9 mai 2019, 7:04

ENFORCER

• "Zenith"

Album : Zenith

Cela fait déjà plus de dix ans que les Suédois ENFORCER ont entamé leur périple musical et discographique, livrant avec ce « Zenith » leur cinquième album (six si l’on compte celui enregistré en public, « Live By Fire »). Et si ce foisonnement de morceaux et d’albums à la gloire du tout puissant dieu du heavy metal était au départ fort plaisant et rafraîchissant, car fait dans l’allégresse et l’envie de rendre hommage à un genre et aux pères de celui-ci, force est de constater que plus la plaisanterie dure, moins elle est drôle car s’orientant sur des velléités de réelle carrière avec livraison régulière de disques et que cela perd donc forcément en spontanéité, j’ajouterai même sincérité.

Sur ce « Zenith », on trouve tout ce qu’il y avait déjà sur les précédents albums mais de manière tellement calculée et redondante que l’ennui est abyssal à l’issue de l’écoute des 46 minutes que dure l’album. Cette fois, l’envie de ratisser large et de surfer sur la vague pop metal, trustée pour rappel par GHOST – des Suédois eux aussi – de façon aussi éhontée fait vaciller d’emblée l’entreprise des quatre musiciens. ''Die For The Devil'' n’est rien d’autre qu’une resucée d’ambiances à la SCORPIONS période « Savage Amusement », où les Allemands avaient tenté de percer aux Etats-Unis. Mais en moins bien. ''Zenith Of The Black Sun'' est construite « à la GHOST », sans parler des claviers qu’ils ont dû leur emprunter. Misère… ''Regrets'' est une balade gênante avec ses « woho » ridicules et si vous souhaitez, Messieurs, emballer sur ce titre, préparez-vous à jardiner. Râteau assuré. On continue la descente aux Enfers avec ''Sail On'' et son refrain aux paroles ridicules et mièvres ou ''One Thousand Years Of Darkness'' nappée de claviers pop 80’s hilarants de nullité. Et là, c’est le choc. Arrive ''Thunder And Hell''. Avec un titre pareil, il aurait dommage de se louper et de continuer à s’auto parodier. Ouf, il n’en est rien. Enfin un bon titre sur cet album ! Qu’il lorgne sur le thrash fait d’ailleurs un bien fou dans ce marasme heavy de pacotille. Malheureusement, c’est le seul rescapé. Sur ''Forever We Worship The Dark'', au-delà du titre de la chanson qui devrait être réservé aux groupes de black, ENFORCER fait encore une tentative d’excursion en territoire « GHOST-ien » et fait en sorte de préparer à faire chanter le public en live. Si la tentative est louable, les ficelles sont tellement grosses que cela en devient pitoyable. Pour finir ce chemin de croix (pas renversée), ''Ode To Death'' tente une « Manowarerie » à base d’envolées grandiloquentes sur les baisses de tempi et on peut également noter un emprunt violent à HELLOWEEN sur une intonation précise dans le texte ainsi que toute la fin du morceau. Je laisse aux téméraires le soin de trouver les références.

Magnanime, je dois attribuer au crédit du groupe une interprétation sans faille et des soli maîtrisés. Pour le reste, difficile comme écrit plus haut de trouver quelque chose de positif à dire sur cet album. Je sais que nombre d’entre vous ne partageront pas du tout cet avis et vois déjà l’envolée de bois vert qui va s’abattre sur moi à la lecture de cette chronique. Qu’importe, la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe (et je précise que je ne suis pas le crapaud dans l’adage…). J’enfoncerai définitivement le dernier clou dans leur perfecto, quitte à ce qu’il s’enfonce dans leur dos, en prédisant avec certitude que malgré le titre de « Zenith », ENFORCER n’atteindra jamais ces salles françaises, du moins sur son propre nom. ENFORCER est mort, vive… euh ben non, même pas.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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