10 novembre 2018, 23:57

NIGHTWISH + BEAST IN BLACK

@ Paris (AccorHôtels Arena)

"Rares averses" qu’ils disaient, "rares averses"... Non mais je t’en foutrais moi, des rares averses ! Les prévisions météo étaient complétement à côté de la plaque pour ce samedi 10 novembre et c’est sous des trombes d’eau que les plus grands fans de NIGHTWISH ont attendu l’ouverture des portes de l’Accorhôtel Arena à Paris pour voir leur groupe préféré se produire sur scène, unique date française de la tournée "Decades". Une tournée très particulière puisqu’elle revisite les classiques de NIGHTWISH, dont certains titres n’ont plus été joués depuis des années et ne le seront peut-être jamais plus, dixit Tuomas Holopainen, le claviériste et compositeur du groupe. Une occasion en or, également,  pour entendre la sublime Floor Jansen interpréter les morceaux de l’époque Tarja Turunen.

A 17h30, avec une demi-heure d’avance sur le planning (les organisateurs auraient-ils enfin pris pitié des fans trempés, transformés en serpillères ?), les portes s’ouvrent pour une soirée qui s’annonce exceptionnelle. Enfin installés au chaud et au sec, nous attendons le groupe de première partie, BEAST IN BLACK. Et déjà, au premier coup d’œil sur la scène, on constate que celle-ci a été largement réduite, coupée en deux par un rideau cachant le décor de NIGHTWISH. BEAST IN BLACK doit se contenter de ce court espace, mais cela ne semble pas les perturber outre mesure. Pour les avoir déjà vus en première partie de W.A.S.P. l’an dernier, je dois avouer que je ne suis pas franchement ravie de devoir me les coltiner encore une fois. Leurs gimmicks et imitations clichesques frôlant le ridicule me laissent de marbre, voire me font carrément marrer tant cela confine au pathétique. C’est donc avec une certaine quantité d’à priori que je les vois débouler sur scène après leur intro habituelle qui n’est autre que "Nightcrawler" de JUDAS PRIEST (étonnant, non ?). Force est de constater que les clichés sont toujours présents, plus appuyés que jamais. On n’échappe ni aux poses traditionnelles, ni aux chorégraphies très 80’s des guitaristes alignés en rang d’oignons qui secouent la tête en cadence, ni aux clins d’œil lourdingues de l’un des guitaristes, ni aux nappes de synthé envahissantes à un point tel que parfois, seul le batteur joue sur ces bandes enregistrées. Mais pourquoi diable ne pas recruter un vrai claviériste pour jouer en live ? De quoi me conforter dans mon opinion.

Cependant, une bonne partie du public présent semble apprécier ce groupe et répond à l’appel de leur chanteur avec enthousiasme, faisant fi de tout ce que leur attitude comporte de déjà-vu. Et la musique quant à elle ? Du heavy power metal teinté années 80 qui n’a rien d’original (certaines parties de "Eternal Fire" semblant honteusement copiées sur "The Final Countdown" de EUROPE), mais reste plutôt bien exécuté. A noter que le moment le plus sincère de ce concert artificiel est la ballade "Ghost In The Rain", où Yannis Papadopoulos abandonne un peu ses poses pour livrer un peu plus d’émotion. Et c’est, à mon sens, ce qui manque le plus au groupe : de l’émotion et de la sincérité. S’ils gommaient leurs vilains défauts de vouloir à tout prix ressembler à un JUDAS PRIEST bis, leur musique gagnerait en crédibilité. Les deux derniers titres proposés ce soir, "Blind And Frozen" et "End Of The World" ne sont pas mauvais, au demeurant, et on se laisserait même aller à un petit headbanging. Lorsque Yannis nous demande si nous sommes prêts pour la fin du show, en introduction de "End Of The World", la foule hurle de joie. Même si ce n’est pas la réponse que le groupe attendait. Sans se départir de sa bonne humeur, le frontman embraye sur un « Are you ready for the End Of The World ? », en profitant pour glisser au passage la date de sortie de leur prochain album (le 8 février 2019) et leur venue en tête d’affiche dans la capitale (le 3 mars 2019).



Suite à la prestation de BEAST IN BLACK, un rideau noir est tendu devant nous, masquant les changements de décor pour le concert de NIGHTWISH. Après une attente somme toute assez courte, le rideau tombe et apparaît la scène dont le moindre élément sert d’écran, y compris les estrades de Tuomas Holopainen, de Troy Donockley, le multi-instrmentiste, et celle du batteur Kai Hahto. La batterie, d’ailleurs, trône fièrement au fond de la scène, surélevée sur un podium royal. Un petit speech enregistré invite les fans à remonter le temps et laisser leur portable de côté pour profiter à fond du spectacle. Recommandation qui ne sera que très peu suivie, chacun le ressortant pour prendre moult photos et vidéos. Il est loin le temps où nous n’avions que nos yeux et nos oreilles pour apprécier un concert… Le compte à rebours se termine et Troy Donockley prend place sur scène pour jouer en guise d’introduction un instrumental de "Swanheart" tout en délicatesse. Puis arrive un "Dark Chest Of Wonders" fracassant qui remplace "End Of All Hope" que le groupe avait joué au Hellfest. Et c’est tant mieux car l’interprétation que nous donne Floor Jansen de ce titre est absolument parfaite. Elle s’est approprié le répertoire de Tarja et d’Anette d’une manière naturelle, donnant sa propre vision et ses émotions à fleur de peau, avec ses capacités vocales extraordinaires. Le son est extrêmement puissant et clair ce soir. Chaque instrument s’entend distinctement et la voix de Floor est sublime, alternance de rage et de douceur. Côté scénographie, outre le décor projeté qui change constamment, baignant toute la scène dans de multiples atmosphères, les effets pyrotechniques sont ébouriffants. Les premiers rangs sentent la chaleur de très près, ce qui permet de se réchauffer après de longues heures sous la pluie !...

