29 juin 2024, 23:59

HELLFEST OPEN AIR 2024

@ Clisson (Jour 3 - Part 3)


J3. Réveil sous la pluie, petit coup de mou augmenté par la fatigue qui s’accumule chez les ''Potos du Hell'', nom que nous avons fini par donner à notre gang de joyeux drilles. En ce samedi, nous allons manquer de chance. J’ignore encore à quel point. Pour l’instant, les batteries un peu rechargées, la joyeuse petite bande se réunit et prend le cap vers les portes de l’enfer ou les brasiers menacent d’être prochainement soufflés par le crachin breton.

13h35. Je débute par HRAFNGRIMR sous la Temple. Folk-viking music qui me captive d’emblée, moi, le curieux de l’étrange. Pléthore d’instruments médiévaux inconnus, le groupe a dû relancer de vieux métiers pour en disposer. Guitares électriques de l’époque de Ragnar, violoncelle constitué à base d'os des ennemis, beaucoup de percussions qui font résonner leurs peaux, un air de war-drums ah, un régal pour les yeux aussi, avec des danseuses sensuelles et des crânes de cervidés exhibés toutes peintures dehors. C’est jour d’anniversaire de l’un des membres qui a droit à un cordial « Joyeux anniversaire » chanté par l’assemblée en joie pendant ce set très dépaysant. Une révélation pour tous.

On repart vers l’extrême metal sous l’Altar avec SANGUISUGABOGG. Gros son qui arrache, chant growls chaud et bon, c’est le plaisir de prendre une mandale dans la gueule, Quand c’est musical, ça fait plus de bien que de mal. Le groupe fait dans le death metal sans concession, tout de riffs qui te repeignent les murs, charge lourde et rapide et chant façon oursin dans la glotte. Et vous savez quoi ? C’est l’anniversaire du batteur. C’est reparti pour le refrain « Joyeux anniversaire » dans un parterre dément. Décidément un excellent début de journée. Même le soleil revient...


WAYFARER, ou de l'atmosphérique black-folk metal en provenance du pays des cow-boys. Le groupe de Denver, Colorado, glisse sublimement des introductions de guitare style cavalier solitaire et mélancolique pour un rendu plein d’ampleur à... la EMPEROR. Beaucoup semblent les connaître, tous les apprécient. Très prenant, un groupe qui me plaît. Belle balade dans le Way Far West. En revanche déception, pas d’anniversaire chez ces garçons, qui s’en excusent.

Profitant du retour de l’astre solaire je me pose pour somnoler en écoutant STRATOVARIUS. Excellente succession de titres heavy metal mélodique, je suis bercé de bonheur. Ce groupe est bon, très bon, une rythmique vive qui me rappelle par moments HELLOWEEN, des chants clairs très prenants, guitares acérées. Je suis tiré de mes rêveries par un gars qui me dit que je ronfle trop fort. J’ôte mon chapeau et il m’apprend qu’il m’a confondu avec son pote Boris (éclats de rires entre lui et moi) !


La Temple est trop petite pour contenir les fans de SKÁLMÖLD, logique car les Islandais savent gagner les cœurs avec leurs chants de marins nostalgiques que bercent de puissants riffs et une rythmique hypnotique. Je n’ai jamais été déçu par les concerts de ces musiciens qui se donnent à fond avec leur ambiance réussie folk et viking. Le même problème de contexte exigu survient pour CORVUS CORAX, groupe de folk médiéval teuton à la jovialité aussi extrême que son cornemuse-metal. Dans les deux cas, nous faisons un joli sitting général, le premier, pour saluer et l’autre pour ramer. De grands moments de bonne humeur bercés par les riffs et les refrains fédérateurs.

Je marque une pause et fait une incroyable rencontre à l’espace presse, le frontman de SUICIDAL TENDENCIES. Conférence de presse de Mike Muir, qui annonce que malheureusement, un nouvel album de SUICIDAL TENDENCIES n’est pas à l’ordre du jour car demandant des idées et une énergie folle non encore réunies. Toutefois, nous avons droit à de belles confidences sur l’amour de Mike pour son paternel, survivant du covidalypse et d’un système médical américain frôlant le nazisme. Je repars ébloui après une poignée de main vigoureuse.


