7 avril 2019, 16:26

AEPHANEMER

• "Prokopton"

Album : Prokopton

Tel le lapin d’Alice je suis toujours en retard. Avant que mes potes d’AEPHANEMER ne me courent après déguisés en Alice sous acide, il est grand temps de parler de leur dernier né : « Prokopton ». Alors je lève mon nez de ma bière et je le plonge dans le terrier du death metal mélodique à la française.

« Prokopton » ? Euh, c’est quoi cette façon de nous alpaguer Martin Hamiche ? Ah ça parle de philosophie stoïcienne me disent Martin, Marion Bascoul et leur bande de ménestrels toulousains. Décidément, après Socrate lors du premier EP, l’injonction romano-chrétienne « Memento Mori » de leur premier album, on se dit que le death mélodique d’AEPHANEMER est des plus culturés. Moi perso, je dois avouer, à part la piqure et la luxure, je suis plus MÖTLEY CRÜE que plat thon.

Du metal philosophique mixé par Dan Swanö ? C’est intriguant.

On démarre le voyage avec le titre éponyme. Vous aimez CHILDREN OF BODOM, DARK TRANQUILITY, IN FLAMES, bref les groupes suédois qui font transpirer des nappes de claviers par-dessus des riffs qui déchirent ? Alors vous êtes à la bonne adresse. Le petit plus, c’est cet apport de musique classique propre au groupe. Ca ne sue pas des doigts, il pleut plutôt des cordes graves. Le rythme, imprimé par Mickaël Bonnevialle (également artiste d’une pochette esthétiquement réussie) et la petite nouvelle Lucie Woaye Hune à la basse, est endiablé. Dans le souverain "The Sovereign" l’ensemble des instruments porte à bout de bras la voix saturée de Marion. Marion, réelle prêtresse du genre qui nous impressionne par son growl asexué, et qui sait par moment glisser sur des refrains clairs, sur "Snowblind" notamment.

Honnêtement, il n’y a rien à redire dans cet enchaînement de morceaux de bravoure. "Dissonance Within" tabasse, franchit des frontières transgenres. Avec toujours cette avalanche de violons et violoncelles. C’est énorme !

AEPHANEMER groupe d’ouverture musicale ? Assurément. On flirte avec le black metal et le folk metal. Sacrée Marion, elle a plus d’une corde vocale à son arc. DIMMU BORGIR s’accouple avec ARKONA et ils accouchent du surpuissant "Snowblind" !

Autant cette succession de gravures épiques s’inscrit dans l’homogénéité, autant les coups de pinceaux, euh… de médiators, déposent des déclinaisons inspirées. "At Eternity's Gate" est une marche martiale médiévale hypnotique. "Back Again" fait dans la charge de cavalerie lourde, charge que rien ne saurait arrêter. Efficacité quand tu nous tiens. Le titre pourrait figurer sur le prochain AMON AMARTH. C’est épique, épique et colle aux gammes. Nous franchissons le mur du son, nous dépassons la "Bloodline", jusqu’au final exceptionnel "If I Should Die", qui clame un « sortez les violons… et les mouchoirs », car vous allez pleurer de plaisir.

Vous vous souvenez de « Memento Mori » et de tout le bien que j’en ai pensé (les mauvais élèves doivent vite l’acquérir). « Prokopton » va peut-être plus loin, un magnifique concept-album. Dans la continuité de son prédécesseur, il offre un death metal mélodique, symphonique et raffiné, d’une grande ampleur. AEPHANEMER, on peut l’affirmer à présent, est un groupe majeur de la scène metal française.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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