28 janvier 2023, 17:51

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 64


Alors, que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année ? Amour, gloire et beauté ? C'est mal connaître les défenseurs de la scène underground Clément, Crapulax et Aude qui vont plutôt vous présenter leurs meilleurs vœux de son démoniaque, de riffs écorchés et de blasts tranchants. Que 2023 vous conforte dans l'extrême, vous glace le sang et fasse vibrer vos tympans plus forts que jamais. Bref, nous vous la souhaitons bien thrash, bien black et bien juteuse. Et ça commence dès ce mois de janvier !
 

EXUL : « Path To The Unknown » (Defense Records)

En Pologne, ils ont l'art qui cogne et ce n'est pas cette incroyable nouvelle formation de thrash metal qui attestera du contraire !
« Path To The Unknown », son tout premier album, démarre les hostilités très fort dès "Stupidity Regime" qui, en un refrain accrocheur et deux soli très mélodiques, met d'entrée tout le monde à genou. A l'évidence, EXUL maîtrise totalement son bruyant sujet et aime apparemment le travail bien fait : des riffs efficaces ("The Hunt"), une rythmique débridée qui ne respecte pas les limitations de vitesse ("Weaker Ones"), des cassures très matures ("Fight For Liberty"), des refrains qui restent en tête et des interventions solo des guitares qui font, il faut bien le dire, la grande force jubilatoire de cet album ("Lose All Control").
« Path To The Unknown » et sa superbe pochette (sorte de version colorisée de celle de leur seconde démo de 2017) s'affiche comme la solution idéale contre la morosité ambiante.
Alors si vous cherchez à avoir le sourire jusqu'aux oreilles (des oreilles éclatées en forme de feuille de choux, s'entend), prenez votre dose d'EXUL matin, midi et soir.
(Crapulax)


HOSTIA : « Nailed » (Deformeathing Productions)

« Dites-le avec des clous » pourrait parfaitement résumer le leitmotiv de HOSTIA dans le cadre de la sortie de son troisième album. Un album de death-grind haut en intensité et en couleur où chaque titre s'enfonce dans les chairs à grand coups de marteau comme en témoigne sa très éloquente pochette !
Une nouvelle fois la formation polonaise n'a pas fait dans la dentelle, exécutant les titres sur un rythme de croisière de moins de 2 minutes chacun comme un boucher consciencieux s'affairant sur la chaîne de découpe de poulets.
Ça éviscère donc à tour de bras sans aucune fioriture ("Ceremony"), ça balance du gros thrash graveleux de temps en temps ("Stone In The Throat") et ça rigole un peu quand même (le titre "Polish Black Metal Make Me Sleepy") ! Mais surtout HOSTIA demeure efficace de la première à la dernière seconde tel un métronome au service de la mort ("The Vampire Of Barcelona") et ça, ça n'a pas de prix !
Alors quitte à avoir le choix, autant rester dans les clous (ah ah ah...) en démarrant l'année 2023 avec un violent coup de pied dans le derrière.
(Crapulax)


WOTHROSCH : « Odium » (Hammerheart Records)

Amateurs de sludge-black metal bien lourd et extrême, venez découvrir le nouveau groupe tout droit importé de Grèce : WOTHROSCH. Avec un premier album de huit titres aussi sombres que furieux du nom de « Odium », la formation un peu mystérieuse place la barre haut en termes d'atmosphères malsaines et pesantes.
Ses vocaux caverneux, ses rythmes tantôt effrénés tantôt ultra pesants et ses riffs hypnotiques plongent l'auditeur au cœur d'un tourment sans fin autour d'une condition humaine dépravée et d'un règne de ténèbres infinies. On retrouve dans WOTHROSCH une haine viscérale, une colère insidieuse, mais aussi un réel sentiment de mal-être dans une société dénuée de sens.
Côté musical, on oscille entre post-black, death, doom et true-black, entre ANAAL NATHRAKH et SEPTICFLESH, bref, un univers oppressant mais complètement irrésistible. Avec un côté dissonant et des mélodies limpides, « Odium » crée tout un univers propre au groupe et nous attaque de pleine face au moment où l'on s'y attend le moins.
A noter, la présence de Niklas Kvartforth (SHINING, FUNERAL DIRGE) sur le très puissant et raw "Mass".
La scène grecque n'en finit décidément pas de nous surprendre... et de nous séduire !
(Aude)


