1 juillet 2019, 23:53

CORROSION OF CONFORMITY + DESERT STORM + WITCHFINDER

@ Paris (Glazart)

Après n’avoir pu assister qu’à la fin de leur concert au Hellfest l’an dernier, j’avais comme un goût de trop peu en mémoire. Avec une joie non dissimulée, j’ai donc accueilli le retour de CORROSION OF CONFORMITY (C.O.C pour les habitués) à Paris, ce lundi 1er juillet 2019 comme une faveur tombée du ciel.

Parce que CORROSION OF CONFORMITY, c’est le groupe culte de stoner metal à connaître impérativement pour tous les fans du genre. C’est aussi deux albums cultes : « Deliverance » et « Wiseblood ». C’est Pepper Keenan, le chanteur à la voix rocailleuse et bluesy, grand ami de James Hetfield. Et ce sont des compositions en béton. Lors de cette tournée, le groupe fête les 25 ans de « Deliverance » avec un set, en toute logique, bâti sur les meilleurs extraits de cet album (pas moins de six titres sont joués ce soir) et sur quelques autres absolument indispensables. Une tournée au goût de madeleine de Proust. Et comme c’est bon de revivre les premiers émois vécus à l’écoute de C.O.C il y a plus de vingt ans.

La salle qui les reçoit ce soir est le Glazart, petite salle bizarrement foutue, avec une scène très étroite et une salle toute en profondeur, dans un quartier pas très accueillant, où l’on n’a pas envie de flâner après la sortie du concert. Mais cependant, les connaisseurs se sont déplacés en masse pour ce concert qui affiche sold-out.
 


A 19h30 débute le groupe de première partie, WITCHFINDER, un trio clermontois de stoner doom qui vient de sortir au printemps son deuxième album, « Hazy Rites », interprété dans son intégralité ce soir, sauf une chanson, nous précise le chanteur/bassiste, Clément. Ça joue fort, très fort même, à tel point que l’on peine à entendre la voix du chanteur, couverte par les trois instruments. Cela dit, les titres sont musicalement bien structurés et exécutés proprement, ce qui permet de constater que le groupe propose un doom bien lourd qui tient la route. Les spectateurs présents, bien qu’encore peu nombreux à cette heure, apprécient le travail du trio auvergnat et les acclament chaleureusement.
 


S’ensuit le deuxième groupe à l’affiche ce soir, DESERT STORM, un quintette de stoner formé en 2007, originaire d’Oxford au Royaume-Uni, qui a déjà cinq albums à son actif. Autrement dit, des habitués de la scène. Et en effet, ces cinq-là vont envoyer du pâté pendant une bonne heure. Le public ne s’y trompe pas, leur réservant un accueil extrêmement enthousiaste et mérité. La voix caverneuse du chanteur Matt Ryan ainsi que son énergie communicative vont rallier tous les spectateurs présents. Le vocaliste est soutenu par une rythmique en béton avec Elliot Cole à la batterie et Chris Benoist à la basse, et les guitares tranchantes de Ryan Cole et Chris White. Leurs compos sont vives et puissantes, avec une lourdeur qui distille une belle force mais toujours mélodique. Après un début de set où la voix de Matt Ryan est un peu noyée derrière les instruments, le problème est vite résolu et nous profitons comme il se doit de leur très bonne prestation. Je ne peux que fortement vous conseiller de jeter une oreille attentive sur les productions du groupe, notamment son dernier album, « Sentinels », sorti en 2018 et toujours disponible sur son Bandcamp. Une bien belle découverte.

Avec à peine cinq petites minutes de retard sur le planning annoncé, c’est à 22h05 que CORROSION OF CONFORMITY entre sur scène dans une salle transformée en étuve. Et la température ne cessera de grimper pendant leur set, amenant Pepper Keenan à nous dire que c’est comme la Louisiane, ce soir. C’est dire à quel point le groupe était attendu. Et le public ne sera pas déçu, les quatre musiciens nous offrant un set superbe de bout en bout. Après une intro instrumentale qui n’est autre que "Mano De Mono" de l’album « Deliverance », C.O.C nous balance sa suite logique, celle présente sur le CD : "Seven Days", immédiatement suivie de l’excellente "Señor Limipo" et son génial refrain (« Dirty King, Dirty King, Now you’re shrapped in for the ride, It’s hard to be a fighter when your hands are always tied »). Une petite incartade du côté de l’album « In The Arms Of God » avec le groovy "It Is That Way" avant que le groupe reparte sur la période « Deliverance ». "Heaven’s Not Overflowing", puis l’incontournable "Albatross" et le speedé "My Grai " nous sont servis aux petits oignons. Le son est fort, heavy et gras à souhait, et chaque instrument s’entend distinctement. La voix de Pepper Keenan navigue entre douceur mélancolique et agressivité rugueuse. Le leader est très en forme, communiquant et plaisantant avec le public. Ce soir, la communion est belle et bien présente. La très émouvante "13 Angels", issue de l’excellent album « America’s Volume Dealer », est la pause douceur de cette soirée, mais la température ne baisse pas d’un iota pour autant.
 


Avec "Diablo Blvd", l’énergie est même repartie de plus belle pour atteindre son paroxysme avec "Vote With A Bullet" tiré de l’album « Blind » qui déclenche un joyeux pogo dans la salle. "Wiseblood", du génial album du même nom, permet de continuer sur la même lancée : pogos et headbangings à tout va, la configuration de la salle ne permettant pas vraiment d’exécuter les traditionnels circle pits et walls of death. Mon seul regret sera de ne pas avoir eu droit à d’autres extraits de cette merveille de CD, tels les très speeds et efficaces "The Door" ou "King Of The Rotten". Qu’à cela ne tienne, pour conclure la soirée, CORROSION OF CONFORMITY nous envoie "Who’s Got The Fire" après que Pepper, taquin, nous a demandé si nous avions suffisamment chaud… Pour seul et unique rappel, "Clean My Wounds", l’indispensable titre et aussi le plus connu du groupe, nous est servi sur un plateau, avec les prolongations qui permettent au chanteur de faire les présentations du groupe : Mike Dean à la basse, Woody Weatherman à la guitare et aux chœurs et Reed Mullin à la batterie, et se présentant lui-même en français dans le texte : « Je m’appelle Poivre » ! (D’ailleurs, une petite anecdote au sujet de "Clean My Wounds" : je me souviens de la lecture d’une interview donnée il y a fort longtemps dans laquelle les membres du  groupe disaient avoir été très flattés de savoir qu’une strip-teaseuse utilisait ce titre pour son show.) Les réactions enthousiastes et les acclamations fournies du public sont un très bon baromètre de l’excellent spectacle que C.O.C vient de nous donner. Un bel élan réunissant spectateurs et groupe dans une même ferveur.

Ainsi s’achève cette soirée à marquer d’une pierre blanche, malgré la chaleur à crever. Un concert mémorable qui fait regretter que CORROSION OF CONFORMITY ne remplisse pas de salle plus grande, à la hauteur de leur immense talent. Mais comme souvent, il ne dépend qu’à nous, public, de faire en sorte que le groupe ait la place qu’il mérite.

Retrouvez le portfolio ici.
 

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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