30 juin 2024, 23:59

HELLFEST OPEN AIR 2024

@ Clisson (Jour 4 - Part 3)


J4. Réveil timide, nous découvrons avec délice le retour du soleil. Comme dans un Star Wars« un nouvel espoir renaît ». Guillaume, notre logeur, organise un BBQ géant. Les gars décapsulent les premières cannettes alors que mon café est encore chaud. Deux excellentes chipolatas avalées et le devoir m’appelle. Le chef me l’a répété, je ne suis pas là pour trier les lentilles. Le reste des Bronzés me rejoindra plus tard... s’ils arrivent à décoller !

Mes chouchous CALIBAN ont déclaré forfait, j’en profite pour assister au dernier round du concert de KARRAS, où officie Yann de MASS HYSTERIA, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’eux non plus n’enfilent pas des perles, mais plutôt des boulets de canon aux riffs chauffés à blanc. Extrême metooooolll !

Je vais voir SIMPLE PLAN par curiosité et je passe un excellent moment. Leur pop-punk proche de SUM 41 déroule avec vivacité une ambiance bon enfant, tout le monde danse et se marre, oubliée la morosité humide de la veille. Et quand vient le générique de notre idole à tous, Scooby Doo, c’est la folie, des Scooby humains gagnent la scène, je regrette de ne pas avoir le Scooby Gang avec moi...


C’est la dernière journée, elle m’échappe des doigts tel du sable, grrr... je cours, je cours. Je comprends Sly, ma consœur... Direction le côté obscur pour voir YOTH IRIA. Black metal, "Under His Sway" est lourd et entêtant, je découvre ce groupe et je m’y plais de suite. Mention spéciale pour "Hermetic Code", où les Grecs développent un stoner-doom bien planant. Glissé dans la foule, je partage avec tout un chacun "The Red Crown Turns Black'' avec son groove tout en rythmique bien speed et sombre. Je recommande.

Retour à mes 20 ans à la Valley avec THERAPY?. Démarrage sous les acclamés "Turn" et "Teethgrinder". Les Irlandais du Nord sont aussi ravis de jouer que nous de les écouter. Quelques extraits récents, moins appréciés par certains, mais le concert se déroule avec l’énergie folle qui caractérise THERAPY?. Des riffs vifs et aiguisés, une caisse claire magnifiquement martyrisée et une basse qui vrombit. Encore un anniversaire, celui de Neil Cooper le batteur et, après un « drum like a motherfucker » lancé par le frontman et repris par une foule incroyablement dense, Neil se livre à un solo de furieux, accompagné de riffs de BLACK SABBATH bien placés.
Pique anti-Brexit avec "Poundland Of Hope And Glory". Une petite baisse de régime sur deux titres, on leur pardonne aisément. L’iconique "Die Nothing" est dédicacé aux héros du rock disparus, Kurt Cobain, Lemmy et Amy Winehouse. Dans la dernière ligne droite, nous sommes complètement renversés telles de vulgaires quilles, "Die Laughing", "Nowhere", "Screamager" et "Knives", un quarté du même album mythique qui est un choix parfait pour un final punk metal apocalyptique. 45 minutes, ce fut court mais magique !


Encore tout émoustillé, je slalome à travers le bois du muscadet où beaucoup de festivaliers se reposent à l’ombre et gagne la Temple. Je retrouve Fred et Linda, je me demande où sont les autres après leur BBQ de fous... WIEGEDOOD se livre littéralement dans un black metal furieux. C’est violent, caco-sonique. Je me retrouve scotché à la barrière façon papillon ivre à un néon. "Until It Is Not" est carrément épique. "Noblesse Oblige Richesse Oblige" est ample et enivrant. Ce groupe est dingue, mes amis. Pour le final, on vire à l’improbable improvisation black-jazz metal, "Carousel" nous retourne la tête. Décidément, ce Hellfest est ma grande foire de groupes extrêmes, j’en repartirai en chaperon noir avec un panier rempli de friandises qui arrachent !