HØSTSOL : « Länge Leve Döden » (Avantgarde Music)

Comme un fait exprès, Niklas Kvartforth précédemment cité se fourvoie en plus cette année dans un nouveau projet aux côtés de musiciens de la scène black metal scandinave, Cernunnus (MANES), Kalmos (ex-BARATHRUM) et Rainer Tuominkanto (AJATTARA), répondant au doux nom de HØSTSOL.
Avec un album flairant bon la subtilité et la poésie, « Länge Leve Döden » (Long Live Death), le quartet renoue avec le son authentique du début des années 90 et nous propose cinq titres d'un black metal en acier trempé, solide, brutal, sans fioritures.
Avec des introductions tantôt funestes, tantôt effrayantes, les morceaux nous font vivre une immersion au cœur de la Mort, comme une supplication au Dieu des Enfers, une ode aux ténèbres. Les guitares sont affûtées, les fûts sont martelés, les cordes vocales sont éraillées, un cocktail explosif d'une violence crue mais à l'atmosphère prenante.
Le dernier titre, "Parrallet Dubelliv", et sa basse intense referme avec brio un « Länge Leve Döden » qui marque de sa nouvelle patte noire le paysage du black metal et présage d'un avenir fécond et riche.
A suivre donc.
(Aude)


REDSPHERE : « Regnum Lupus » (M&O Music)

Des quatre membres fondateurs de REDSPHERE, originaire de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, il ne reste à bord que Bruno Fontebasso (basse) et Alexandre Verdier (guitares). Et notre duo, qui excelle dans un death metal moderne et puissant, s’est entouré pour l’enregistrement de son nouvel EP de deux pointures.
A ma gauche A.S.A, qui habituellement prête ses cordes vocales à AZZIARD. Et à ma droite, Mike Heller, batteur actuel de FEAR FACTORY et d’une bonne autre demi-douzaine de formations brutales à souhait (GOREPUNCH, CRUELTY EXALTED, MALIGNANCY…).
Pas des enfants de chœur, donc, qui apportent ici leur patte experte sur « Regnum Lupus ». Et l’on reconnaît d’entrée de jeu la frappe précise et méthodique du batteur qui croise le fer avec des parties de guitare qui n’auraient pas dépareillé sur un album de ce même FEAR FACTORY. Mais la comparaison s’arrête net car le tout sonne de façon bien plus sauvage que les derniers albums du clan de Los Angeles.
Produit par Damien Rainaud (à la manœuvre sur les derniers DRAGONFORCE et FEAR FACTORY), cet EP est une véritable bombe qui ne peut laisser indifférent. Et constitue une très belle carte de visite avant l’enregistrement d’un nouvel album, qui on l’espère, sera du même acabit. Fort prometteur !
(Clément)


CHADHEL : « Failure/Downfall » (Nihilocus Records, Helldog Records & Give Praise Records)

Dans ma chronique du dernier méfait de CHADHEL, formation québecoise active depuis une bonne décennie, j’avais porté aux nues la poignée de morceaux torchés par le groupe en 10 minutes montre en main. Ce grindcore "moderne" façon NASUM, ANTIGAMA ou AXIS OF DESPAIR m’avait fait forte impression et voilà qu’un an et demi plus tard, CHADHEL est de retour avec un album qui met une nouvelle fois la barre très haut.
Déjà auteur de plusieurs splits et démos qui laissaient entrevoir le meilleur en matière d'extrémisme musical, le clan du Saguenay-Lac-Saint-Jean durcit ici encore le ton pour accoucher d'un monument de brutalité, un ultimatum toujours plus revanchard.
Chanteur en fusion, batteur possédé, gratteux qui enchaîne riffs mammouths sur breaks nucléaires, bassiste aux abois : n'en jetez plus, la coupe est pleine ! « Failure/Downfall » est un monstre, de ceux qui annihilent à grands coups de décapeuse automotrice les esgourdes les plus endurcies sur 19 morceaux exécutés en une petite trentaine de minutes.
Produit de plus avec un certain doigté par Rémy Verreault qui trousse au groupe un son atomique, cet album peut être résumé de manière très simple et en un mot : mortel !
(Clément)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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