6 avril 2019, 7:03

IRON MAIDEN

• Please Professor Maiden, teach me! (Part 12)


Si nombre de formations (la plupart même) inventent leurs textes de toutes pièces, IRON MAIDEN a depuis le départ choisi la littérature, le cinéma ou encore l’Histoire comme points d’ancrage des paroles de la plupart de ses chansons. C’est ce postulat qui fait qu’aujourd’hui, vous allez pouvoir combler éventuellement quelques lacunes et, comme cela a été le cas pour moi, apprendre quelques "trucs" qui vous feront à coup sûr briller en société ! Un album à la fois, dans l’ordre chronologique de leur sortie dans la discographie du groupe.

Un grand merci à Laurence Faure et l’aide précieuse qu’elle m’a apportée à l’élaboration de cet article.


« Brave New World » (2000)

Adrian Smith et Bruce Dickinson, le retour des fils prodigues (ou des enfants terribles aurait dit Steve Harris en 1990 et 1993 lors de leurs départs respectifs). Exit Blaze Bayley donc (alors que le guitariste Janick Gers lui, reste dans le groupe et forme désormais avec Dave Murray et “H” (surnom d’Adrian) ceux que l’on nomme affectueusement “The Three Amigos”). Et les années où le groupe peinait à remplir plus qu’un Zénith en France semblent désormais loin tandis qu’IRON MAIDEN joue à Strasbourg, Saint-Etienne et Paris pour le “Metal 2000 Tour” européen, s’apprêtant par ailleurs à devenir plus important qu’il ne l’a jamais été pendant les “golden years” entre 1980 et 1988. La pochette est l’œuvre conjointe de Derek Riggs pour la partie supérieure où l’on voit Eddie dans le ciel et Steve Stone pour la partie inférieure.

''The Wicker Man''

Ce premier titre de l’album « Brave New World » avec son implacable riff introductif, et qui fut le titre choisi comme premier single (cf. illustration plus bas) mais également pour l’ouverture des concerts de la tournée qui démarra ensuite, est tiré d’un film britannique de 1973 du même nom (Le Dieu d’osier en VF) avec notamment Christopher Lee (interprète du Comte Dracula dans de nombreux films ou de Saroumane dans la saga du Seigneur des Anneaux). Le film est lui-même une adaptation du roman Ritual écrit par David Pinner en 1967. Un remake fut tourné en 2007 avec, dans le rôle principal, Nicolas Cage (Rock, les deux Benjamin Gates, Lord Of War) et l’on suit dans ces films l’enquête du sergent Howie au sujet de la disparition d’une fillette dans l’île (fictive) de Summerisle, livrée au néo-paganisme et où les sacrifices rituels semblent avoir cours. Bloqué sur l’île et sans possibilité d’appeler du renfort, il va s’efforcer de faire la lumière sur cette disparition, mettant sa propre vie en jeu.

Lors de la tournée "Brave New World Tour 2000-2002", Bruce Dickinson, lors du rappel sur "Iron Maiden", se voyait enfermé dans un Eddie représentant le wicker man (cf. capture écran ci-dessous) où des jeunes femmes tentaient de le dévêtir, certaines allant même parfois à prendre leur rôle très au sérieux, en le griffant et en déchirant totalement ses chemises comme il l’a évoqué un jour dans une interview. 
 


 


 


 


 


''Brave New World''

Morceau-titre de cet album du nouveau millénaire, il s’appuie sur un roman d’anticipation dystopique écrit en 1931 par l’écrivain Aldous Huxley et intitulé, en français, Le Meilleur des Mondes. Cocorico, c’est du côté de Sanary-sur-Mer qu’Huxley le rédige. Le titre original du roman, Brave New World, provient d'une réplique de la pièce de théâtre La Tempête écrite par William Shakespeare, dans laquelle la phrase est ironique. La traduction française du poète et traducteur Jules Castier reprend la même ironie, mais en référence à la littérature française : le « meilleur des mondes possibles » du Candide de Voltaire. Une adaptation télévisuelle américaine a vu le jour en 1980 ainsi qu’un film en 1998 avec l’acteur Leonard Nimoy (interprète du Vulcanien Spock dans la série originelle Star Trek et quelques films du « premier équipage » de l’USS Enterprise).

