2024 serait-elle une année particulière ? En effet, elle aura vu un incroyable nombre de bouleversements personnels (divorces, séparations et je sais de quoi je parle). Mais serait-elle aussi l'année de la résurrection ? De la remise en question et du travail sur soi ? Après une reformation pour le moins surprenante et plutôt très bien accueillie du célèbre LINKIN PARK, revenu d'une longue période de tourments après le suicide tragique du regretté Chester Bennington en 2017, 2024 assiste aussi à un retour très attendu après 4 ans d'absence : celui de Marilyn Manson.
Après le très bon « We Are Chaos », sorti en 2020, le révérend sombra dans une spirale judiciaire infernale suite à plusieurs chefs d'inculpation à propos de violences sexuelles déposées à son encontre par plusieurs ex-petites amies et fréquentations de l'époque. Sujet délicat sur lequel nous nous abstiendrons de porter un quelconque avis, la justice américaine est là pour ça et nous allons plutôt causer musique, car c'est l'unique sujet ici.
Au cours de l'année, Manson a commencé à sortir de son silence, laissant entrevoir quelques bribes d'activité musicale sur les réseaux sociaux. Un projet en préparation ? L'animal est réputé pour ne pas se laisser abattre facilement. Après tout, ne nous a-t-il pas sorti l'excellentissime « Holy Wood (In the Shadow of the Valley of Death) en 2000, après qu'il se soit vu accusé d'avoir influencé, par sa musique, les deux jeunes tueurs du massacre du lycée Columbine en 1999 ? Ce chef-d’œuvre fut sa réponse à cette Amérique puritaine, une véritable déclaration de guerre au gouvernement, à Dieu et au 2e amendement.
Trois singles sont sortis cet été ainsi que leurs clips, pour nous faire patienter et, a contrario, achever de nous impatienter. Les concerts ont recommencé outre-Atlantique, avec un Manson ayant repris de sa superbe, affûté comme jamais, faisant oublier ses piètres prestations de ces dernières années et renaissant de ses cendres.
L'album démarre donc sur la chanson-titre, ''One Assassination Under God''. Le rythme est lent mais une atmosphère menaçante s'installe immédiatement. Ce sentiment d'oppression que l'on pouvait ressentir sur « Holy Wood » annonce que cet album sera bien sombre. ''No Funeral Without Applause'' prend le relais avec cette intro aux arpèges inquiétants, puis le titre monte d'un cran sur le refrain. Le fracassant ''Nod If You Understand'' nous replonge dans les plus grandes heures d'« Antichrist Superstar ». Marilyn Manson hurle comme un forcené sur fond de riffs agressifs et il est carrément jouissif d'entendre de nouveau cette agressivité qui semblait totalement disparue chez lui.
S'ensuit le premier single choisi, ''As Sick As The Secrets Within'', aux sonorités énigmatiques et modernes à souhait. ''Sacrigelious'' et sa rythmique entraînante lui succéde : le morceau n'est pas spécialement novateur, mais n'en reste pas moins efficace. Jusqu'ici, c'est plutôt un sans-faute que nous délivre cette nouvelle cuvée signée Manson, et ce n'est pas l'excellent ''Death Is Not A Costume'' qui renversera la tendance. J'ai vraiment le sentiment d'une superposition entre l'aspect très calme de « Mechanical Animals » et la puissance de « Holy Wood » sur ce titre. Peut être le seul impair de cet album serait ''Meet Me In Purgatory'', où on ne décèle ni prise de risque, ni grande efficacité. Heureusement, le détonnant et nerveux ''Raise The Red Flag'' vient vite rectifier le tir avec son intro rageuse sous testostérone. Le chant de Manson s'intensifie dans le refrain et c'est indiscutable, le bougre est toujours dans le game ! Le disque se termine sur le magnifique ''Sacrifice Of The Mass'', ballade acoustique sombre et mélancolique.
Marilyn Manson retrouve Tyler Bates sur cet album et, sans conteste, les deux font la paire depuis leur première collaboration sur l'excellent « The Pale Emperor » en 2015.
Retour gagnant avec ce somptueusement sombre "One Assassination Under God" et une arrivée pour le moins étonnante chez Nuclear Blast Records. A croire que Manson n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est au fond du gouffre et cela se ressent amplement tout au long des 43 minutes de ce disque. En espérant que le gouffre ne se refermera pas définitivement sur lui, le précipitant dans les abîmes de l'enfer, le sien, pour l'éternité.
