11 mai 2021, 16:00

CROWN

"Neverland" [Video-Premiere] - Interview Stéphane Azam


L'album « The End Of All Things » du duo français CROWN, paru le 16 avril chez Pelagic Records, est un disque que ceux qui connaissent les réalisations précédentes du groupe n'attendaient pas forcément... Sombre et sublime, aérien, à la fois fascinant et captivant quand on plonge dans son écoute.

Un album débordant de fragilité avec le chant de Stéphane Azam qui vous rappellera parfois celui de Nick Holmes sur « Host » de PARADISE LOST, enveloppé d'une production pointue, réalisée par la moitié de CROWN : David Husser, qui a travaillé comme ingénieur du son, producteur et musicien dans le monde entier avec de nombreux artistes (voir l'entretien ci-dessous), et a tourné avec son groupe Y FRONT aux côtés de RAMMSTEIN dans les années 90. Le producteur Paul Kendall (Mute Records, NINE INCH NAILS, Nick Cave...) a déclaré à propos de David : « Nous avons collaboré sur un certain nombre de projets et j'ai été étonné par sa capacité à enseigner de nouveaux ''tours'' à un vieux chien comme moi. Il est tout simplement le meilleur ingénieur du son que j'aie jamais rencontré. »
Stéphane Azam est le fondateur, compositeur et chanteur de CROWN, qui a travaillé pendant des années comme ingénieur du son live pour les pionniers ALCEST.

De NINE INCH NAILS à CULT OF LUNA en passant par DEPECHE MODE ou KILLING JOKE, CROWN c'est à la fois progressif, alternatif, moderne, rock et atmosphérique, comme un rêve que l'on ne veut jamais quitter et aujourd'hui, le groupe vous offre le titre ''Neverland'' à regarder ci-dessous, enregistré et filmé au Grillen de Colmar lors de sa participation au Roadburn Redux en avril dernier.

Plus détails à propos de CROWN et l'album « The End Of All Things » sous la vidéo avec un entretien en compagnie de Stéphane Azam pour HARD FORCE.



Aujourd'hui 11 mai vous partagez la vidéo du titre ''Neverland'' enregistrée lors de votre participation au Roadburn Redux, comment s'est passée cette expérience ?
Ce fût une première pour nous vraiment ! Nous nous étions vu tous les 4, moi, David, Marc (guitare) et Nico (batterie), en septembre dernier pendant 2-3 jours pour dégrossir un peu le travail sur qui allait faire quoi sur tel ou tel morceau, plus de la mise en place que de la répétition à proprement parler on va dire. Pour ce live on a répété ensemble en tout et pour tout 1 jour et demi avant le shoot-video, c'était dans l'urgence, un peu à l'arrache, tout comme le tournage, malgré le speed ce fut une véritable bonne surprise car l'osmose entre nous quatre a été immédiate. On se connaît tous depuis longtemps ce qui facilite aussi la communication. C'est en fait notre premier live avec ce line-up pour cet album, sans audience, à travers un écran, ce qui est devenu courant pour pas mal de groupes en fait étant donné la situation actuelle mais avec aussi un ressenti assez étrange par rapport à une performance sans public. On a réalisé une véritable prouesse je pense et on est assez satisfait du résultat pour les moyens et le temps imparti à ce projet de livestream.

Cela coïncidait avec la sortie de votre album « The End Of All Things », quelles sont les premières impressions que vous avez pu recueillir autour de cette nouvelle sortie ?
Nous avons d'excellents retours jusqu'à présent. On ne s'attendait pas à un tel engouement surtout que cet album est bien différent des précédents. On a pris pas mal de risques sur celui ci même si ce n'était pas prémédité (sourire). La majorité des gens adhèrent à cette évolution, même si certains sont surpris, ils se sont laissés porter, tout simplement. Beaucoup sont profondément touchés voir même bouleversés par le côté émotionnel et viscéral de l'album ce qui est pour nous sans doute la plus belle des récompense car le vecteur principal de cette nouvelle étape n'était pas seulement de faire un bon album, mais on avait aussi ce désir de pouvoir, ne serait ce qu'un peu, toucher le moi profond de chacun, de provoquer un émoi, un peu de chaos aussi, il semblerait qu'on y soit potentiellement arrivé.

Nous n'avions pas eu encore l'occasion de parler de CROWN qui a été créé en 2010, pour ceux qui découvrent la formation avec « The End Of All Things », comment ce projet a débuté ?
CROWN est une entité dans laquelle je suis un peu le seul capitaine aux commandes en ce qui concerne l'écriture des morceaux et des textes. J'ai produit le premier EP ainsi que le premier album, de l'écriture au mastering. Nous avons évolué en duo puis en trio pour le live (guitares, chant, machines), jusqu'à ce nouvel album ou nous sommes désormais 4 sur scène et avec un batteur, Nicolas Uhlen, qui a joué les drums sur l'album, et nous sommes aussi accompagnés de Marc Strebler à la guitare et aux backing-vocals.
 

