22 mars 2023, 19:00

IRON MAIDEN

"A Real Live One" (1993 - Rétro-Chronique)

Album : A Real Live One

Nous sommes (déjà) en 2023 et cet album fête ses... 30 ans !

C’est peu dire que 1993 aura été une année faste pour IRON MAIDEN. Néanmoins, elle ne l’aura pas été pour les (bonnes) raisons que l’on pourrait croire. Car l’impensable arrive lorsque le chanteur Bruce Dickinson annonce son départ du groupe, mortifiant la planète metal qui croit voir là s’effondrer à tout jamais l’un des plus grands groupes de heavy metal que le genre ait enfanté depuis sa création : « Honnêtement, j’ai été surpris autant que les autres par ma propre décision. (...) En fait, je pensais juste que si je restais dans le groupe pour toujours, je n’aurais rien connu d’autre en dehors. Et pour savoir ce qu’il y avait à l’extérieur, il me fallait donc quitter MAIDEN. Le cas contraire, j’aurais pu simplement m’en tenir à un album solo (Ndr : ce qu’il fit en 1990 pour « Tattooed Millionaire ») sans que personne n’y prête plus d’attention que cela. Je haïssais cette idée et j’ai pensé « Rien à foutre, j'me barre ! ». Beaucoup m’ont dit que ça pourrait foirer mais c’était mieux d’essayer que de rester dans ma tour d’ivoire et finir par y ruminer. » Il fera son retour au sein de la Vierge de Fer en 1999 après avoir sorti plusieurs albums solo (dont deux absolument dantesques, « Accident Of Birth » en 1997 et « The Chemical Wedding » en 1998, sur lesquels joue aussi le guitariste Adrian Smith) et mené divers projets extra-musicaux, comme celle de présenter des documentaires pour la BBC ou de passer sa première licence de pilote d’avions de tourisme. Avec le recul, on ne peut donner tort à ce phénoménal touche-à-tout d’avoir pris la poudre d’escampette à un moment de sa carrière et, à l’âge de trente-cinq ans, à celui de sa construction personnelle en tant qu’homme. Mais le propos n’est pas là, j’en conviens même si un lien évident existe.

 
© Jérôme Sérignac


Et IRON MAIDEN tel qu’on les connaissait alors de donner ensemble un dernier concert le 28 août 1993, filmé pour l’occasion aux Pinewood Studios situés à Londres, qui sortira par la suite en vidéo sous le nom de « Raising Hell ». Là, en compagnie du magicien Simon Drake, IRON MAIDEN ajoute une dimension encore plus théâtrale à ce concert qu’à l’accoutumée, dont le point d’orgue est atteint lors de la mise à mort (fictive mais que le bassiste/leader/fondateur Steve Harris aurait certainement aimé être bien réelle à ce moment précis) du sieur Dickinson. Auparavant, le club des cinq se produisit un peu partout en Europe et en s’aventurant même un peu au-delà, jusqu’en Russie. Les Parisiens viendront les applaudir et leur dire "adieu" à l’Elysée-Montmartre le 10 avril (le groupe n’ayant plus investi une aussi petite salle de la capitale depuis 1981 pour une date au Bataclan lors du "Killers World Tour"). Autre étape de ce périple hexagonal, cet arrêt à Bourges le 25 avril en compagnie de LOUDBLAST (cocorico !) et toujours THE ALMIGHTY puis le 11 mai à Toulon, le 13 à Grenoble et le 14 à Nancy pour finir. Dans les faits, cette tournée fut un calvaire pour Bruce et ses camarades, le climat entre eux étant devenu délétère. Le chanteur n’en ayant plus rien à faire et y allant à reculons la plupart du temps et faisant le minimum syndical, chantant parfois approximativement (il suffit d’écouter certains enregistrements bootlegs qui en attestent), entraînant de ce fait un quasi-sabotage des représentations concernées, à l’exception de quelques concerts retransmis par les médias. Histoire de préserver sa légende de chanteur hors normes ? On n’est pas loin de le penser. Steve se retient alors chaque jour de l’étriper tout comme le batteur Nicko McBrain, un des membres les plus proches du déserteur, se sentant plus que trahi, abandonné peut-on même dire, par quelqu’un qu’il considère quasiment comme un frère. Un frère de sang.

