27 décembre 2024, 18:53

TOP ALBUMS 2024

Par Chris Cap

Blogger : Chris Cap
par Chris Cap


Certains trouveront certainement que j’ai des goûts un peu trop classiques... En tout cas, je l’assume totalement en revendiquant le fait de trouver davantage mon compte auprès de certains groupes de vieux qu’en essayant d’aller chercher à tout prix la dernière nouveauté à la mode. Mais attention, comme vous pourrez le constater dans ce top 10 2024, ça ne m’empêche pas non plus de me montrer ouvert face à certains artistes qui bottent des culs et savent me retourner la tête grâce à une originalité et à un talent exceptionnels... Bonne année et bonne écoute !


1. JUDAS PRIEST : « Invincible Shield »
Bon allez, je l’avoue, JUDAS PRIEST a toujours été mon petit préféré de la bande de la NWOBHM... Question de goût, inutile d’épiloguer. Alors bien sûr, en 50 ans de carrière, je ne vais pas dire que j’ai tout validé. Comme par exemple l’utilisation des guitares synthés ou la sortie de « Ram It Down », dont on aurait facilement pu se passer. Globalement, on peut donc dire que le grand prêtre Rob Halford et ses disciples ne m’ont que très rarement déçu. Mais de là à prendre une telle baffe en 2024 en écoutant le dernier album de JUDAS, non, je n’étais pas prêt... Et pourtant, force est de constater que « Invincible Shield » représente carrément tout ce que l’on peut attendre d’un grand classique du heavy metal. Alors d’accord, JUDAS PRIEST a toujours représenté ce qui se fait de mieux dans le genre, mais on aurait pu croire qu’avec le temps, à force, la lame de rasoir de « British Steel » se serait peut-être un peu émoussée.
Mais finalement, il n’en est rien et grâce à la patte magique du jeune Richie Faulkner, associée en studio à l’expérience de Glenn Tipton et chapeauté par un Rob Halford dont la voix ne semble jamais vouloir faiblir, on a finalement droit à une très grande leçon de heavy metal. Le son, les riffs, la double grosse caisse de Scott Travis, les refrains accrocheurs... Tout y est.
Le meilleur album du PRIEST depuis « Painkiller », un point c’est tout !


2. Jerry Cantrell : « I Want Blood »
Quel album ! On peut dire que Jerry Cantrell, guitariste/chanteur d’ALICE IN CHAINS, a vraiment été inspiré sur ce coup-là. Entouré de quelques-uns de ses amis musiciens de longue date – Robert Trujillo (METALLICA), Duff McKagan (GUNS N’ ROSES) et Mike Bordin (FAITH NO MORE), entre autres –, l’homme de Seattle immigré à Los Angeles nous a pondu rien de moins que l’une des meilleures œuvres de l’année.
Et si l’on retrouve évidemment la patte qui a largement contribué au succès d’ALICE IN CHAINS, il y a sur ce disque un son nettement plus puissant, ne serait-ce qu’au niveau des guitares. Une sorte de croisement entre la mélodie mélancolique du troisième album « Alice In Chains » et le côté plus brut, plus heavy, d’un « Facelift ». Pour s’en persuader, il suffit d’écouter des titres comme le très sabbathien "Let It Lie", les ballades "Afterglow", "Echoes Of Laughter" (quel feeling !), "Throw Me A Line" (le riff qui tue...) ou le très  rentre-dedans "I Want Blood" qui donne son titre à l’album.
En fait, dès l’intro du premier morceau, on est embarqué et les 9 titres s’enchaînent avec ce mélange d’énergie et de grâce que Jerry s’applique à nous transmettre sans mollir depuis plus de 30 ans. Souvent copié, mais rarement égalé, le patron est de retour... Jerry Christmas à tous !