"Wish I Had An Angel" suit cette introduction, le duo de voix entre Floor et Marco Hietala étant toujours aussi efficace. "10th Man Down", titre bien connu des fans de la première heure, est encore plus puissant que sur disque. Floor Jansen, moulée dans sa combinaison-corset très gothique, donne toute son énergie et la ferveur dans la fosse grimpe crescendo. La chanson suivante, "Come Cover Me", voit débouler devant la scène la nuée de photographes enfin autorisés à venir faire leur shooting, alors que les dernières flammes de l’attirail pyrotechnique s’éteignent lentement. Plus de risque, pour l’instant, de se voir transformé en saucisse grillée. "Gethsemane", rarement interprétée sur scène même par Tarja car très technique, est sublimée par une Floor au sommet de son art. L’un des  grands moments du show. Retour vers un passé plus proche avec "Elan" tiré du dernier album, qui fait toujours son petit effet fédérateur auprès du public, immédiatement suivi par "Sacraments Of Wilderness" où le groupe tout entier semble mû par une même énergie positive. Tuomas Holopainen, toujours aussi discret, ne s’en déboîte pas moins les vertèbres dans des headbangings furieux.

De grands sourires sont affichés sur les visages et la communion avec le public est au summum lorsque Floor nous interprète un magistral "Dead Boy’s Poem", l’instant de grâce du spectacle, à refiler des frissons de bonheur et des larmes de joie devant la pureté de cette version que tous les fans rêvaient d’entendre sur scène. De la poésie à l’état pur. La Beauté Eternelle. Troy Donockley et Tuomas se retrouvent seuls sur scène pour servir un instrumental traditionnel "Elevenjig" en guise d’introduction à "Elevenpath", chanson extraite du premier album du groupe « Angels Fall First », et la liesse dans la foule n’est pas prête de retomber avec le désormais classique "I Want My Tears Back" qui voit la fosse entière sauter comme un seul homme. Comment résister à cette envie impérieuse de danser à l’écoute de cette chanson ? Floor semble extrêmement touchée par cet élan d’énergie pure. "The Last Ride Of The Day" reçoit le même accueil, chacun reprenant en chœur les paroles.

C’est à ce moment que NIGHTWISH décide de nous ressortir celui qui est considéré comme le tout  premier single du groupe à avoir été diffusé sur les ondes, "The Carpenter", à l’origine chanté en duo par Tarja et Tuomas. A noter qu’au vu du résultat qu’il n’aimait pas, ce dernier a juré qu’il ne reprendrait plus jamais le micro. Troy le remplace donc ce soir avec sa douce voix mélodieuse, accompagné de Floor. Leur version est plutôt probante et agréable à écouter, mais il faut considérer surtout ce moment comme un cadeau fait aux fans, au risque de me faire huer, car le titre en lui-même n’est pas le meilleur de la discographie du groupe. J’aurais préféré "Crownless" bien speed au lieu de la relique qu’est "The Carpenter". Qu’à cela ne tienne, on embraye sur "The Kinslayer" qui balaye tout sur son passage, admirant le chant de Marco Hietala et le jeu de guitare d'Emppu Vuorinen qui nous régalent tous deux, matraquant des riffs bien lourds. Pendant que Floor et Tuomas se paient un petit "vin rouge", Marco nous présente la prochaine chanson comme une douce romance d’amour. Place à "Devil & The Deep Dark Ocean", un titre bien metal, musclé et couillu, fort loin d’une petite bluette.



"Nemo" et son intro au piano met le public en transe. Il s’agit tout de même de la chanson la plus connue du répertoire et le groupe ne pouvait pas faire l’impasse dessus à l’occasion de cette tournée au goût de best-of. Quant à ceux qui prétendent que NIGHTWISH n'est pas du metal, ils leur suffira de jeter une oreille sur "Slaying The Dreamer", le titre le plus incisif et violent que le claviériste ait composé, magistralement interprété par Floor ce soir. On ne slamme peut-être pas dans la fosse, mais on headbangue à tout va, dans un déluge de flammes tout droit sorties de l’enfer. Pour conclure ce set parfait, quoi de mieux que les deux pièces maîtresse du maestro Tuomas ? "The Greatest Show On Earth", qui nous plonge dans la poésie pure de la nature et le chaos crée par l’homme. Non sans remercier le public chaleureusement encore une fois, le groupe s’éclipse quelques minutes avant de revenir pour le chef d’œuvre absolu qu’est "Ghost Love Score" en guise de rappel, avec le final somptueux de Floor Jansen. Un Floorgasme qui réjouit les fans, saupoudrés d’une pluie de confettis rouges de toute beauté. Des larmes coulent, des sourires rayonnent sur des visages émerveillés, des étoiles brillent dans les âmes et dans les cœurs.

Après plus de deux heures intenses, le groupe nous quitte, laissant un public légèrement hébété, un peu désorienté par cette baffe monumentale qu’a été ce concert, mais heureux plus que jamais d’avoir assisté à l’un des meilleurs spectacle de l’année 2018. Avec cette tournée, le groupe n’avait rien à prouver, juste le plaisir de jouer et d’offrir avec talent des compositions qui n’avaient plus été entendues depuis longtemps. Pari réussi haut la main. NIGHTWISH est et reste sans conteste l’un des très grands du metal symphonique. Ne reste qu’à patienter jusqu’au prochain album…


Photos © Axelle Quétier - HARD FORCE - Portfolio


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Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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