On pourrait croire qu'avec les années, on a tendance à s'assagir, à être moins vindicatif, moins rentre-dedans. Eh bien ce n'est en tout cas pas une tendance brésilienne tant le nouvel album de SOULFLY est une décharge de brutalité et de hargne, teintée de mysticisme, oui, mais pas en version édulcorée.
Dès les premières secondes, on se rend compte que tous les éléments attendus par les fans sont réunis : des sons mystiques, des riffs poinçonnés à l'effigie de Max Cavalera, des passages tribaux et la voix gutturale d'un frontman énervé. Bref, rien de neuf sous le soleil. Même le line-up est resté plutôt stable, avec seulement l'arrivée de Mike Leon à la basse. Alors quels sont les atouts de ce nouveau « Ritual » ? Eh bien le côté de plus en plus extrême que Max Cavalera puise dans les musiques qu'il écoute, à savoir black, death et hardcore. Parce que si SOULFLY a toujours été un groupe bourré d'une énergie dévastatrice, on peut considérer que « Ritual » est le level up du point de vue de l'engagement rythmique et mélodique. Et une chanson telle que "Under Rapture", où intervient Ross Dolan d'IMMOLATION, est un bon moyen d'étalonner l'album.
En détail, il y a le très rythmé, presque chamanique "Ritual" qui introduit un album avec puissance et rassure quant à l’inspiration du combo après plus de 20 ans de carrière et onze albums de qualité relative. Vient ensuite "Dead Behind The Eyes" avec la participation de Randy Blythe de LAMB OF GOD qui est sans doute l’un des meilleurs morceaux de « Ritual » tant il mêle riffs tranchants, vocaux growlés structurés et soli maîtrisés d’un Marc Rizzo résolument ancré dans SOULFLY. Le plus retenu mais tout aussi agressif "The Summoning" apporte une touche heavy voire carrément indus sur la fin avec des vocaux digne de Lemmy de MOTÖRHEAD. Surprenant mais tout en progressivité. "Evil Empowered" est beaucoup plus lourd, plus saccadé et surtout plus mystique. "Under Rapture" donc, sonne ensuite comme un véritable hymne extrême avec des accents death, forcément induits par le guest vocal. C’est à mon sens la vraie subtilité de « Ritual ». Non, je ne parle pas de finesse, rassurez-vous ! Mais plutôt de la dose d’originalité qui fait de cet album une continuité dans la carrière de SOULFLY.
Le soufflé a ensuite quelque peu tendance à retomber. Avec "Demonized" et son intro acoustique qui donne le "la" à un gros riff bien lourd et un pattern typique du groupe, on a comme une impression de déjà entendu. Ça fonctionne mais ça ne fait pas (plus) vibrer. Il en est de même pour "Blood On The Street" qui ne doit son salut qu’au jeu de batterie de Cavalera Junior jusqu’au bout du morceau, avec un solo bien rythmé qui laisse la place aux tambours chamaniques et tribaux. "Bite The Bullet" fait office de rappel d’un SEPULTURA années 90 avec tout de même une guitare aux envolées bien placées et tout à fait entêtantes. Le très thrash "Feedback !" est assez déstabilisant tant il rappelle à nouveau du MOTÖRHEAD autant par sa composition que par les vocaux de Max qui, décidément, a décidé de faire revivre les défunts. Enfin, l’outro "Soulfly XI" fera office de bande son pour une soirée en amoureux avec guitare acoustique et saxo s’il vous plaît ! Instrumental bien interprété oui, mais pourquoi là ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Non, indéniablement SOULFLY doit expérimenter, certes, mais pas s’aventurer sur des chemins si lointains de ses racines. Cela dit, c’est extrême aussi !
En résumé, SOULFLY sait ce qu’il doit donner à ses fans. Max Cavalera a les bons ingrédients, la bonne recette et surtout le bon doigté. La mayonnaise prend, on a un peu peur qu’elle retombe à un moment mais finalement, elle finit toujours par tenir la distance. Il y a eu mieux mais surtout, il y a eu bien pire. Avec « Ritual », on se situe plutôt dans la moyenne haute alors je prends !