"Lorsqu'on s'est mis à produire l'album on s'est dit qu'il n'était pas forcément nécessaire d'avoir les guitares à fond avec le son le plus heavy, le chant le plus écorché possible pour faire un album sombre, violent, lourd et viscéral à la fois." - Stéphane Azam


Il nous arrive d'écouter le travail de Daniel Cardoso (ANATHEMA) avec CARDHOUSE ou encore THENIGHTTIMEPROJECT et on retrouve un peu cette atmosphère à la fois délicate et puissante et très agréable sur votre nouvel album, peut-on parler d'évolution et d'expérimentation concernant « The End Of All Things » ?
Je connais Daniel, c'est un excellent producteur, j'avais tourné en tant qu'ingé-son avec ALCEST qui avaient fait la première partie d'ANATHEMA il y a quelques années, c'est aussi un excellent batteur, et vraiment très cool humainement. Il y a effectivement une évolution qui s'est faite naturellement et instinctivement. Il y a eu un paquet d'expérimentations diverses et plus folles les unes que les autres que tu peux retrouver sur chaque morceau de l'album en fait. David est un génie de la production, pour moi il peut aisément concurrencer les plus grands noms dans ce domaine, il a quand même un pedigree assez incroyable. Il y a peu de producteurs, notamment en France, qui peuvent se targuer d'avoir bossé avec Paul Kendall (producteur de NIN, Nick Cave, DEPECHE MODE...), d'ailleurs David a bossé avec Alan Wilder de DEPECHE MODE, il a aussi bossé dans les studios de Peter Gabriel ! Cet album a été fait avec des bouts de ficelles, avec un budget ridicule par rapport à l'investissement qu'on y a mis tous les deux. C'est une véritable prouesse là aussi sincèrement et je dis ça en toute humilité. Pour te dire, la majorité des parties batterie ont été enregistrées dans l'ancienne maison de David, il n'avait pas encore de cabine-studio et on a fait ces prises avec quelques micros dans sa mezzanine. On a voulu donner un côté plus organique et plus humain à cet album, un travail un peu similaire à ce que font NINE INCH NAILS sur leurs albums, avec beaucoup de machines et d'electro mais aussi cette touche ''humanisée'' avec un son de drum presque naturel par moment. Le tout sonne moderne mais avec un son assez chaud et rond avec une énorme dose d'expérimentations, notamment sur les synthés et les grattes.
Lorsqu'on s'est mis à produire l'album on s'est dit qu'il n'était pas forcément nécessaire d'avoir les guitares à fond avec le son le plus heavy, le chant le plus écorché possible pour faire un album sombre, violent, lourd et viscéral à la fois car le notre l'est tout autant malgré les facettes trompeuses et les codes du genre qu'on a complètement retourné et réduis en poussières (sourire). David et moi n'avons été dans un processus de facilité, on aime sortir de notre zone de confort et repousser les limites, jouer aux funambules, en y agrémentant du chaos et du danger.
 


​Le choix du chant clair est on ne peut plus logique avec la musique de cet album, l'ambiance des morceaux influence-t-elle l'écriture des textes et de la façon dont le chant va être posé dessus ?
Effectivement l'atmosphère des morceaux s'y prêtait naturellement, ce fût un challenge de taille car je n'avais pas pour habitude de chanter en voix claire, même s'il y avait déjà cet aspect sur les précédents albums je ne l'avais jamais vraiment développé sérieusement. Et puis David qui avait déjà travaillé sur Natron m'avait déjà fait la remarque que je devais plus exploiter ces incursions en chant clair et pour cet album il m'a poussé à m'y mettre pour de bon. Ce fût long et fastidieux mais on y est arrivé !

Sincèrement bravo pour « The End Of All Things », vous pouvez être fiers car c'est une réussite, à la fois progressif, ambiant et moderne... je pense à ''Extinction'' qui représente bien l'ambiance de l'album...
Merci, on a fait du mieux qu'on a pu pour aller jusqu'au bout du process, et ce n'est que le début, autant te dire qu'on a qu'une seule envie c'est de s'attaquer à la suite ! Ce fût excitant à tous points de vues en tout cas, formateur et très instructif, parfois dur, souvent surprenant, avec des doutes, mais on a jamais lâché. David a été la véritable pierre angulaire de cet album, il a apporté de la magie à tous ces morceaux et la production est tout simplement dantesque.

On va vous retrouver sur la tournée d'ENSLAVED en février 2022 à Paris, Toulouse et Villeurbanne, quels sont les musiciens qui vous accompagneront pour ces futures dates reprogrammées ?
Ce seront les mêmes que tu peux voir sur la vidéo live du Roadburn Redux, David et moi puis Marc et Nico, on a vraiment hâte !!!


Vous pouvez vous procurer l'album de CROWN « The End Of All Things » en suivant ce lien : CrownDGTL
 



Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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