Quelle crédibilité peut représenter un groupe de thrash qui sort un album flambant neuf après 23 ans d’abstinence ? Surtout un album dans un format extrêmement court proche de la supercherie (8 titres seulement), est-ce que ça fait vraiment sérieux ? Pire : si on considère que le guitariste fondateur Jason Rainey ne fait même plus partie du line-up actuel, quelles chances a-t-on de retrouver le SACRED REICH de la grande époque aujourd’hui ? Et on se garde d'évoquer le split récemment sorti avec IRON REAGAN qui les voit tout bonnement s'aventurer dans le hardcore ("Don’t Do It Donnie"), pour le fun on l’espère, ni le coup de la reformation "spéciale tournée des festivals européens" qu’on nous sert copieusement à chaque été, mode à laquelle la formation américaine n'a pas échappé.
Avouons-le : tout ça a de quoi laisser perplexe !
Mais d’un autre côté mieux vaut 8 titres bien béton (ce qui est plutôt le cas ici) que 3 bons titres, 2 instrumentaux bouche-trous et 8 autres complètement passables. Et franchement plus que tout : ça met la banane d’entendre à nouveau le style unique de SACRED REICH inséparable du timbre de voix de Phil Rind, le légendaire bassiste/chanteur, reconnaissable entre mille !!! Le plaisir est d’autant plus immense que certains titres particulièrement efficaces le mettent en valeur comme "Divide & Conquer" au refrain imparable, le titre éponyme et surtout "Killing Machine". Assurément de futurs classiques à rajouter au répertoire de SACRED REICH ! Le reste de la track-list ne dépareille pas non plus, plutôt correct sans être transcendant. En tout cas ça ne donne pas envie de passer rapidement au titre suivant, ce qui est en général plutôt bon signe.
On pourra également saluer le retour de Dave McClain (ex-MACHINE HEAD) à la batterie, le remplacement discret du guitariste rythmique Jason Rainey par Joey Radziwill qui fait au moins aussi bien que son prédécesseur et surtout les parties solo magistrales de Wiley Arnett qui n’a visiblement pas fait que du tricot avec ses doigts durant ses années d’inactivité (écoutez donc celui de "Manifest Reality" sur lequel plane l’ombre de Kirk Hammett, vous m’en direz des nouvelles !).
Le retour de SACRED REICH est finalement une bonne (petite) surprise.