31 janvier 2020, 19:10

NECROWRETCH

• Interview Vlad Gutsfucker

Blogger : Clément
par Clément

A peine trois ans après avoir sorti un « Satanic Slavery » en tout point recommandable (chronique), le trio français NECROWRETCH est de retour aux commandes de son vaisseau de l’enfer avec « The Ones From Hell ». Un nouvel album qui annonce une évolution de son black/death originel vers quelque chose de plus mystique et d’encore plus obscur qui ne pouvait décemment rester plus longtemps dans l’ombre. Vlad (fondateur et seul membre d’origine encore actif au sein du groupe) a choisi de lever le voile sur la bête en compagnie de HARD FORCE, une occasion idéale pour dresser au passage un état des lieux de l’ambiance qui règne au sein de NECROWRETCH à quelques jours de la sortie de son quatrième méfait.

Et comme celle-ci est prévue pour le 14 février... voilà qui comblera à coup sûr les envies de metal de votre tendre moitié pour la Saint Valentin !
 

Salut Vlad ! « Satanic Slavery » est sorti en avril 2017  et te revoilà déjà aux commandes d’un nouvel album de NECROWRETCH. Quelles ont été tes sources d’inspiration pour remettre le couvert dans la foulée ?
Salut Clément. En fait c’est assez simple : chez NECROWRETCH, les couverts ne sont jamais rangés bien longtemps et quand bien même ils le seraient…nous mangerions alors avec les doigts ! Ce que je veux dire par là, c'est que le groupe est toujours en activité que ce soit sur la composition de nouveaux morceaux, la promotion ou l’organisation de concerts. Je me suis cependant octroyé un petit temps de pause pour digérer le précédent album afin d’écrire son successeur qui puisse innover et repousser les limites encore au-delà du possible. L’inspiration principale du groupe étant toujours le metal extrême dans ses nombreuses expressions… mais aussi le dégout de l’humanité en général.

Ton périple à Istanbul a-t-il joué un rôle important dans la conception de ce nouvel album ?
Oui, je me devais de changer d’environnement et ainsi me plonger dans un monde sans mes repères habituels afin d’écrire un album qui propose une véritable évolution. Les goûts, les couleurs, les odeurs, les rythmes quotidiens influencent ma façon de penser et d’écrire la musique. Même si nous avons toujours à l’esprit de jouer ce mélange de death et de black metal, c’est vraiment un nouveau chapitre qui s’ouvre pour NECROWRETCH avec un album qui mise avant tout sur des ambiances invitant le voyageur... à un voyage sans retour.

Les premiers morceaux issus de ce nouvel album proposent une palette d’influences très large dans le death metal, n’hésitant pas à incorporer des éléments thrash, doom et black…
L’album est composé en deux actes qui correspondent aux deux faces du disque vinyle. Chaque acte possède son début et sa fin même si les morceaux peuvent aussi s’écouter séparément. L’acte I est la venue des messagers de l’enfer tandis que l’acte II incarne la descente aux enfers. Quant à la palette d’influences que nous utilisons, celle-ci vont de CANDLEMASS à SARCOFAGO ! Elles sont bien entendues présentes tout au long de ce disque mais je préfère les voir comme des riffs de NECROWRETCH, une sorte d’hybride black/death pas vraiment définie… mais clairement identifiable !

L’artwork insiste sur le côté mystique, ésotérique du groupe. Celui-ci est assez éloigné de ce que Daniel Corcuera avait réalisé pour l’album précédent…
En effet j’ai été conquis par les œuvres que Stefan Thanneur a réalisées pour son groupe CHAOS ECHOES et j’étais vraiment curieux de connaître sa vision artistique autour de NECROWRETCH et de son univers infernal. L’idée était simplement d’avoir un artwork puissant et évocateur, dans un thème "oriental" au sens large du terme. Nous avons tout de suite été conquis par ce visage de démon et la puissance qui en émane. C’est justement parce que ce travail graphique diffère de tout ce que nous avons pu faire par le passé qu’il colle parfaitement à l’album et à l’évolution du groupe.

Le morceau proposé en avant-première, "The Ones From Hel", possède une lourdeur rythmique, un côté presque théâtral qui lui confèrent une identité à part… diffère-t-il du reste de l’album ?
Le morceau éponyme est bien souvent l’atout d’un album et "The Ones From Hell" ne se soustrait pas à la règle. Mais tous les titres de l’album possèdent leurs propres ambiances et leurs lots de riffs mortels ! J’invite vraiment les lecteurs à écouter cet album d’une traite, que ce soit au format physique ou digital pour se plonger corps et à âme dans notre univers.



