28 juin 2024, 23:59

HELLFEST OPEN AIR 2024

@ Clisson (Jour 2 - Part 3)


Dormi 4 heures, la journée va être longue. 2-3 cafés bien tassés pour émerger sous les plaisanteries de mon petit groupe, « Vas-tu encore te perdre ce soir ? », une sacrée complicité est en train de s'installer entre ces "Bronzés vont au Hellfest", et je me motive. Arrivé en speed à 12h50, gros regret d’avoir loupé HOULE et IMPERIAL CRYSTALLINE ENTOMBMENT, j’ai juste le temps de me faufiler pour découvrir les fameux WARGASM sur leur deuxième partie de set. La rythmique est très en avant avec une basse et sa propriétaire qui claquent à tous vents, associées avec une guitare très agressive et soutenues par une voix énervée, le tout donne une fusion qui fait bien bouger. Une découverte très attachante. Il est à peine 13h et le public est déjà en mouvement. Le Hellfest a atteint son rythme de croisière. Enchaînement vers le power metal de ORDEN OGAN. Place aux hymnes pagans et fédérateurs. Un groupe allemand à la carrière solide, découvert il y a déjà un bail en première partie de POWERWOLF, avec un style qui fait chanter et danser chaleureusement, et c’est le cas de le dire en ce vendredi placé sous une météo estivale à nouveau, et avec un public nombreux et ravi par ce côté brasserie munichoise version heavy metal. Placé en début d’après-midi, les guerriers ORDEN OGAN ont délaissé leurs armures de peau de loup, seul le frontman arbore un manteau aux épaules cornues. 40 minutes de metal façon BLIND GUARDIAN qui passent crème... solaire !


Pas de temps mort en ce jour, même si du death, en réalité, je vais en contempler beaucoup, et je ne parle pas des festivaliers qui ne se sont pas économisés à l’apéro de 10h et qui roupillent déjà face dans l’herbe. Après l’excellence du metalcore des Anglais WHILE SHE SLEEPS, toujours une belle alliance de riffs en vagues d’apocalypse mêlés à une voix magnifique, direction la Temple en slalomant entre les siesteurs pour un moment de viking metal avec EREB ALTOR. Metal nostalg-épique et puissant dès l’ouverture "I Have The Sky", j’adore l’âme de ce groupe, tellement inspiré par BATHORY. N’étant pas objectif, j’en parle avec des néophytes et je conviens qu’il fait trop jour et que 45 minutes de temps de jeu, ce n’est pas optimal pour que tous se laissent emporter par ce drakkar musical jusqu’au Valhalla, en scandant "With Fire In My Heart..." et "...And Blood On My Hand". Dommage car c’était bien beau.

Un peu de KLONE et son atmosphère particulière, une pointe dépressive, il faut être prêt mentalement pour son excellence des sens, puis je dois aller me poser, ratant LOFOFORA quion me dit, ne laissera personne indifférent. Je croise complètement par hasard, un dieu vivant : Ernie C de BODY COUNT venu accorder une interview à notre media METAL XS. Ernie se révèle être un joyeux drille très décontracté et volubile.


J’étais parti voir FEAR FACTORY quand je me fige devant la Temple, le Hellfest c’est aussi ça, les découvertes et les imprévus. J’assiste à l’intégralité du concert de MORK. Résonne "Den Lukkede Porten", qui illustre comment le black metal, s’il est bien fait, ne t’agresse pas, il te transporte. La foule s’est massée, touchée par la grâce d’envolées atmosphériques incroyables. J’en oublie complètement les Mainstages. Ces inconnus pour moi, deviennent une des révélations du Hellfest. Les yeux fermés, je sors de mon corps et commence à errer comme un bienheureux au milieu de mes comparses. Voilà ce que j’appelle une délicieuse claque musicale, du genre à te donner envie de piquer le maquillage (noir et blanc) de ta copine et d’aller hurler dans les forêts scandinaves.


