27 juin 2024, 23:59

HELLFEST OPEN AIR 2024

@ Clisson (Jour 1 - Part 3)

J0. Vous vous souvenez, il y a deux ans, "Tintin au pays des t-shirts noirs" ? Voilà que votre serviteur retourne cette année, pour son plus grand plaisir, au Hellfest. Loin des rageux et autres insatisfaits de tout poil, j’avais trouvé le festival très confortable après des décennies de concerts dans des conditions très aléatoires et la programmation éclectique était pour moi l’occasion de voir mes groupes fétiches, tout en en découvrant tant d’autres. Faisant fi des polémiques sur les tarifs, les faux metalleux, je décidais d’aller vérifier s’il y avait encore du "Rock en stock" à Clisson. C’est seul cette fois, sans Tournesol ou Milou, que je prends le train...


J'arrive le mercredi, histoire de prendre mon pass et mes marques, je retrouve l’ami Fred et sa chérie Linda chez nos logeurs Guillaume et Emmeline. Arrivé sur le site, j’explore le square et le corner, les concerts ne démarrant que le lendemain. L’ambiance toutefois est déjà bien installée. Ce sont les retrouvailles joyeuses avec les collègues journalistes & photographes, l’unique occasion de se voir in real life... A peine assis avec une bière qu’un couple de mon âge originaire de Brétigny entame la discussion. Deux jeunes amoureux, puis un Polonais et un Roumain nous rejoignent pour des débats animés sur nos musiques de prédilection, le metal à travers les âges, les festivals en général. Si bien qu’au final, je rentre à la nuit tombée et... m’égare au milieu des vignes du muscadet ! Je dois mon salut à de charmants villageois qui me ramènent à bon port. Ouf.

J1 - 12 heures. Nous y sommes, toute l’équipe de HARD FORCE réunie. Première fois pour votre serviteur dans l’enfer du décor, l’espace presse. Le boss Christian Lamet supervise les tournages de METAL XS, l'adjoint de rédaction en chef Chris Droit à ses côtés tout en vigilance qui le caractérise, les professionnels du shooting, aux aguets pour la moindre opportunité de clichés sensas. Ben Barbaud surveille, concentré, le déroulement de tout ce manège, debout au pied de la fontaine de sang. Quel décor que cet endroit, où s’ébattent de grandes enfants, bar, déco poussée jusque dans les portes des toilettes peintes aux emblèmes des groupes mythiques. Comme à mon habitude, je me pose de-ci, de-là, attendant l’ouverture des hostilités, je papote avec des collègues et des festivaliers. Cela m’avait marqué il y a deux ans, cette bonhomie dans l’échange. Cela rend le festival vraiment unique. Oubliez les débats stériles alimentés par certains médias ou vieux blasés, je vois des milliers de gens qui s’éclatent.


Sorti un peu du havre de paix des privilégiés, après tout on est venus là pour en baver, je rentre dans l’antre des 60 000 fous joyeux. C’est déjà bien rempli. Pour preuve, la queue pour le merchandising, qui ferait pâlir Rocco Siffredi. Il est 14 heures, verrons-nous le premier concert ? Celui de ASINHELL, formation montée avec Michael Poulsen de VOLBEAT, qui est de retour à ses premières amours, le death metal. Rien n’est moins sûr, je les contemple de loin, un bon death metal old-school. Au final, c’est au bout de 3 heures que je termine mes emplettes et retrouve mon Scooby Gang, avec Nico, Alex et Axel venus en grossir les rangs. Une fine équipe prompte à la rigolade entre deux sets. BLEED FROM WITHIN enflamme à son tour la Mainstage, c’est du tout bon metalcore.

Dilemme entre SLAUGHTER TO PREVAIL qui a décidé de battre le record du plus grand wall-of-death, et IMMOLATION sous l’Altar. Je choisis le second, ayant entendu vanter ses mérites, je ne suis pas déçu, un rouleau compresseur death des plus savoureux, avec de petites pointes black. J’apprends par la suite l’échec du projet de SLAUGHTER TO PREVAIL, qui doit saisir que certaines choses sont uniquement le fait de l’improvisation. Je découvre pour la première fois ICE NINE KILLS en live et je me régale de ce grand guignol metalcore qui rend hommage à Freddy, Jason, Chucky et tous les grands "humanistes" du cinéma de genre. Des cris et des riffs, mais également de très jolies mélodies, je suis aux anges... Ou aux démons plutôt.


C’est l’heure de retrouver le dernier des Mohicans, survivant de feu SLAYER. Les trois scribes de HARD FORCE (Sly, Jay et moi-même) nous massons ensemble devant la scène. Kerry King se révèle carré king. Déferlements de gros riffs rapides qui tachent, extraits de son excellent premier album solo, un Mark Osegueda très présent, c’est sûr ce n'est pas Kerry le monolithique qui va parler au public, mais ses riffs sont toujours si ultimes que nous lui pardonnerons. Et il y a la rythmique puissante de Paul Bos-tape, quelques reprises pour ressentir la "pluie de sang", nous sommes enivrés au thrash qui tache.

