21 avril 2018, 9:10

HOGJAW

• "Way Down Yonder"

Album : Way Down Yonder

Choisir un disque afin de le chroniquer résulte de deux cheminements intellectuels. Le premier est l'émanation d'un désir de confort : on est fan d'un groupe depuis des années et chroniquer son nouvel album sera plutôt reposant pour l'esprit. Le but sera essentiellement de le faire aimer par les néophytes, avec force dithyrambe cela va de soi. La (mauvaise) surprise sera peut-être au rendez-vous, bien sûr, mais il n'empêche que choisir un tel disque ne relève pas d'un goût immodéré pour l'aventure. Le second, celui qui a amené votre serviteur à vouloir "bafouiller" sur ce « Way Down Yonder », tient plus de la gageure : il s'agira ici d'exposer ses esgourdes à des sons inédits et suffisamment excitants pour qu'ils fassent parler non pas la poudre mais le clavier ! Et je dois bien avouer que le pauvre chroniqueur que je suis ne savait pas du tout où il allait mettre les pieds quand il a contacté son cher boss afin qu'il lui fournisse le dernier album d'un groupe jusqu'ici inconnu à ses oreilles, HOGJAW.

Dans ce cas néanmoins, vouloir sortir des sentiers battus n'est pas suffisant. Encore faut-il avoir des a priori positifs... Courageux mais pas téméraires, les chroniqueurs ! Ces a priori peuvent prendre diverses formes. Pour certains, il s'agira d'une pochette agréable à l'oeil, pour d'autres, d'une chanteuse... agréable à l'oeil aussi ! Les chroniqueurs ne sont pas de bois non plus, il faut que vous le sachiez. Rien de tout cela avec HOGJAW toutefois car, si la pochette est plutôt sympathique, le chanteur guitariste Jonboat Jones (il fallait y penser !) tient plus de feu Dave Hlubek que de Simone Simons ! Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est plutôt le fait que les quatre gaillards originaires de l'Arizona pratiquent un genre musical pas vraiment dans l'air du temps mais cher à mon coeur : le southern rock. Comme quoi il n'est pas indispensable d'avoir grandi à Jacksonville pour s'accaparer l'héritage de LYNYRD SKYNYRD. Ou plutôt de MOLLY HATCHET d'ailleurs. Car HOGJAW doit énormément à ces glorieux pistoleros.

Déroulant ses titres sur une trame classique, ce sixième album de HOGJAW (et le premier seulement à être distribué de ce côté-ci de l'Atlantique) possède tout ce qu'il faut pour contenter les amateurs de rock sudiste. Les codes du genre sont respectés et le flambeau des légendes confédérées est repris de fort belle manière par des musiciens semblant déjà posséder une expérience énorme. Si comme moi vous avez grandi au son de « Marauder » (BLACKFOOT) ou de « No Guts... No Glory » (MOLLY HATCHET), impossible de ne pas succomber au charme de morceaux comme "Back Home Today", aux nombreux changements de rythme et à la fin délicieusement jazzy (l'ALLMAN BROTHERS BAND n'est pas loin !), "Redemption", fabuleuse power-ballad qui donne l'occasion aux deux fines gachettes que sont Jonboat Jones et Jimmy Rose de faire parler la poudre, ou "Never Surrender", commençant par un solo comme au bon vieux temps où une cohorte de chevelus à stetsons régnait sans partage sur la scène rock.

C'est bien simple, les moments forts sont tellement nombreux sur ce disque qu'il est difficile de ne retenir que quelques titres. Et si les morceaux sus-cités réveilleront sans doute l'enthousiasme du fan de southern rock, trop longtemps mis à mal par l'indigence d'hipsters se réclamant plus ou moins du genre parce que ça fait "genre" justement (je ne citerai pas de noms !), l'éponyme "Way Down Yonder" et son break rappelant AC/DC (tout d'un classique !), le rampant "Beast Of Burden (Roll On)", plus foncièrement metal, "Brown Water", ode à l'eau de feu... Non ! J'arrête ! Sérieusement, cet album est une tuerie ! Tout juste pourrait-on lui reprocher des influences un peu trop prégnantes (MOLLY HATCHET, comme je l'ai déjà précisé) mais cet écueil est minime au regard de l'extrême qualité d'écriture de ces vrais faux sudistes. En fait, votre serviteur n'a pas entendu quelque chose d'aussi intéressant depuis RAGING SLAB, c'est dire ! À bon entendeur...

Blogger : KillMunster
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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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