17h40. J’ai encore perdu mes potes. Sachant Sly en transe devant Einar Solberg, je pousse une expédition jusqu’à la Valley et ça fait une trotte, le site étant vraiment étendu. Je grignote un burger d’Angus sympa en écoutant PLANET OF ZEUS. Pas mal du tout ce stoner heavy grec, avec basse ronflant fort, hurlements de possédés et guitares pressées comme des olives jusqu’à déverser leurs hectolitres d’huile brillante sur nous. C’est plus gras que mon burger... J’embraye sur la dernière demi-heure de SAVAGE LANDS, concept-band écologiste metal de Dick Verbeuren de MEGADETH et Sylvain Demercastel. Super groupe donc, avec également Kai, un membre de HEILUNG, Poun et Etienne de BLACK BOMB A au chant et à la basse. Dans un tel bal des engagés, personne n’est surpris d’y écouter les riffs d’Andreas Kisser de SEPULTURA, un autre associé militant de la première heure évidemment, avec une reprise acclamée de "Roots Bloody Roots", ainsi qu’un chouette "Whole Lotta Rosie". Mélange des genres dans une très bonne ambiance, Chloé Trujillo vient chanter parmi les guests également (père et fille étant associés au projet), et Shane Embury de NAPALM DEATH aussi. Truc de fou !


Mon attirance pour le black se fait à nouveau ressentir. C’est l’heure de la première Guerre mondiale... du son, avec KANONENFIEBER. Et avec eux la guerre... c’est show, mes amis, musiciens en costume de soldats d’infanterie du Kaiser, frontman en casque à pointe, visage couvert de noir pour symboliser l’anonymat de la Faucheuse guerrière. Riffs destructeurs et blasts de canons de 180 de la "Dicke Bertha". On en prend plein la gueule et les mirettes. Son, costumes et lumières. Des sapins se pointent pour "Die Schlacht bei Tannenberg", bataille champêtre s’il se peut. Après l’hymne célèbre du groupe, "Der Füsilier I", nos teutons tueurs se muent en marins de la kriegsmarine pour "Kampf und Sturm" et "Die Havarie". Le grand final sera "The Yankee Division March", le ressenti est spectacul-guerre. Nouveau coup de cœur, j'aime KANONENFIEBER, ovationné comme il se doit. A peine rentré, je me suis visionné le live sur Arte, tel un doudou antidéprime.

SLIP PANTHER ne m’intéresse nullement, trop de parlotte et de sexisme, même si l'on dit que c’est deuxième degré, c’est pas ma came. Je calme mes ardeurs devant le sublime live de NE OBLIVISCARIS, largement plus riche musicalement. Puis j’embraye sur SATYRICON, une première pour moi. En ce vendredi, c’est décidément le black qui est ma couleur (suis-je en train de devenir un t-shirt noir ?). "To Your Brethren In The Dark" direct met tout le monde d’accord. Lourd, lancinant et si prenant. Et il y en a des fans, la Temple déborde, à l’image des riffs furieux. Le groupe joue devant ses fidèles et il est généreux en termes d’ambiance black atmosphérique. Une chaleur bienheureuse parcours l’assemblée sur "The Pentagram Burns". En plus, j’ai retrouvé mon Scooby Gang, on partage ce moment de communion avec une joie indescriptible. Cruelle séparation sur "K.I.N.G.". Une des meilleures prestations du festival, s'accordent à dire mes compagnons. Quelle journée, moi qui n’avais pas récupéré de la veille, vais-je devoir passer un pacte avec le Malin pour tenir les prochains concerts ?

Pendant une semaine j’ai hésité entre BIOHAZARD, que je vénère et ai vu mille fois, et EMPEROR, que je n'ai jamais vu... Au regard de l’incertitude de la pérennité du groupe avec la carrière solo de Ihsahn, j’opte pour le black symphonique sur les conseils de Nico le Parigot. Evidemment, les deux premiers albums sont privilégiés. Avec "Into The Infinity Of Thoughts", pas besoin de s’appeler Arletty pour gueuler "atmosphère", car nous la vivons au travers de notre passion, faite de "cris et hurlements", de riffs pénétrants et de rythmique obsédante, des instants sensoriels infinis. C’est parti pour une avalanche noire de classiques, avec en point d’orgue "I Am The Black Wizards". Y a du monde, ça fait plaisir. "Inno a Satana" précédera le feu d’artifice de "Ye Entrancemperium". Voir EMPEROR et mourir, ça c’est fait.

J’aurais voulu pousser jusqu’à BODY COUNT, mais je suis refait. Nous regagnons les navettes en traînant nos pieds endoloris et poussiéreux, cette fois je ne m’égare pas. Arrivé chez notre logeur, je m’écroule et dors 7 heures d’affilée, un sourire bienheureux imprimé sur la face !

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Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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