J’arrive en avance pour SYLVAINE et je tombe sur les quatre derniers titres de BRUJERIA. Sur le papier, ce groupe de grind-death m’effrayait, je me retrouve dans une superbe fiesta potache extrême. BRUJERIA offre un set dansant autant que violent, entre narco-corrido et hardcore à coups furieux de riffs machette. Ambiance de joyeuse déconne musicale dans laquelle le public se lâche complètement jusqu’à une Macarena finale détournée en "Marijuana". Complètement frappés, ces Mexicains !

SYLVAINE m’hypnotise, gainé d’une touche de doom seventies, des accélérations folles, avec un chant mi-hurlé mi-angélique, j’y trouve comme un goût de fée énervée. L’évanescente Katherine, pixie filiforme aux longs cheveux de neige, danse et joue de multiples instruments, délivrant un black atmosphérique prégnant. Un groupe ovationné comme il le mérite. J’en ai les poilous dressés, mon premier gros coup de cœur du festival.


Après une petite pause, les stands de restauration sont toujours un peu chers, certes, mais on y trouve son plaisir, je file voir sans trop d’attente la deuxième partie du concert de LANDMVRKS. Et c’est la claque. Lumières au top pour un tour de force metalcore. Un chanteur à l’allure de rapper marseillais qui, au final, en impose à l’audience captivée avec son faussement intimiste "Suffocate", son premier final "Rainfall" digne d'ARCHITECTS, puis un second où on se prend le magistral "Self-Made Black Hole". La mainstage est en feu.

AVENGED SEVENFOLD est un groupe que je défends avec Laurence Faure depuis 15 ans devant les gardiens du temple qui les raillent. Les deux derniers albums ont été surprenants, s’éloignant du heavy classique, mais sur lesquels je salue une recherche musicale nouvelle. Les Californiens ont décidé de jouer cinq titres de « Life Is But a Dream... » sur les douze que comporteront leur set. Nous sommes dans l’audacieux pour les fans acquis à l’album concept, dans le déconcertant pour ceux qui attendent juste une débauche d’énergie et des hits classiques. Tel un film inversé nous débutons, avec "Game Over" qui pose le décor, une ambiance où les breaks intimistes et les accélérations incontournables se disputent la scène. Les projections des musiciens sur les écrans, dénaturés par l’IA jusqu’à devenir des êtres de flammes ou des versions femmes d’eux-mêmes (incroyable "Mattel"), collent parfaitement au background musical.

Nous plongeons dans des tableaux contenant d’autres tableaux. C’est beau, intense et réellement troublant. Les fans se raccrochent aux classiques "Afterlife", "Hail To The King" ou encore "Buried Alive", on sent une certaine incompréhension des plus jeunes devant un "Nobody" qui voient les deux guitaristes assurer des chœurs volontairement dissonants. Personnellement, cette dérive pink floydienne dans le heavy metal me plaît beaucoup, même si je reconnais un certain malaise parfois, comme ce "A Little Piece Of Heaven" où nos anges vengeurs se métamorphosent en squelettes armés de faux. S’agissant d’une charge antipervers narcissiques, je comprends la nécessité de la chose, car on est interprétés sérieusement par l’atmosphère construite. Après le nostalgique "Save Me", AVENGED SEVENFOLD nous délivre l’ultime "Cosmic", quasi-sortie religieuse d’une messe déconcertante où, une nouvelle, fois Synyster Gates a brillé avec ses soli singuliers et appuyés. C’était contestable, mais incroyable. Un voyage à la musicalité singulière qui a explosé nos sens.


CRADLE OF FILTH passe tard, 1 heure du matin, j’ai les guiboles qui flageolent, mais difficile de résister. Il s’agit de l’un des groupes de metal extrême que je soutiens depuis ses débuts. Ouverture avec le titre récent "Existential Terror". Dani a fondu, il sautille dans son armure sanglée de cuir, esquissant même d’improbables prises de kung-fu. Appuyé de ses deux excellents gratteux, de Zoe Marie Federoff, la dernière recrue au chant féminin depuis 2022, il a repris du poil de la bête jusque dans sa voix, excellemment maîtrisée. S’ensuivent neuf titres extraits de leur vaste répertoire, un vrai beast of. Les CRADLE OF FILTH ont-ils retrouvé la... voie ? Absolument. Je quitte le festival à 2 heures passées, le groupe m’a mis des étoiles dans les yeux et dépassé son temps de jeu de 10 minutes. Le bilan de cette première journée a dépassé mes attentes. Je rentre épuisé à 4 heures, après m’être à nouveau égaré au milieu des cépages, en voulant prêter assistance à un couple de Belges quelque peu aviné. Mes mésaventures seront sujet à beaucoup de rires avec mon Scooby Gang !

Jour 2, Jour 3, Jour 4
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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