21 janvier 2021, 17:45

THERION

• Interview Christofer Johnsson

THERION évolue depuis toujours dans un univers d'opera metal grandiloquent et théâtral. Après la sortie du très impressionnant « Beloved Antichrist », il était difficile d'imaginer comment le groupe suédois pourrait créer quelque chose d'encore plus unique. C'est pourtant cette année que revient THERION avec son imposant « Leviathan », 17e album d'une carrière bien remplie. Christofer Johnsson, tête pensante prolixe du groupe, nous raconte l'histoire de titres voués à devenir des hymnes, eux aussi, grâce en fait à une trilogie dont « Leviathan » n'est que le premier volet. Affaire à suivre, donc !


Alors, comment se passe cette période de confinement pour toi ? Tu as pu enregistrer facilement ?
Eh bien en fait, pas tellement différemment de ma vie habituelle. J'en profite pour composer et jouer de la musique et nous avons enregistré notre nouvel album. Donc j'ai été très occupé. C'est ce qui a été le plus difficile. Nous avons enregistré nos parties instrumentales à différents endroits du monde : Suède, Israël, Malte, Argentine, Roumanie, Espagne, USA... et j'en passe ! C'est d'un côté un inconvénient car bien sûr, c'est plus cher, mais c'est aussi un vrai travail d'équipe car j'ai été obligé de faire confiance à chacun pour faire de son mieux et ne pas avoir à recommencer les prises plusieurs fois. La plupart du temps, cela a bien fonctionné. Et puis en plus, ça permettait à tout le monde de travailler en même temps, donc de gagner en productivité. J'ai pu tout éditer et monter assez facilement et efficacement. On a donc finalement enregistré l'album plus rapidement qu'en temps normal, donc c'est pas mal !

Peux-tu nous parler de la façon dont tu as créé « Leviathan » ?
On a enregistré plus de 40 morceaux et « Leviathan » est en fait le premier album d'une trilogie. En fait, après l'enregistrement de « Beloved Antichrist », je me suis senti vidé. J'avais l'impression d'avoir fait le tour de tout ce que je voulais présenter aux fans. Cela fait 33 ans que je fais tout ce dont j'ai envie musicalement et c'est de là que l'idée m'est venue. J'ai fait tout ce que j'ai voulu et si les fans aimaient tant mieux. Mais pourquoi ne pas enregistrer maintenant un album que les fans attendent ? Essayons de composer un album fait de tubes, de chansons typiquement THERION ! Des classiques, des titres populaires. On a donc écouté les morceaux les plus populaires de THERION et on essayé de repérer ce qui en faisait des hits. On a donc essayé de recréer de nouvelles recettes avec de vieux ingrédients car le but n'était bien sûr pas de refaire des chansons qu'on a déjà proposées. On a été vraiment très inspirés ! D'où les 40 titres écrits ! Et on s'est rendu compte qu'il existe trois catégories de chansons que les gens aiment : les chansons grandiloquentes, épiques et c'est ce qui figure sur « Leviathan », et des chansons plus sombres, plus mélancoliques, plus calmes, un peu comme sur « Vovin ». Ces chansons seront sur « Leviathan II ». Et enfin, les fans les plus dévoués, qui achèteraient n'importe quoi de THERION, qui en aiment le côté expérimental auront un « Leviathan III » beaucoup plus aventureux dans la composition, plus inattendu. Voilà nos projets et comme nous ne pouvons pas partir en tournée, on a déjà commencé à enregistrer la seconde partie de « Leviathan » ! Si les choses se passent bien, on devrait avoir terminé d'enregistrer la trilogie avant l'été prochain. Ce qui nous permettrait de partir en tournée en octobre. Comme tu vois, je ne me plains pas de la situation mais j'en tire profit.

D'où vient le titre « Leviathan » ?
C'est une vieille idée en fait. J'avais déjà cette idée de titre en 1999, mais ça ne s'est pas fait pour différentes raisons et j'ai oublié l'idée... qui m'est revenue donc pour cet album.