En support de ce simulacre de tournée qui servira de piètre adieu aux fans et qui commencera trois jours plus tard, MAIDEN sort le 22 mars 1993 un album live, « A Real Live One », qui n’est alors que le second album live en audio d’une longue série à laquelle on aura droit au fil des années. Trois d’ailleurs paraîtront presque coup sur coup si l’on considère uniquement l’année 1993, c’est dire ! Le titre de l’album, lui, annonce la couleur de son contenu, les onze titres "live" étant piochés sur la courte et proche période allant de 1986 ("Heaven Can Wait" sur « Somewhere In Time ») à 1992 pour les extraits les plus récents issus de « Fear Of The Dark », ici au nombre de cinq. Tous ont d’ailleurs été enregistrés lors de la tournée en support de ce dernier album justement, à contrario de certains qui figureront sur le second volet de ce diptyque, « A Real Dead One », sorti sept mois plus tard et qui mettra l’accent sur la période 1980-1984 uniquement et enregistrés majoritairement sur cette tournée bancale. Côté musique, on y retrouve donc pêle-mêle la quasi-totalité des singles des albums concernés, MAIDEN ne prenant donc pas grand risque dans ses choix. Ne faisons pas la fine bouche toutefois car c’est l’occasion de voir gravé sur bandes des "Tailgunner", "From Here To Eternity" et "Wasting Love", des chansons qui ne seront plus jamais jouées live par la suite. Parlons-en un peu d’ailleurs de cette "Wasting Love". Car, chauvins gaulois que nous sommes, l’extrait en question est tiré du concert donné le 5 septembre 1992 à Paris dans la Grande Halle de la Villette, seule date jamais donnée en ce lieu par les Anglais. L’occasion d’entendre Bruce qui « parle en français pour la première fois pour une année et demie » (sic). Et d’enchaîner avec la présentation de ce morceau atypique dans leur répertoire, précisant que « L’amour ce n’est pas simplement un homme "fuck" une amie, ce n’est pas. » Le disque est agencé, produit et mixé par l’omniscient ‘Arry (surnom de Steve Harris) dans les Barnyard Studios, installations qu’il a faites construire dans l’ancienne grange attenante à sa propriété qu’il avait alors, située dans l’Essex. Dommage pour les frais que le studio a engendrés, le rendu se veut bien moins percutant que sur le mythique et culte « Live After Death ». N’est pas Martin Birch qui veut, n’en déplaise au patron. Si l’on ajoute enfin que chaque titre est issu de concerts différents, on ne retrouve pas l’énergie et l’homogénéité propres à un concert complet (cf. « Live At Donington » paru en novembre 93 à titre de comparaison).

L’album sort en CD et vinyle, assez simplement peut-on dire, ne faisant pas l’objet de moult versions picture-disc ou autre. Il sera juste agrémenté d’un single, "Fear Of The Dark Live", décliné aux multiples formats CD (slim case et digipack numéroté), vinyles 7" shaped picture-disc ou pochette poster et en 12" pour l’Italie seulement, ce dernier étant pour les collectionneurs un must-have mais peu accessible à toutes les bourses cependant au vu de sa cote actuelle sur les sites spécialisés. Particularité, certains exemplaires de la version vinyle 7" en picture-disc indiquent le morceau "Hooks In You – Live" en face B alors que l’on entend en fait "Tailgunner". Ces exemplaires mispressed sont identifiables par un numéro écrit sur un sticker collé dans l’encart prévu à cet effet et les références des matrices sont EMPD 263 A2 ORLAKE - EMP 263 B1 ORLAKE. Ceux de la version standard sont quant à eux EMPD A2 ORLAKE - EMPD B3 ORLAKE et le numéro d’édition, lui, est imprimé cette fois directement dans l’encart rectangulaire.

Côté chiffres, au classement des charts français, « A Real Live One » se positionnera à une très honnête treizième place, engrangeant au passage un disque d’or pour plus de 100 000 ventes, et grimpera jusqu’à la troisième place dans son pays d’origine malgré un très maigre score de 60 000 unités écoulées. Coutumier des rééditions en tous genres, ce disque n’en bénéficiera pourtant que d’une seule jusqu’à ce jour, en 1998 avec « A Real Live Dead One », devenant un double CD réunissant les deux volumes. Exception faite du Japon en 2014 avec une version boîtier cristal épais sur le label Parlophone. Pour les complétistes exclusivement.

Si vous souhaitiez faire un petit tour d’horizon de l’ensemble des albums live sortis par IRON MAIDEN, n’hésitez pas à cliquer sur le titre de l’article suivant « Live after live... »




© Jérôme Sérignac

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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