3. FALLING IN REVERSE : « Popular Monster »
Là, avec le cinquième album de FALLING IN REVERSE, j’avoue qu’il y a carrément de quoi crier au génie... Et Ronnie Radke, le chanteur/leader du groupe américain formé au début des années 2010, y est forcément pour beaucoup. Avec lui, le metal fusion est en effet poussé à son paroxysme pour atteindre un niveau que l’on n’avait jamais entendu auparavant. Et pourtant, au départ, ça aurait pu être un joyeux bordel... En effet, les influences sont tellement variées et les morceaux s’aventurent dans des styles musicaux si différents qu’il y avait éventuellement de quoi perdre l’auditeur – même le plus ouvert d’esprit. Seulement voilà, il n’en est rien.
Avec un chanteur qui rappe aussi bien qu’un Eminem, qui chante juste, haut et fort en voix claire et growle comme un chef, le mélange est détonant dans un style rap metal poussé à l’extrême. De plus, sur ce « Popular Monster », les arrangements sont incroyablement soignés ("Prequel"), les boucles de son des parties rap imparables et les refrains toujours accrocheurs ("Zombified", "Popular Monster").
Soutenu par deux guitaristes et un bassiste hors pairs qui chantent presque aussi bien que le patron et par un excellent Luke Holland à la batterie, FALLING IN REVERSE réussit en plus l’exploit de rendre des morceaux très fournis et plutôt chiadés aussi accessibles en live que sur disque... Quant à la reprise du "Last Resort" de PAPA ROACH en version piano/synthé/voix qui clôture l’album, c’est un véritable petit bijou. Impressionnant.


4. GHOST : « Rite Here Rite Now (Original Motion Picture Soundtrack) »
L’intérêt de tous les grands "double live" de l’histoire du hard rock, c’est qu’ils représentent un instantané du groupe à une époque donnée – le plus souvent au moment où celui-ci rencontre le succès au niveau international. Et là, avec « Rite Here Rite Now », on est pile-poil dans le timing. Sur ce live enregistré au Forum de Los Angeles, on a donc un parfait best of, qui, s’il met en avant un bon nombre de titres d’« Impera », le dernier album studio de GHOST, n’en demeure pas moins très représentatif de la façon dont sonne le groupe en 2024. Il suffit d’ailleurs d’écouter les "Kaisarion", "Spillways" ou encore "Call Me Little Sunshine" pour se rendre compte de tout ce que le travail vocal des Ghoulettes apporte à ces morceaux en concert. En effet, la puissance et la mélodie des chœurs et des double voix permettent à des chansons pourtant déjà très fortes de prendre encore plus de substance, de coffre, dans leur version live.
Et pour ceux, qui, comme moi, on eu la chance de voir le film du concert en salle, les images fortes ressurgissent à l’écoute de ce disque. Comme le ballet des squelettes sur "Twenties" ou la résurrection de Papa Nihil au saxo sur le magnifique instrumental "Miasma". Décor, chorégraphie, son... « Rite Here Rite Now », c’est la vision de GHOST sur scène qu’avait Tobias Forge au début du groupe avant d’avoir les moyens de ses ambitions... Il y est parvenu. Grandiose !


5. THE WARNING : « Keep Me Fed »
L’an dernier, à l’occasion de cette rubrique qui nous permet de revenir sur les albums les plus marquants de l’année, je vous avais déjà parlé de THE WARNING. Un trio mexicain de rock alternatif puissant composé de trois sœurs dans la toute petite vingtaine. Et en 2024, après avoir écumé les plus grands festivals européens, les frangines en ont profité pour sortir leur quatrième album qui s’est chargé de les propulser encore un peu plus sur le devant de la scène internationale. Car si, jusqu’ici, c’est en live que THE WARNING avait su se montrer le plus convaincant, les morceaux percutants et entraînants qui composent ce « Keep Me Fed » démontrent également un talent certain dans l’art de l’écriture et des arrangements. On peut donc parler d’album de la maturité pour ces petites qui affichent déjà dix ans d’expérience au compteur !
De "More" à "Hell You Call a Dream", en passant par "Automatic Sun" ou "Satisfied" et "Consume", le power trio réussit l’exploit de conserver le son brut et la puissance du live qui sont sa marque de fabrique, tout en offrant une production nettement plus soignée que sur « Error », l’album précédent.
Résultat : le disque plaît, se vend et après un passage très remarqué à Taratata en cette fin d’année, on apprenait que la date d’avril à l’Olympia était déjà sold-out... Le premier groupe de hard rock mexicain d’envergure internationale n’a pas fini de faire parler de lui. Ça fait plaisir, parfois, d’avoir vu juste !


