2020 aura été particulière pour le monde du spectacle et le Wacken Open Air n'a pas été en reste puisqu'en raison de la pandémie, l'édition de cette année a dû être annulée. Mais grâce à un peu d'ingéniosité et beaucoup d'huile de coude, le festival allemand a pu tout de même prendre place en ligne avec le Wacken World Wide qui a eu lieu du 29 juillet au 1er août. Plus qu'un live-stream, un réel show a été créé avec des techniques dernier cri et des organisateurs plus que dévoués. C'est un véritable festival interactif qui pu avoir lieu et qui est toujours visible sur Wacken-world-wide.com. Thomas Jensen, cofondateur de ce festival mythique, revient avec nous sur ce moment particulier et nous dévoile de quoi sera fait 2021, forcément différente de ce qui a été vécu jusqu'à présent.
C'est une année très difficile pour tout le monde, en particulier pour le monde de la musique et du spectacle. Comment vas-tu en cette période ?
Thomas Jensen : Eh bien c'est vraiment dur. Dur pour tout le monde, pour moi, pour les organisateurs, pour tous les membres de l'équipe du Wacken. C'est un vrai désastre pour les musiciens et les fans aussi que nous n'ayons pas pu faire une vraie édition de W:O:A. Mais nous nous devons d'appliquer les restrictions en cours. C'est difficile, mais je ne vois pas comment nous aurions pu faire autrement.
Quand et comment as-tu réalisé que l'édition 2020 ne pourrait pas se tenir ?
Au début du mois de mars, on pouvait déjà voir les signes de la dégradation de la situation. Je voulais partir en vacances et il était déjà difficile de voyager. De plus, des événements en Autriche et en Italie avaient été annulés. On a quand même attendu jusqu'au dernier moment en se disant qu'on trouverait une solution. On est toujours plein d'espoir ! Mais au milieu du mois d'avril, les autorités locales de Kiel desquelles dépend le festival ont annoncé que tous les grands festivals et rassemblements seraient annulés jusqu'à la fin du mois d'août. Et là, c'était fini. Si ni les groupes ni les fans ne peuvent voyager, on ne peut bien sûr pas organiser un festival de la taille du Wacken. Mais on a tout de suite réfléchi à une solution et aux possibilités qui s'offraient à nous.
Et du coup comment t'est venue la décision de faire une édition en ligne du Wacken Open Air ?
En fait l'idée est venue d'une émission de radio où une dame intervenait en disant que si l'édition du Wacken était annulée, tant pis, elle prendrait son drapeau, mettrait son plus beau T-shirt de metal, achèterait un pack de bière et regarderait des DVD du Wacken. C'était une séquence pleine d'émotions, j'aime bien cette attitude de « Je m'en fous, je le ferai quand même ! ». J'ai donc dit à l'équipe que nous devions faire quelque chose pour les fans qui attendent le Wacken avec impatience chaque année. Rapidement, l'idée nous est venue que si les fans ne pouvaient pas venir au Wacken, Wacken irait chez les fans !
Après, tout le monde a eu des idées de fous ! Mais c'est ce qu'on aime. Ce qui est bien, c'est que les chaînes de télé et les media en général ont proposé leur aide. Et puis, même avant la pandémie, on a toujours été au point avec la technique, avec la mise en ligne de vidéos... On aime faire compliqué ! Même si j'ai une équipe géniale, j'étais un peu nerveux à l'idée de cette première édition du festival en ligne car il y a tellement de petites choses qui peuvent ne pas fonctionner... et personne n'avait d'expérience. Mais en fin de compte, le résultat est totalement génial, au-delà même de mes espérances ! On est vraiment bien entourés. Et les journalistes ont fait un super boulot aussi car il a fallu promouvoir l'événement en très peu de temps. Et ils ne savaient pas si ce serait une bonne expérience ou non. Il a fallu beaucoup de confiance de la part de tous les acteurs. Mais c'était une expérience fantastique.
Et tu sais combien de personnes ont suivi le festival en ligne ?
Oui, 11 millions ! C'est énorme !
C'était un festival très interactif avec les "peer camps", par exemple...
Oui, on aurait voulu que ce le soit encore plus, on avait plein d'idées mais c'était déjà difficile de mettre en place toutes ces séquences. Mais du coup, on est très contents de ce qui a été réalisé.
Tu penses que ce genre d'événement va se pérenniser ?
Oui, je pense vraiment que cela ne remplacera pas le vrai festival, mais que tous les ans, nous aurons ce genre d'expérience, que nous avions déjà réalisée avec les Wacken TV par exemple. Ce genre d'événement permet de garder le lien entre tous les acteurs du metal et donne l'occasion à tout le monde d'accéder à Wacken. Il est très important que la scène metal reste en cohésion et que tout le monde soutienne les artistes et les festivals.
Les artistes ont d'ailleurs beaucoup soutenu Wacken cette année, c'est chouette pour vous !
Oui, c'est incroyable ! Cela montre vraiment à quel point la scène metal est généreuse. Je pense vraiment que nous faisons partie d'une communauté fantastique. Je suis fier d'en être un petit acteur à mon niveau. C'est une famille dont je suis fier ! Je suis fier des fans aussi, du Wacken mais aussi des autres festivals. Ils sont vraiment cool !
En parlant des fans, avant le festival, vous aviez mis en ligne des messages sur Facebook notamment, demandant aux fans de ne pas se rendre sur le site de Wacken car les conditions ne seraient pas réunies pour les accueillir. Ont-ils été respectueux de cette demande ?
Il y en a toujours qui viennent au village car on a une brasserie et un petit magasin, mais pendant le week-end où le Wacken aurait dû se dérouler, il n'y a pas eu de débordement, les fans ont été très respectueux.
Peux-tu nous parler un peu de l'édition 2021 ?
On a dû changer notre devise et on partira sur un concept différent en 2021. Tu peux d'ailleurs voir un aperçu de ce que l'on prévoit sur le site Wacken-world-wide.com. Ce sera... horrifique ! On a déjà la confirmation de la venue de certains groupes comme JUDAS PRIEST, DROPKICK MURPHYS, qui viennent pour la première fois, ROSE TATTOO, LORDI, qui correspond très bien au nouveau concept, VENOM, Tarje, HÄMATOM, DEATH SS et aussi MOONSPELL et AS I LAY DYING. Il faudra rester connecter sur le site pour en savoir plus dans les semaines à venir et découvrir aussi de nouveaux contenus du Wacken World Wide. On vous attend nombreux l'an prochain : « RAIN OR SHINE » ! Mais cette fois, il fera beau !
