3 novembre 2020, 20:15

SÓLSTAFIR

• Interview Aðalbjörn "Addi" Tryggvason


Les groupes islandais sont rares, donc précieux et SÓLSTAFIR fait partie des formations que l'on aime suivre grâce à leurs particularité. Leur atmosphère, leur style si personnel, leur mélange des genres font de chaque album un nouveau voyage. Ils reviennent cette année avec un superbe « Endless Twilight Of Codependent Love » aussi novateur qu'intéressant. Le chanteur Aðalbjörn "Addi"​ Tryggvason nous en parle avec objectivité et espoir de pouvoir le faire découvrir en live au plus vite.
 

Tout d'abord, comment vas-tu ?
Je vais bien merci ! J'ai un truc à te dire : tu sais que j'ai plein d'amis en France ? A Paris, à Marseille et puis les gens de Season Of Mist bien sûr ! Je connais bien ton pays. La première fois que je suis venu, c'était en 1997 avec ma maman et ma sœur. C'était mon cadeau d'anniversaire, un voyage à Paris ! On a visité les musées comme le Louvre et Pompidou... mais c'est le même week-end où Lady Diana est morte sous le Pont de l'Alma. Voilà un souvenir étrange.

Oui, c'est sûr. Cela doit te laisser une drôle de sensation...
Oui, en effet. Mais j'adore votre pays quand même.

Bon, tant mieux ! Parlons un peu de musique alors. Votre nouvel album, « Endless Twilight Of Codependent Love », va sortir. A-t-il été reporté à cause de la crise ou est-ce sa date de sortie initiale ?
Il aurait dû sortir en septembre ou octobre mais à cause de la pendémie, l'enregistrement a été un peu plus long que prévu et tout s'est un peu ralenti. Le label a dit que ce n'était pas la peine de se presser, alors il a pris un ou deux mois de retard, ce qui n'est pas très grave.

Cet album est très profond et plein de significations. Peux-tu déjà nous parler de la pochette qui est une œuvre d'art ?
Oui, elle représente La Dame de Montagnes qui est la personnification de l'Islande. C'est un peu comme votre Marianne. La pochette est une peinture que personne n'avait jamais vue auparavant car elle a été entreposée dans un musée au Pays de Galles pendant de nombreuses années. Nous pouvions en voir seulement des images en noir et blanc dans les livres. Personne n'en avait jamais vu la couleur ! Et l'an passé, ils ont trouvé cette peinture et les journaux en ont publié des photos en couleur, bien sûr. Et je me suis dit que c'était la plus jolie chose que j'avais jamais vue ! Elle n'a donc pas été réalisée pour nous, mais j'adore ce qu'elle représente même si cela n'a rien à voir avec nos chansons ou nos paroles.

SÓLSTAFIR a presque 25 ans de carrière. Te souviens-tu de ce qui t'a donné envie de faire de la musique ?
Je pense que tout a commencé quand j'ai acheté « Cause Of Death » d'OBITUARY. J'ai tout de suite pensé que ces mecs avaient le feu en eux ! Et leurs concerts étaient géniaux. Quand nous avons sorti notre premier album, je voulais faire pareil. Mais ce n'est jamais arrivé... Bien sûr, quand nous partons en tournée maintenant, on est payés pour notre travail, mais on ne peut pas en vivre. Alors je ne me plains pas, mais c'est juste pour dire que le succès ne vient pas en un week-end. Il faut des années, en l’occurrence 25 ans pour nous ! On a eu des moments difficiles mais on a toujours continué. La récompense, ce sont les festivals où tu peux toucher 50 000 personnes et, bien sûr, la reconnaissance des fans.

L'album a été enregistré au Sundlaugin Studio à nouveau. Vous faites vraiment confiance à ce studio ?
Oui, cela fait une dizaine d'années que nous y travaillons. On y a déjà enregistré « Svartir Sandar » en 2011, « Ótta » en 2013 et aussi « Berdreyminn ». C'est un super studio, à 15 minutes de Reykjavik. Il y coule une petite rivière, il y a un petit lac, une forêt, c'est un endroit très paisible avec un vrai esprit.

« Endless Twilight Of Codependent Love » est un album assez long, comme son titre. Vous êtes très productifs. Quelles sont vos sources d'inspiration ?
On a toujours fait des chansons longues et des albums longs, les chansons courtes font pour nous 6 ou 7 minutes ! On a toujours écrit avec une certaine méthode, dans un temps très court. On se réunit et on écrit, on écrit, on écrit. Cela prend du temps d'écrire de bonnes chansons et on passe parfois des mois à écrire une chanson. Mais d'autres ont été écrites en une heure. Cela dépend.

Cet album semble plus personnel. Il parle du monde environnant, de problèmes personnels. Il parle plus de la réalité que les précédents, non ?
Je ne sais pas... les précédents étaient très personnels aussi. En fait, depuis 2009, depuis que je chante à la voix claire, j'ai l'impression que nos chansons sont plus personnelles. Ce qui change peut-être sur cet album, c'est que chacun peut le prendre de façon plus personnelle : il peut parler d'une personne que l'on connaît ou d'une situation qu'on a vécue.

Est-ce que le fait de chanter dans ta langue maternelle rend les paroles plus authentiques ?
Oui, évidemment. Cela m'a paru très pertinent depuis l'album « Köld » en fait. Avant, j'étais très timide, renfermé. Et le fait d'utiliser des vocaux clairs rend les chansons plus authentiques aussi. Ce sont les autres membres du groupe qui m'ont encouragé en ce sens aussi. Chanter dans ta propre langue rend les paroles plus directes. Je parle en islandais, je lis en islandais, je pense en islandais, j'appelle ma maman en islandais... Donc c'est d'autant plus pertinent pour moi, même si nous avons quelques chansons en anglais dans notre répertoire.

D'ailleurs, même si les paroles de vos chansons sont en islandais, vous arrivez à véhiculer un message, à faire participer votre public à votre univers. Vous devez être fiers d'arriver à véhiculer vos émotions sans passer par l'anglais.
Je crois que la musique suffit à faire passer des émotions, il n'y a pas besoin de paroles ou d'une langue particulière. La voix suffit. Je peux écouter un opéra en italien et ne rien comprendre à ce qui est dit et pourtant avoir la chair de poule.

J'ai vu qu'il y aurait deux chansons bonus. Est-ce qu'elles paraîtront sur des formats spéciaux ?
Oui, elles seront sur la version vinyle de l'album.

Mélanger du post-rock, du black metal, du shoegaze semble très naturel pour vous. Est-ce que l'expérience aide à obtenir de la fluidité entre les différents styles ?
Oui, on aime des styles de musique très différents, donc pour nous, il est très naturel de les mélanger pour tirer le meilleur de toutes ces atmosphères. On écoute aussi bien Ennio Morricone, THE SMASHING PUMPKINS, PINK FLOYD bien sûr, ALICE IN CHAINS, mais aussi des groupes de black metal. Pour nous, ça a toujours été naturel de tirer nos influences de tout cela. Et cela évite de stagner. La stagnation est une mort artistique.

Est-ce que SÓLSTAFIR est sans limite ?
Oui ! Enfin, attention, dans la limite de la musique que nous aimons !


Ecoutez l'album de SÓLSTAFIR dans son intégralité avant sa sortie ce 6 novembre chez Season Of Mist


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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