Le côté visuel est très important dans les albums de THERION. « Leviathan » paraîtra-t-il sous différents formats ?
Oui, bien sûr. Pour moi déjà, un album qui ne sort pas en vinyle, c'est comme s'il n'était pas sorti. Je suis très vieux jeu ! Et en plus, les gens adorent ce format avec la grosse image sur le devant. Pour moi, il est important de répondre aux attentes de tous : ceux qui préfèrent le streaming, ceux qui aiment les CD et ceux qui, comme moi, veulent un bon vieux vinyle ! Le son n'est pas le même sur ces différents formats donc rien n'empêche d'avoir plusieurs versions de l'album selon l'endroit où l'on écoute la musique.

Peux-tu nous parler de l'utilisation des chœurs et des voix féminines qui donnent du corps et de l'intensité à la musique de THERION ?
En fait, nous utilisons des chœurs depuis 1996 et pour moi, c'est naturel. Je ne réfléchis pas à si nous devons utiliser des chants masculins ou féminins, cela vient naturellement. Les parties féminines sont importantes, mais pas réfléchies. Elles se placent juste à certains endroits des titres à la perfection.

Et est-ce que tu peux nous en dire plus à propos de la collaboration avec Marko Hietala de NIGHTWISH sur "Tuonela" ?
Au départ, il devait chanter les couplets sur la chanson car je voulais une voix plus rock sur le refrain. Je trouvais qu'il avait exactement le bon grain de voix et en plus, il pouvait chanter en finnois. Mais quand il a enregistré la démo, il a chanté toute la chanson. Et en fait, j'ai préféré sa voix sur le refrain plutôt que sur les couplets. On y a travaillé mais il a fini par tout chanter. La première version de la chanson enregistrée par Marko sera sur la version digipack spéciale de l'album. Cela permettra aux fans de voir l'évolution de la chanson entre la préproduction et la version finale du titre.


Et vous travaillez toujours en duo avec Thomas Vikström, le chanteur ?
Oui, il est un membre important de THERION et sa collaboration à l'écriture des morceaux est essentielle. J'ai écrit trois chansons seul, lui deux et tout le reste, nous l'avons composé à deux.

Et tu travailles avec aussi beaucoup d'autres musiciens ?
Oui, la musique de THERION est très particulière et pour chaque type de chanson, nous avons besoin de musiciens adaptés. Nous n'avons par exemple pas de batteur attitré. Donc deux batteurs ont enregistré les parties de batterie sur « Leviathan ». Chacun dans son style pour atteindre la meilleure qualité. En fait, je n'ai pas besoin de musiciens permanents dans le groupe, j'ai juste besoin d'artistes qui jouent ce dont j'ai besoin.

Tu penses pouvoir présenter des concerts en livestream comme d'autres groupes le font ?
Non, pour plusieurs raisons : la première est que, comme je te l'ai dit, nous sommes tous dans des pays différents, donc ce serait trop compliqué et trop cher pour faire quelque chose de bien. Et en plus, je ne suis pas fan des livestreams. Je trouve qu'on n'y retrouve pas l'énergie d'un concert, que c'est un peu bas de gamme. Je ne veux offenser personne car je suis sûr que certains s'y retrouvent, mais pour ma part, je ne veux pas donner quelque chose d'imparfait à nos fans. Je ne suis pas désespéré à ce point. Je veux leur donner un live ou rien. Et c'est pareil pour moi, je veux voir les groupes sur scène ou ne pas les voir du tout. Mais c'est très personnel, je ne critique vraiment pas les groupes qui font des livestreams. On attendra pour notre part de pouvoir venir vous voir vraiment si vous le voulez bien. Espérons en 2021, à l'automne ou l'année suivante. Si toutefois, le monde du spectacle recommence à fonctionner car il y aura de nombreuses entreprises sur le carreau quand tous les groupes voudront repartir en tournée. On va se battre pour les scènes, les techniciens, les tour-bus.. ! C'est paradoxal : tout le monde voudra repartir en tournée, mais il n'y aura peut-être plus les moyens de le faire...Ce sera un cauchemar ! On verra...

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications

1 commentaire

User
SonicFafa
le 29 janv. 2021 à 18:34
Eh bien, ça donne un bel album, très mélodique, des compos ultra classiques qui pourraient avoir leur place à l'Eurovision...mais finalement très agréables. On passe un bon moment, comme devant un film d'heroic fantasy à grand spectacle.
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