OPETH, en tant que maîtres du progressif suédois, assouvissent à intervalles très réguliers les désirs des fans du genre. Grâce à 13 albums en presque un quart de siècle de carrière, le groupe montre une inspiration sans faille. Et ce n'est pas « In Cauda Venenum » qui nous fera douter du talent d'OPETH tant les mélodies qu'ils répandent tiennent plutôt du nectar que du venin.
Tout d'abord, notons que « In Cauda Venenum » sort en deux versions : l'une chantée en suédois, l'autre en anglais. Il contient 10 titres pour presque 70 minutes de rock/metal progressif. Voilà pour le côté factuel. Évidemment, OPETH est bien plus que des éléments terre à terre alors ajoutons que là où le précédent « Sorceress » présentait un côté freestyle prononcé, « In Cauda Venenum » est lui, beaucoup plus direct donc fatalement plus accessible. Même heavy parfois comme sur le très rythmé "Heart In Hand" avec sa basse omniprésente et son outro acoustique d'une grande finesse.
Si on en croit l'adage « In Cauda Venenum » qui signifie « le poison au bout de la queue », on pourrait croire qu'OPETH prévoit le pire à venir. A l'écoute de l'album, on est pourtant sûr qu'on touche au meilleur. On y retrouve tout ce qui fait le charme d'OPETH, à savoir la subtile association de l'acoustique et de l'électrique, des riffs alambiqués et des envolées mélodiques, un chant presque lyrique qui se veut brutal sur certains passages, des atmosphères sombres, le tout amenant progressivement l'auditeur dans un doux état de catharsis.
Le heavy "Heart In Hand" côtoie sans heurts le très joli et mélodique "Lovelorn Crime", presque déchirant. L'épique "Universal Truth" partage le haut du panier avec l'original "Charlatan" et toute sa deuxième partie récitée avec une voix d'enfant pour terminer sur des chants monastiques. L'extrêmement jazzy "The Garroter" est suivi de "Continuum" au swing indéniable. L'album de termine par l'excellent et entreprenant "All Things Will Pass" au riff entêtant.
Avec « In Cauda Venenum », la bande à Åkerfeldt réussit à nouveau à créer une réelle émotion chez ses auditeurs. OPETH sait se moderniser tout en restant fidèle à sa façon de composer. Cette fois, en plus d'expérimentations très à propos, le groupe renoue avec des structures telles qu'on pouvait les entendre sur « Pale Communion ». Assez conventionnelles peut-être mais surtout très envoûtantes. Le serpent ne se mord pas encore la queue.