On change de décor, premier réel voyage du jour aux mainstages. J’y retrouve ACCEPT made in Tornillo, avec sa voix qui passe aujourd’hui beaucoup mieux, qui y donne une démonstration de heavy metal à l’ancienne. Des guitares qui vrombissent telles des moteurs, parfait pour recharger nos batteries. Un bon dosage entre chansons récentes, le très bon dernier album ouvre le set avec "The Reckoning", et indémodables, "Restless And Wild" avec un son qui porte parfaitement, nous garantissent un moment exceptionnel. Toujours un plaisir de chanter à l’unisson "Princess Of The Dawn" ou encore "Metal Heart". La foule s’est faite très dense, n’oublions pas que dans 2 heures et trente minutes, tout le monde voudra voir les METS. Donc, les loulous, petits et grands, profitent pendant une heure d’une belle leçon de puissance heavy metal.

Les heureux du jour, MASS HYSTERIA. L’heure est à la consécration avec cette programmation en leur faveur. Une heure d’un set excellent, trop court évidemment, mais gorgé de classiques qui sont autant de moments d’émotion, tel "L’Enfer des Dieux" ou "Positif à Bloc". Sous la pluie battante, toutefois peu de positivité, je suis heurté sans cesse par des personnes au regard noir, mes potes me confirment que ce n’est pas l’œuvre des festivaliers séculaires, plus prompts à se faire un câlin ou à te payer une bière. Dommage, car MASS HYSTERIA enflamme les planches, avec un Mouss heureux et un tantinet nerveux. Il est "Tenace", le bougre, et c’est comme ça que nous l’aimons... sans "Contraddiction" !


Je délaisse Bruce Dickinson pour la Valley où a lieu un événement qui passera inaperçu, hélas. Le crachin est devenu une mousson quand MR. BUNGLE vient cracher sa folie sur scène, devant seulement quelques milliers de fans. Et de folie il est bien question, alors que raisonne "Anarchy Up Your Anus", avec les riffs possédés de Scott Ian, nous sommes emportés dans une furie menée par Mike le patron, arborant des couettes roses et gesticulant au-dessus d’un nid de coucou. Au milieu de tout cela, on nous envoie "Eracist", mon cidre avec le rideau de pluie se remplit plus vite que je ne le bois, le public pourtant prend feu... et un sosie de Rob Halford apparaît en plein dans l’intempérie, il déambule uniquement vêtu d’un couvre-chef et d’un cache sexe, image qui, je me dis, résume parfaitement la prestation de MR. BUNGLE. Wolfgang Van Halen vient jouer sur "Loss Of Control", une reprise de VAN HALEN, nous prenons une leçon de langue, "Hypocrites / Habla español o muere" devient "Parle français ou meurs" évidemment, Dave le Bombardo nous secoue avec ses fûts pendant une reprise de "Hell Awaits" de SLAYER et si "Raping Your Mind" n'a pas suffi à nous faire perdre la raison et à nous enflammer les fesses, Andreas Kisser est accueilli sous nos encouragements pour le célèbre "Territory" de SEPULTURA, avant une cocasse conclusion de "All By Myself", la musique de La Boum, vous connaissez, où les paroles deviennent « allez tous vous faire foutre ». Des moments de fuck attitude rock ça existe encore, et c’était ce soir à la Valley avec MR. BUNGLE !


C’est l’heure des Four Horsemen. La foule est d’une densité effrayante. Même si je suis fan absolu, impossible d’approcher, certains ont dû se masser il y a déjà des heures. Je me résous à me poser à l’une des buvettes proches, misant sur les grands écrans pour voir le show. Axel et Nico me font signe, ils ont eu la même idée et disposent d’un bout de toit les abritant du déluge. Mauvaise pioche. Après 20 minutes de retard, METALLICA débarque avec un magnifique "Creeping Death", mais sur les écrans, nous n’avons qu’une espèce de Tetris, avec en petite vignette un musicien après l’autre. Déception. Nous reprenons espoir d’un changement avec les canoniques "For Whom The Bell Tolls" et "Hit The Lights", hélas, les écrans restent muets à nos souhaits. Après avoir chanté "Enter Sandman" et fait un concours d'air-guitar sur "72 Seasons", nous battons en retraite, drapés dans notre frustration mouillée. Journée en délie-teinte donc, je rentre toutefois sans m’égarer. Les potes ont eu la bonne idée d’acheter baguette de pain, jambon et fromage, j’ai oublié de me restaurer durant cette journée folle. Je leur dis : « Je vous aime ! ».

Jour 1, Jour 2Jour 4

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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