Il est l’heure de se faxer, dans une mincitude que je n’ai pas, jusqu’aux Mainstages pour assister à l’arrivée de Corey Taylor. Il déboule tout sourire, pour un "Post Traumatic Blues" de circonstance. Rappelons que cet homme aux trois groupes, à la culture impressionnante et touchant à tout, sort d’une grave dépression qui lui a fait annuler une partie de sa tournée. Il le mentionnera tout au long de l’heure de set qui lui est allouée, tout comme il se livrera magnifiquement à des déclarations d’amour pour sa compagne, présente en coulisses, Alicia et ses "Black Eyes Blue", et sa sincérité nous touchera tout autant que son énergie déversée devant une foule très nombreuse. Le choix des titres est d’une perfection digne du bonhomme. "Made Of Scars", pour poursuivre dans l’évocation de la lutte contre ses (nos, Corey t’es mon frère de guerre émotionnelle) démons, annonce également que ses deux autres formations, SLIPKNOT et STONE SOUR, seront bien représentées. Sans mentir, c’est la folie ici-bas tellement c’est bon, sincère et purement rock. Notre Alex, en claquettes après que la pluie la veille lui a ruiné ses shoes, suivi d’Axel tout sourire et d’un Nico en état second (le digestif du BBQ apparemment de trop), partent slammer de joie. Après un ovationné et riant "Bob l’Éponge", c’est l’exécution de "Snuff". Certainement la plus touchante composition tous groupes confondus de monsieur Corey. L’émotion du titre déborde parmi les dizaines de milliers de fans, c’est encore une fois magique. Mon dieu, ça va trop vite, déjà l’autre hit nous est livré en offrande tant attendue, "Through Glass", que Corey nous salue en prince avec "Duality". Ce concert, c’était "the place to be", merci mille fois Corey Taylor !


Comment se remettre après ça ? Je sautille jusqu’à SUFFOCATION. Peu spécialiste du groupe, j’apprécie très vite leur death metal extrême. Les pionniers du genre nous crucifient de plaisir, "Seraphim Enslavement" est incroyable. Durant tout le concert, tout le monde s’éclate, jusqu’à Linda, pourtant metalleuse que depuis quatre jours seulement, qui se livre les yeux tout pétillants à une danse spécialement destinée à l’expression de son émotion. Fred est impressionné. "Catatonia" nous laissera dans tous nos états, mais certainement pas en catatonie...

Tout le Scooby Gang est réuni pour THE OFFSPRING. Leur prestation il y a deux ans avait été excellente et c’était ma première fois. Les gars entament "Come Out and Play", facile et fédérateur. S’ensuit "All I Want", tout le monde est chaud et s’excite, ça commence très bien. Ayant 1 heure 10 de jeu, le groupe en profite pour plaisanter et interagir un peu plus, pas une mauvaise chose, mais certains titres rencontrent moins de succès, mais grosso modo, ça reste un déroulé vif et attractif de tubes made in punk californien, avec des covers surprises telles "In The Hall Of The Mountain King" d'Edvar Grieg et "Blitzkrieg Bop" des RAMONES. Il fait encore très show. Sans surprise, les albums « Americana » et « Smash » sont les ambassadeurs de la carrière du groupe. "Why Don’t You Get a Job?" et "The Kids Aren’t Alright" pour un premier au revoir ? Évidemment, et c’est fortement émotionnel. Le final sera forcément "Self Esteem", acclamé, avec une petite larme de votre serviteur...


Punaise, le Hellfest touche à sa fin, même le soleil le signifie dans ses derniers rayons. J’erre jusqu’à la Valley. Aujourd’hui encore, j’ignore pourquoi. Je me pose, avec Nico, nous dégustons des patates au fromage, le vague à l’âme nous gagnant, et écoutons RIVAL SONS. Putain, bonjour (l’excellente) ambiance fin du monde, sur des riffs seventies et une rythmique stoner. Nous avons le regard vague, pas à cause de l’alcool, mais parce que l’aventure s’achève et nous en sommes conscients. "Nobody Wants To Die" ? Eros et Thanatos, oui c’est comme une petite mort, entre deux riffs pénétrants, deux "Electric Man", voilà ce que nous sommes en cette édition 2024. Le blues qui gagne les metalleux furieux, quel paradoxe.

Retour à la réalité. Fatigués et usés comme une corde de fileuse électrifiée, nous nous disions tous au revoir. Un lien de métal s’est noué, notre passion partagée, le challenge est de se retrouver pour revivre ça. J’ai entendu beaucoup de polémiques dans les médias condescendants après coup, quand le TGV m’emportait loin de mon "chez moi". Ne les écoutez pas. Comme disait Sam Dunn dans Metal, Voyage au Cœur de la Bête, si tu es un passionné, ton pèlerinage au Hellfest demeure une valeur sûre. « Nous sommes des dizaines de milliers, et ceux à qui ça ne parlera pas, et bien, à en juger le plaisir partagé, on se débrouillera sans vous. » Oui, on pourrait chipoter, il y a toujours moyen de faire mieux, être frustré et ne pas tout contempler, oui c’est triste, trop de monde, mais ce décor, ces 6 scènes feront je l’espère encore longtemps le bonheur des metalleux voulant vibrer et vivre leur passion. J'aime être le Tintin du metal, j'aime... l'innocence et la bienveillance de mon monde !

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Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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