Au sujet du titre de l’album, Bruce explique : « C'est en rapport avec Huxley tout simplement parce que j’ai trouvé que cela serait un titre cool pour l’album, ça permet de faire travailler l’imagination des gens, du genre : “Il veut dire quoi par-là ?”. Mais quand il a fallu écrire un titre du même nom, j’ai relu le livre et je me suis rendu compte à quel point c’était hallucinant. » La première phrase du morceau est la suivante : « Dying swans, twisted wings. Beauty not needed here » où sont évoqués des cygnes mourants. Bruce expliqua avoir lu un article au sujet de la disparition des grues au Japon (l’oiseau, pas l’engin, bande de zouaves !) où elle est considérée comme symbole national. Devant l’indifférence des autochtones, ceux-ci furent interrogés afin de savoir si cela avait un rapport avec la pollution. La réponse qu’il lut le surprit au plus haut point, comme quoi cela leur importait peu, tant que des images et des dessins subsistaient dans les musées, cela suffisait. « Le meilleur des putains de monde ! » se dit-il alors. Mais quel rapport avec ces cygnes et le roman alors qu’il n’en est fait aucune mention à aucun moment ? Le chanteur précise : « Je voulais juste une image forte qui évoque l’agonie, la mort. » Mais il est bon de signaler qu’en 1939, Aldous Huxley fit paraître un livre nommé After Many A Summer Dies The Swan (“Après de nombreux étés le cygne meurt”, traduit en VF, Jouvence). Alors ça, pour une coïncidence…
 


 


 


 


''The Fallen Angel''

« Azazel is behind you and he’s playing the game ». C’est par cette phrase que commence la chanson “L’Ange Déchu” (traduction française du titre). Mais qui est cet Azazel ?

Les anciens Chrétiens donnaient le nom d’Azazel à Satan. Il est le Gardien des Boucs, à qui les Hébreux offraient un bouc émissaire (d’où l’expression passée dans le langage courant) à la fête de l’expiation, célébrée le dixième jour du septième mois. On apportait au Grand Prêtre deux boucs qu’il tirait au sort : l’un pour Yahvé, l’autre pour Azazel. Le bouc était chargé, par imposition des mains, de tous les péchés du Peuple Elu. Puis, il était conduit dans le désert et mis en liberté, comme le décrit l’Ancien Testament : « Le bouc emportera sur lui toutes les iniquités dans une terre désolée ; il sera chassé dans le désert. » (Lévitique XVI, 22). C’est de cette tradition qu’Azazel a hérité son surnom de Souverain des Boucs. C’est aussi pourquoi ce démon est réputé vivre dans le désert. Certains textes, extrapolant ce lien avec l’animal, font d’Azazel un genre de “maître des animaux” évoquant le Cernunnos celtique ou encore le Pan hellénique. D’un point de vue biblique, Azazel est considéré comme le prince des animaux maléfiques, le maître des Se Irim, les démons velus apparentés aux Satyres qui vivent dans les déserts et dansent sur les ruines d’Edom et de Babylone en compagnie des chacals et des boucs.

Dans l’Apocalypse d’Abrahan, texte de l’Ancien Testament non retenu pour le Canon, Azazel est tour à tour identifié au Serpent tentateur et au grand dragon chargé de dévorer les réprouvés en Enfer. C’est lui qui serait venu tenter Eve en Eden. Selon Milton, dans le Paradis perdu, Azazel est le premier porte-enseigne des armées infernales. Il illustre le duel entre les forces contraires : Satan et le Christ. Il est mentionné dans la liste des principaux démons établie par le Concile de Braga (561-563), soutenu par le Pape Jean III. Lorsqu’il apparaît, Azazel prend la forme d’un homme nu, assez musclé, barbu, portant deux petites cornes frontales, accompagné d’un bouc et il porte un trident. Certains démonologues affirment qu’Azazel vole autour de nous en permanence. Dans le Livre d’Hénoch, Azazel est confondu avec Azaïel puisqu’il est dit qu’il est condamné à l’exil jusqu’au Jugement dernier et que l’Archange Raphaël l’enchaîna et le jeta dans un trou situé dans le désert de Dudael.

