17 mars 2023, 23:59

NOSTROMO + KARRAS + JUNON

@ Liévin Metal Fest (Centre Arc en Ciel)

Sixième édition pour le Liévin Metal Fest, cette fois sur un seul jour, contre deux les années précédentes. Ce festival est, sans nul doute, l’un des plus abordables du marché avec un tarif incroyable de 6€ pour trois groupes de grande qualité : JUNON, KARRAS et NOSTROMO. Malgré ce programme alléchant, le centre Arc en Ciel est loin d’avoir fait le plein ; dommage... mais tant pis pour les absents qui ont manqué une bien belle soirée.

JUNON, groupe de Béthune autrefois nommé GENERAL LEE, a la lourde charge de lancer les hostilités devant un parterre clairsemée... mais qui compte en ses rangs la maman de Fabien qui assiste pour la première fois à un concert de son rejeton ; séquence émotion ! Moins hardcore, plus mélodique que sous son appellation précédente, le quintet propose un post-metal qui glisse vers le doom ("Carcosa") sans renier la mélodie, comme sur "The Bleeding" en mode quasi progressif qui clôture les 45 minutes d’un show où auront été joués les quatre titres de « The Shadow Lenghten », leur premier EP. Arnaud, au physique et aux attitudes évoquant John Tardy mêle chant clair et hurlements pour s’adapter aux multiples émotions crées par la musique de ses compères. De la mélancolie de "Flood Preachers", à la colère de "Sorcerer". Le public reste assez distant, malgré les appels incessants de Fabien à s’approcher. Qu’importe, JUNON a livré une prestation aussi brillante que puissante.


Avec KARRAS, quelle claque ! Le trio de vieux roublards, de gaillards malins, s’éclate avec son death'n'roll à la sauce ENTOMBED, période « Wolferine Blues », rehaussé de poivre punk. Quelques intermèdes glauques et samplés (l’initial "Dark Days"), pour rappeler que le nom et le premier album du groupe sont liés au film L’Exorciste, ne cassent pas l’élan de cette voiture lancée à 300 à l’heure sur la route nationale de l’enfer où même les platanes headbanguent en mode furieux ("Lumbago" et sa basse ultra présente pour finir le voyage encastré dans un mur qui n’avait pourtant rien demandé). Deux/trois minutes par morceau, un riff bien trouvé et on enchaîne sur un autre titre. Le groupe saupoudre sa frénésie ("Deathcrusher") de breaks bien lourds ("Planets Aligned") comme un coup de frein subit et brutal qui fait claquer la tête contre le pare-brise... car on n’écoute pas KARRAS (qui ne remplace, ni répare !) avec une ceinture de sécurité ! Bizarrement, à l’exception de rares convertis, les spectateurs ne s’approchent guère de la scène, malgré les injonctions du frontman. Etienne Sarthou est impérial derrière sa batterie (ah, ces blast-beats grindcore sur "Pazuzu Chord" qui s’achève en un long larsen !), quand Diego Janson (basse/chant) et Yann Heurtaux, blouson en cuir, s’amusent comme larrons en foire tout en se donnant des airs de mauvais garçons, gestes obscènes et crachats à l’appui. Jouissif !


Les premières notes de NOSTROMO, assénées au galop ("Ship Of Fools" qui se termine dans une ruade prolongée par le grind technique de "IED", tirés tous deux de « Bucephale », dernière cavalcade des Suisses, comme cinq autres titres), sont une agression blanche, une déflagration éblouissante comme les lumières stroboscopiques projetées vers le public, qui oblige à plisser, à fermer les yeux. Javier, entre deux tournoiements de micro, entre vocaux enragés et cris(e) psychotique, s’adresse à la foule, dédie la reprise de KNUT ("The Whip") à Didier Séverin, son chanteur décédé en 2022. Carrée, parfois lourde (le lent mais réussi "Katabasis"), tantôt groovy, souvent épileptique (le saccadé "Rude Awakening"), toujours précise (quel travail derrière la batterie, comme sur le blasté "Superbia"), la prestation des Suisses déchaîne la foule... un début d’altercation débutant même dans la fosse. Les morceaux phares jaillissent à point nommé, comme l’exceptionnel "Sunset Motel", bijou metalcore qui lance les rappels, ou "Selfish Blues" qui clôt le concert en un flash de folie.

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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