24 octobre 2022, 23:59

PARADISE LOST + HANGMAN'S CHAIR

@ Strasbourg (La Laiterie)

Programmer un concert de metal un lundi dans une salle de province relève de l’audace. Même pour un grand tel que PARADISE LOST. A ma grande surprise, la scène de la Laiterie est en configuration large, avec les gradins, et ça se remplit tout doucement. Ça balaie mon inquiétude, on va monter à 600 ou 700 personnes alors qu’il y a peu, pour des groupes comme CRADLE OF FILTH ou MOONSPELL, j’y ai compté moins de 200 personnes.


Le deuxième effet est la découverte en première partie de HANGMAN’S CHAIR. Redécouverte en réalité, car il y a une dizaine d’années en ouverture de MASS HYSTERIA, je les avais trouvés bons, mais les vidéos macabres en arrière-plan m’avait mis mal à l’aise. Cette fois, dans une ambiance minimaliste et lumières gothiques, je me prends un choc dès l’ouverture "An Ode To Breakdown". C’est doom à souhait. Riffs lourds et dégoulinants, rythmique implacable et voix d’outre-tombe, une mise en bouche parfaite pour se préparer au groupe suivant. "Cold & Distant" poursuit et résume l’atmosphère qui s’est installée. C’est fort en texture metal, c’est très beau et prenant. HANGMAN’S CHAIR a 45 minutes pour livrer 8 tableaux vivants et gothiques, l’essentiel est issu de l’album « A Loner » que je vais demain me procurer d’urgence. Deux titres viennent de « Banlieue Triste », dont "Naïve" qui chamboule bien. Le public est en transe et salue les Parisiens qui nous achèvent avec un magistral "A Thousand Miles Away". Mon groupe coup de cœur de ces derniers jours.


Place au mastodonte du metal gothique. Les jeunes savent-ils à quel point ce groupe est une référence et une légende ? Oui, à en juger par les spectateurs qui pour la moitié sont assez jeunes. Excellente surprise. "Enchantment" le bien nommé ouvre la messe. Toujours aussi envoûtant 30 ans après, je suis aux anges. Nick Holmes n’a rien perdu de son timbre de voix si particulier, si profond, qui pose l’ambiance. Quant à Gregor Mackintosh, il ressemble de plus en plus au guerrier Kurgan de Highlander, et son jeu de guitare est toujours aussi maîtrisé et incisif.

Notons que PARADISE LOST est constitué, batterie mise à part, du line-up d’origine, ce qui est assez rare pour le mentionner au vu de la longévité du groupe. Constance des membres, constance du son. "Forsaken" suit et annonce les 5 titres du 16e et dernier album « Obsidian » que le groupe peut enfin défendre après le Covidalypse. Puissance des riffs de plomb, rythmique sépulcrale, il y a une continuité et une fidélité chez ce groupe légendaire. "Blood And Chaos" et "Faith Divides Us Death Unites Us" déversent leur puissance, l’assemblée accueille avec respect le spectacle qui lui est livré. "Eternal", issu des premiers âges nous porte jusqu’à un paradis retrouvé. L’exécution est exemplaire, tous nos sens sont en éveil, Aaron Aedy fait jaillir des forges du Mordor des riffs de feu et Greg nous subjugue de ses soli brillants.


Quelques classiques et nouveautés parfaitement enchevêtrés plus tard, c’est le légendaire "As I Die". Nous sommes aux anges, nous devenons des anges. Baignés de lumière bleue et de riffs lancinants, le metal gothique 30 ans plus tard est toujours aussi vivace. Je contemple le respect profond dans les yeux de chaque spectateur, cela me réchauffe le cœur. "The Last Time" conquiert les cœurs et les esprits. Là où bien des groupes ont dilué leur sang pur pour du sirop un peu... mollasson, PARADISE LOST demeure fidèle à ses riffs rageurs et la rythmique de Steve Edmonson reste imprégnée du ton de la cold-wave qui précéda le style gothique. Les voir après toutes ces années, c’est comme renouer avec ses premières amours. Les âges n’ont pas de prise sur leur musique. "The Last Time" résonne tel un leitmotiv. "Say Just Words" est un premier "au revoir".

Rappel attendu avec impatience. "Darker Thoughts" nous imprègne. "Embers Fire" illumine la scène et je vous laisse imaginer le plaisir que nous procure ce titre antédiluvien. Et pour finir ? "Ghosts" est une merveilleuse façon de dire "à bientôt" avec une musicalité gothique. PARADISE LOST aura très bien défendu son dernier album, qui s’inscrit à merveille dans son style si typique.

Dit comme ça, on pourrait penser que c’était un concert tout simplement bon, mais en réalité, ce fut un pèlerinage, un rappel de l’excellence de ce groupe qui posa les bases d’un metal d’ombre et de puissance uniques et qui sait aujourd’hui encore l'exécuter avec brio. Bravo PARADISE LOST !


Photos © Leonor Ananké - Paris, 25 octobre 2022

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK