les superbes "Ananda", "Limerence" ou le finish explosif "Event Horizon" en sont de parfaites illustrations). Et pour ceux et celles qui en doutent encore (bande d'hérétiques !), rendez-vous sur la scène du Download Festival, au mois de juin prochain, pour une prestation qui s’annonce saisissante !