13 juin 2022, 23:59

SCORPIONS

@ Strasbourg (Zénith Europe)

Commencer la semaine par un concert de SCORPIONS ? Après un week-end travaillé bien remuant ? Ma foi, c’est avec plaisir que je vais voir une nouvelle fois les Allemands de Hanovre. C’est un zénith bondé et rayonnant de bonne humeur qui nous accueille, Christian Ballard et moi-même. L'ambiance idéale.


La première partie est assurée par LAST TEMPTATION, qui se déclarent eux-mêmes inconnus du public. Mais ils ont la charge de chauffer la salle pour la tête d’affiche, et durant la demi-heure qui leur est allouée ils s’en tirent honorablement. Ca sent le Gasoil aux relents de heavy metal, celui qu’on respire quand on trace la route vers les grands espaces. C’est bien entraînant et profondément rock. LAST TEMPTATION, qui joue ce soir avec son nouveau batteur, l'ex-TRUST Farid Medjane, arrive même à faire chanter la fosse sur "I Win, I Loose". La salle est éveillée pour la venue des légendes.

21 heures. Le rideau tombe, acclamations. Les cinq allemands prennent possession de la scène et de nos sens. Ouverture avec le fédérateur "Gas In The Tank", l’un des cinq extraits du dernier album qui seront joués ce soir. Un album magnifique faisant la part belle à la sonorité très eighties qui a propulsé SCORPIONS au firmament, et les titres élus pour la soirée s’insèrent parfaitement dans la set-list classique. Les guitaristes Schenker et Jabs sont possédés comme à l’heure habitude. Ca bouge vite et ça riffe heavy. Quant à Klaus Meine, impossible de le traiter de papy tant il est présent avec son talent teinté de bonne humeur, tout autant qu’il est inutile de décrire son chant si spécifique. Les spectateurs sont littéralement en transe, la foule devient une chair vivante aux poils hérissés.


Arrive "Make It Real", et là pour moi c’est le choc. Je craque. Des larmes ruissellent sur mes joues alors que retentit cette mélodie si authentique. Je suis propulsé dans mes jeunes années, j’entrevois des moments cultes de ma vie, les vacances chez mes grands-parents, l’odeur d’un gâteau qui sort du four, mes premiers flirts, ma découverte du hard rock...

S’ensuivent le titre ultime "The Zoo" et le poignant "Holiday". Duels de soli et éclat du sourire sans pareil de Klaus. Le Zénith est en feu, alimenté avec le kérosène de notre plaisir. Je me dis que si je continue à chialer mes voisins vont repartir à la nage. Transition avec le petit nouveau "Seventh Sun", qui aurait pu tomber de l’album « Animal Magnetism ». L’écouter c’est l’adopter. Klaus introduit "Peacemaker" comme un nouveau chant de paix universel. De quoi catapulter tous les "Vladi-Mir" de la terre en station orbitale.

Après l’incontournable "Bad Boys Running Wild" et la découverte live de l’optimiste "The Langage Of My Heart", le légendaire "Send Me An Angel" illumine nos âmes aux "chœurs" d’artichaut. Nous montons d’un cran dans l’émotion avec "Wind Of Change". 1989, vous vous souvenez, ce mur de la honte qui s’effondre ? On a souvent clamé que c’était la CIA, ou la corruption généralisée du Kremlin, qui avait eu raison de l’ogre soviétique. Ce soir au Zénith je reste persuadé que SCORPIONS et son hard rock authentiquement universel en est la réelle cause. Mais voilà, nous sommes en 2022, un nouveau péril totalitaire fait résonner ses bottes aux portes de l’Europe. Alors Klaus change les paroles et nous scandons « Slava Ukrainia ». Moment de communion magnifique, réquisitoire musical pour la paix. Les spotlights éclairent cette émotion en bleu et jaune...

Le concert se poursuit. "Tease Me Please Me", puis "Rock Believer", pour nous remettre dans le bain heavyrock. Nous reprenons nos esprits et chantons. C’est l’heure du duel basse batterie. Paweł et Mikkey Dee s’affrontent comme de beaux diables, un jackpot virtuel faisant défiler, des cornes de metal et... des Lemmy Kilmister ! Applaudissements chaleureux. Un "Blackout" furieux et "Big City Nights" pour nous refaire voyager dans les glorieuses années hard rock, et SCORPIONS quitte la scène.

Pour le rappel SCORPIONS nous envoie "Still Loving You". Je contemple des hommes et des femmes de tous âges reprenant le refrain la main sur le coeur, et mon âme est comblée. Toutes les générations se reconnaissent dans ce pan d’histoire musicale romantique. Moment de communion intense. Viennent les adieux, c’est "Rock You Like A Hurricane", là il s’agit de tout retourner une dernière fois. C’est une nouvelle standing ovation pour un groupe qui a dépassé le demi siècle d’existence et qui nous fait toujours vibrer d’émotion. SCORPIONS semble éternel, et dans ce monde de chaos c’est rassurant.

Quand nous quittons le zénith je rentre avec l'envie de vous restituer cette passion et cette joie. J’ai trempé pas mal de kleenex mais bon ça en valait tellement la peine. SCORPIONS ce fût encore un grand moment de Heart Rock •

Portfolio © Christian Ballard

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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