Bon ben voilà, vous savez tout – ou presque – sur Azazel. Interro demain, révisez bien.
 


''Out Of The Silent Planet''

Selon Bruce Dickinson, la chanson s’appuie sur Planète Interdite, un film de science-fiction américain réalisé par Fred McLeod Wilcox et sorti sur les écrans en 1956 dont le budget s’est élevé à près de 4 millions de dollars, une somme faramineuse pour l’époque. On retrouve au casting un certain Leslie Nielsen qui, bien des années plus tard, jouera le rôle du désopilant Lieutenant Frank Drebin dans la série des Y a-t-il un flic… (The Naked Gun en VO).

Se déroulant aux XXIIe siècle, Planète Interdite raconte l’histoire du vaisseau spatial C 57 D qui se pose sur la lointaine planète Altaïr 4. Une expédition dirigée par le Commandant Adams vient enquêter sur la disparition, vingt années plus tôt, du navire spatial Bellérophon et de son équipage. Les explorateurs sont accueillis par Robby, un robot ultra perfectionné qui les conduit jusqu'à la formidable demeure de l'énigmatique Docteur Morbius. Celui-ci, avec sa fille Altaïra, est le seul survivant de l'expédition précédente qui a été décimée par une force inconnue. Le Docteur Morbius explique avoir découvert qu'il y a plusieurs milliers d'années, la planète était habitée par des êtres à l'intelligence exceptionnelle, les Krells, qui ont mystérieusement disparu, laissant derrière eux des traces de leur civilisation : un cube gigantesque de plusieurs kilomètres de côté capable de fournir une énergie incommensurable.

En 2013, le film est sélectionné par la National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain pour y être conservé, comme étant « culturellement, historiquement ou esthétiquement important » selon leur communiqué. Il est l'un des premiers films de science-fiction ayant bénéficié de la couleur et du format cinémascope. Avec 2001, l'Odyssée de l'espace, il est également l'un des deux films de SF qui ont durablement marqué le genre et leur époque. Le scénario s'inspire, à l’instar du titre ''Brave New World'' comme évoqué plus haut, de La Tempête, la dernière tragédie de William Shakespeare, dont il constitue une transposition dans le genre du space opera. Aux personnages de Prospero, échoué sur une île, Ariel et Caliban, correspondent respectivement le Docteur Morbius, Robby et le monstre invisible. Le nom même du vaisseau de la première expédition, le Bellérophon, comme celui du générateur souterrain d'énergie, la Gorgone (dans la version française), sont des allusions à la mythologie grecque. Le scénario semble s’être inspiré d’œuvres classiques et de mythes antiques sans en être la transposition exacte.
 


 


 


 

Et pour clore ce douzième chapitre, la vidéo de ''The Wicker Man'', enregistrée les 5 et 6 mars 2000 dans la banlieue de Los Angeles où, pour l’occasion, ont été recrutés pour gérer ce gros budget une cinquantaine de techniciens. C’est la société de production de Quentin Tarantino (Pulp Fiction, Kill Bill vol. 1 & 2, entre autres) qui s’est chargée de l’ensemble en compagnie du réalisateur Dean Karr, qui s’occupera également du live « Rock In Rio » en 2002. Pour gérer les effets spéciaux de ce clip, ce n’est autre qu’une légende qui a été engagée en la personne du Japonais Joji Tani plus connu dans le milieu du cinéma d’horreur sous le surnom de Screaming Mad George, responsable, entre autres faits d’arme, de maquillages sur le tournage des épisodes 3 et 4 de la saga des Freddy (la pizza avec les boulettes en têtes d’humain dans Les Griffes du Cauchemar, c’est lui) ou le furieux et culte Society (Clive Barker, 1989).

Source : Rock Hard France - Olivier Rouhet
 


 


 


« Iron Maiden » (1980)
« Killers » (1981)
« The Number Of The Beast » (1982)
« Piece Of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)
« Somewhere In Time » (1986)
« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988)
« No Prayer For The Dying » (1990)
« Fear Of The Dark » (1992)
« The X Factor » (1995)
« Virtual XI » (1998)

 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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