Avec le recul, quel regard portes-tu sur tes premières démos sorties en 2008, 2009 et 2010 ? Les rééditions par Detest puis Century Media ont-elles permis de les exposer plus largement ?
La réédition de ces démos est avant tout là pour présenter le groupe et permettre de faire connaitre les prémices de son projet musical. De ce point de vue, cela a vraiment fonctionné car le groupe a très vite progressé depuis la sortie de ces démos. En ce qui concerne le son et les compositions, celles-ci traduisent avant tout les moyens et le niveau technique dont nous disposions à l’époque. Pour être honnête, je ne les écoute plus vraiment aujourd’hui mais j’en reste malgré tout très fier, c’est une partie indéniable de l’histoire du groupe !

Un live, « Welcome To Your Funeral » est également sorti chez Triumph ov Death l’année dernière, peux-tu nous en dire plus à son sujet ?
Oui cet album live n’est disponible qu’en vinyl à 500 copies ainsi qu’en digital. C’est un véritable ovni dans la discographie du groupe, une manifestation brute de ce que NECROWRETCH a produit pendant plus de dix ans de carrière. Nous n’avons pas cherché à trafiquer le son ou à recaler des parties, ici le mot d’ordre est de privilégier la performance et l’énergie. L’idée était vraiment de capturer le groupe à un instant T de sa vie et ainsi de clore le chapitre de cette première décennie d’activité. Je tiens d’ailleurs à remercier Triumph ov Death pour le super travail que le label a effectué sur cette édition.

En passant un coup d’œil dans le rétroviseur nous constatons que tu es le seul membre d’origine depuis la création du groupe en 2008, qu’est-ce qui te donnes l’énergie d’avancer au quotidien avec NECROWRETCH ?
Le groupe est tellement lié à mon existence qu’il est impensable pour moi de m’en éloigner. Je pense que c’est pareil avec beaucoup de formations d’ailleurs, nous voyons souvent des line-up qui changent mais un membre pivot tient toujours le gouvernail et fixe le cap à suivre pour le groupe. Pour autant je refuse que NECROWRETCH soit considéré comme « Vlad & co », nous sommes une équipe à part entière et ce peu importe l’ordre d’arrivée des éléments au sein du groupe. Rien n’aurait été possible sans l’implication de chacun d’entre eux.



© Leonor Ananké | Season Of Mist​


Comme NECROWRETCH est un trio, est-il plus simple de gérer les choses à trois pour les étapes de composition ?
Oui puisque je m’occupe seul de la composition des morceaux puis nous retravaillons certains aspects tous les trois en studio. Pour ce qui est du live nous sommes toujours à quatre depuis plusieurs années maintenant. Pierrick nous a rejoint récemment à la basse et les futurs concerts se feront donc sous le format suivant : Vlad – Ilmar – Wence et donc Pierrick.

Lors de la sortie de « Satanic Slavery », j’évoquais le fait que rarement une année n’avait été aussi prolifique pour la scène death metal tricolore. 2019 est aussi du même acabit avec de très belles sorties, qu’est-ce qui t’a fait vibrer dernièrement ?
Je n’ai pas vraiment eu le temps de me pencher sur les sorties récentes de groupes français. Côté "international", j’ai beaucoup aimé le dernier album de BEHEMOTH, de MGLA ou celui d’ENTHRONED. J’attends également avec impatience le nouvel album des indonésiens d’EXHUMATION car ce groupe a vraiment une aura vraiment malsaine, puissante et j’invite d’ailleurs tous les lecteurs de HARD FORCE à la recherche de sensations fortes à y jeter une oreille…

Pas mal de choses ont bougé depuis que tu as débuté ta carrière métallique dans les années 2000, qu’est-ce qui t’as le plus marqué en terme d’évolution en tant que musicien pro mais aussi en tant que « consommateur » ?
Tout va très – trop – vite aujourd’hui. Je me souviens encore de l’époque de MySpace et de ces toutes petites promotions par e-mails groupés. À présent la durée de vie d’un album en terme de promo est très courte, il y a beaucoup de concurrence et tout le monde est spammé de nouvelles sorties et d’affiches de festivals sold-out à longueur de temps. C’est la même chose pour toutes ces reformations de groupes, ça en devient vraiment ridicule par moment.

Encore merci pour ta disponibilité, ces dernières lignes sont les tiennes…
Rendez-vous en enfer !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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