29 mars 2022, 19:50

SCORPIONS

"Blackout" (1982 - Rétro-Chronique)

Album : Blackout

Nous sommes (déjà !) en 2022 et cet album fête ses... 40 ans !

Si, et sans vouloir leur manquer de respect, les membres du groupe allemand SCORPIONS ont largement dépassé l’âge de cet album, « Blackout » lui, s’engouffre aujourd’hui dans les 40e rugissants. Sorti le 29 mars 1982, ce huitième album paru sur le label Harvest Records/EMI pour l’Europe (et troisième avec le même line-up) montre un autoportrait de l'artiste autichien Gottfried Helnwein sur la pochette, quant à Rudolf Schenker, il dépeint ce personnage dans le clip vidéo de "No One Like You". Venant de survoler les années 70 avec succès tandis que leur percée aux Etats-Unis ait eu lieu à la sortie de « Lovedrive » en 1979 avant d’enfoncer le clou en entrant dans les années 80 avec « Animal Magnetism », le chanteur de SCORPIONS n’est pas au mieux de sa forme. Alors que venait juste de sortir ce précédent disque, Klaus Meine rencontra des problèmes de voix qui n’ont cessé ensuite de s’intensifier : « Je pensais que le rythme imposé par les sessions en studio et les tournées incessantes avaient eu raison de moi. Ma voix était en piteux état. Je ne pouvais pas chanter et je croyais que ma carrière allait s’arrêter là. Je ne pouvais tout simplement plus chanter, c’était aussi "simple" que ça. » Forcé de subir deux interventions et de suivre une rééducation pour régler le problème, le chanteur déclare forfait pendant ce laps de temps mais les autres membres du groupe continuent de leur côté de travailler sur les démos des morceaux de « Blackout », par ailleurs composés en grande majorité par Meine avec « une petite aide de ses amis », le batteur Herman Rarebell en tête, un fait assez rare dans le monde de la musique pour qu’on le souligne ici.

Et bien qu’une grande partie du travail ait été effectuée durant sa période de convalescence, ils font appel à un tout jeune Don Dokken qu’on leur a recommandé et qui commence à rencontrer le succès avec son propre groupe DOKKEN. Tout cela afin de voir le rendu avec du chant juste au cas où Klaus ne se remettrait pas de ses soucis de santé. « J’ai eu des interventions et j’ai dû mettre ma voix au repos pendant environ six mois. Mais quand je suis revenu, j’étais en pleine forme vocale et j’ai même été en mesure d’atteindre les notes les plus hautes que je tenais auparavant » explique Klaus Meine. Le jeune Dokken verra tout de même son nom ajouté aux crédits du disque pour participation aux chœurs. Des années plus tard, il indiqua ce qu’il en avait été de son aventure avec le groupe : « Quand bien même ils m’auraient demandé de remplacer Klaus en cas de forfait, je leur aurais répondu "Vous êtes dingues ?!" C’est un rêve de devenir leur chanteur mais j’aurais refusé car SCORPIONS n’a pas lieu d’être sans Klaus. Quand j’ai fait mes essais, j’ai chanté quelques lignes et, croyez-moi, ils m’ont achevé. Ils ne cessaient de me dire de monter plus haut encore et encore. Après huit heures de boulot, ça ressemblait plus à rien. » Bien que Don soit un chanteur émérite, force est de reconnaître par ce constat que n’est pas Klaus Meine qui veut.


​Pour mettre en boîte les neuf chansons de « Blackout », tout ce beau monde se retrouva en partie en France près de Vallauris dans les Alpes Maritimes à la Villa San Pecaïre ainsi qu’aux incontournables Dierks Studios où SCORPIONS a déjà pris ses quartiers depuis un moment avec le propriétaire des lieux et son producteur attitré, Dieter Dierks. Après une période compliquée dans le contexte évoqué pour en venir à bout, ce nouveau disque rencontre lors de sa mise en bacs un succès considérable, atteignant d’ailleurs la première place des charts français où il sera dès sa sortie certifié or (100 000 ventes à cette époque). Les Etats-Unis ne sont pas en reste avec une très estimable dixième place, leur permettant grâce à un marché bien plus large que celui européen d’être certifié or dans la foulée puis platine en 1984 pour plus d’un million d’exemplaires écoulés. Il faut dire que le single "No One Like You", et son clip bien daté aujourd’hui il faut l’avouer, n’y est certainement pas étranger, se classant directement sur la plus haute marche du classement US Mainstream Rock Tracks. Fort d’un tiercé gagnant d’entrée de lecture avec, outre la chanson précitée, "Blackout" et le second single "Can’t Live Without You", SCORPIONS pique fort. Et ce ne sont pas "Dynamite", "China White" ou "When The Smoke Is Going Down" que l’on trouve sur la face B du vinyle qui viendra ternir ce tableau. Face B oui car vous le savez, en 1982 le CD n’en est qu’à ses balbutiements et n’est pas encore le format obligatoire que l’on connaitra peu de temps plus tard. Résistant de la décennie passée, la cartouche elle, est encore d’actualité pour les vieux de la vieille et l’on peut alors également se procurer le disque ainsi ou choisir la cassette audio, vous vous rappelez les anciens (et je m’y inclus), celle que l’on rembobinait au crayon à l’arrivée des walkmans afin d’économiser les piles. Autre époque, autres mœurs... Particularité notoire entre les pressages américains et européens de l’album, le solo de Rudolf Schenker sur "China White" n’est pas le même, le guitariste ayant expliqué qu’il n’avait pu choisir entre ses différents soli, raison pour laquelle les versions diffèrent selon le pays de sortie. Vous parlez alors d’une véritable aubaine pour les fans collectionneurs...


 

Requinqué comme jamais avec un chanteur à la voix recouvrée, fort d’un disque bourré de hits, de singles qui caracolent dans les charts et de récompenses diverses qui tombent dans plusieurs pays, SCORPIONS reprend son baluchon et va écumer les routes pendant une très longue tournée qui les verra sillonner en long, en large et en travers les Etats-Unis avec tout ce que le pays compte de salles prêtes à l’accueillir.

L’Europe n’est pas oubliée bien sûr et la France est particulièrement gâtée (elle l’est encore de nos jours), voyant le quintet se produire à seize reprises en ses contrées. Et durant l’interprétation du morceau-titre, Schenker apparait alors affublé tel que le personnage de la pochette du disque et avec une guitare munie d’un (faux) pot d’échappement.
Amateur de belles cylindrées (je parle d’automobile bien sûr), on le verra même des années plus tard avec une guitare arborant le logo de Mercedes-Benz, sa marque préférée. Signe de son importance dans le monde du hard rock et de l’empreinte qu’il a laissé, le magazine Rolling Stone classera « Blackout » à la 73e place de son classement des 100 plus grands albums metal de tous les temps.

Enfin, une version spéciale est sortie en 2015 afin de commémorer le cinquantième anniversaire du groupe sur laquelle on retrouve quatre titres démos dont "Blackout" et trois autres chansons faisant également office d’inédits, "Running For The Plane", "Sugar Man" et "Searching For The Rainbow".

Pour aller plus loin...
Les années 70 et 80 :
« In Trance » (1975)
« Virgin Killer (1976)
« Taken By Force » (1977)
« Tokyo Tapes » (1978)
« Lovedrive » (1979)
« Animal Magnetism » (1980)
« Love At First Sting » (1984)
« Savage Amusement » (1988)
Les années 90 et 2000 :
« Crazy World » (1990)
« Face The Heat » (1993)
« Humanity: Hour I » (2007)
« Rock Believer » (2022)

Vous trouverez également dans la discographie du groupe quelques albums lives déclinés aux formats électrique, acoustique ou symphonique qui méritent que vous y jetiez les deux oreilles.
 



Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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