6. Kerry King : « From Hell I Rise »
Si l’on ne va pas reprocher à Jerry Cantrell de faire du ALICE IN CHAINS en solo, alors inutile non plus de trouver à redire si le premier opus de Kerry King sonne comme du SLAYER... Vous vous attendiez à quoi ? A ce qu’il fasse du glam ? Cette petite mise au point faite, on peut désormais entrer dans le vif du sujet et parler honnêtement de « From Hell I Rise ».
Et avec "Residue", on entre immédiatement dans le vif du sujet. Un riff implacable, la batterie de Paul Bostaph qui défonce... jusqu’ici, on est sur des bases connues et bien rodées. En revanche, la (bonne) surprise, ce sont les performances de Mark Osegueda, le chanteur de DEATH ANGEL, qui réussit parfaitement son coup en apportant sa propre touche dans la façon d’interpréter les nouveaux morceaux, tout en revendiquant régulièrement l’héritage de Tom Araya ("Where I Reign", "Toxic" et son riff qui tue ou la parenthèse instrumentale lourde à souhait "Diablo" qui annonce le nom moins heavy "Trophies Of The Tyrant"...).
Renforcé par un sérieux guitariste soliste en la personne de Phil Demmel (ex-MACHINE HEAD) et par Kyle Sanders, ancien bassiste de HELLYEAH, le groupe du King Kerry a fière allure et ne ressemble surtout pas à une pâle copie de SLAYER, bien au contraire. On a affaire ici à une formation solide qui semble être là pour durer. Merci Kerry d’avoir repris le flambeau de si belle manière.


7. BLACK COUNTRY COMMUNION : « V »
Dans le style groupe récent qui joue un hard rock fortement teinté seventies, on peut dire que BLACK COUNTRY COMMUNION fait figure de référence. Il faut dire qu’avec Glenn Hughes (ex-DEEP PURPLE) à la basse et au chant, Joe Bonamassa à la guitare, Jason Bonham (LED ZEPPELIN) derrière les fûts et Derek Sherinian (Alice Cooper, DREAM THEATER...) aux claviers, on a affaire à de sacrées pointures qui savent ce qu’écrire une bonne chanson de hard rock veut dire !
De plus, pour son cinquième album, le quartet a fait de nouveau appel au fidèle Kevin Shirley à la production. On peut donc dire que la mayonnaise a toutes les chances de prendre.
Et dès les deux premiers titres, il est clair que la partie est gagnée. Groove de folie et chant ciselé sur "Enlighten", riff de claviers entêtant et refrain accrocheur pour "Stay Free", on est immédiatement embarqué avec l’impression de retrouver les repères que l’album précédent nous avait laissé sept ans plus tôt. Et tout au long des 10 morceaux qui composent ce volume V, la machine BCC ne baisse jamais d’intensité (la puissance d’un "Love And Faith" !), si ce n’est pour vous caresser encore un peu plus dans le sens du poil sur la ballade bluesy "Restless", sublimée par la guitare de Joe et le feeling de la "Voix du rock"... A 73 ans, Glenn n’a rien perdu de ses qualités et reste l’un des plus grands chanteurs de l’histoire du rock, toutes catégories confondues. Il suffit d’écouter l’étendue de son registre sur "Red Sun" pour s’en persuader. Chapeau bas, l’artiste !


8. David Gilmour : « Luck And Strange »
Que serait le hard rock prog sans PINK FLOYD et son fameux guitariste/chanteur David Gilmour ? Une toute autre chose, c’est certain, tant le groupe britannique et son leader charismatique ont aidé à façonner ce style musical en influençant une grande majorité de musiciens. Et avec son « Luck And Strange » en forme de testament musical, à 80 ans, Gilmour signe son album le plus personnel et, peut-être, tout simplement son meilleur en solo. Accompagné de son fidèle bassiste Guy Pratt et, pour la première fois, du grand Steve Gadd à la batterie, il nous embarque dans une sorte de parcours initiatique tout en douceur et en feeling sur la vision du temps qui passe et du peu qu’il reste.
Parmi les morceaux de bravoure qui composent ce « Luck And Strange », je me contenterai de citer "Between Two Points", reprise des MONTGOLFIER BROTHERS où Romany, sa fille, prend le micro et nous assène un véritable coup en plein cœur avec sa voix tout en feeling qui fait passer un message poignant sur le mal-être de quelqu’un qui se trouve toujours en décalage face aux autres. Et puis il y a aussi le plus rythmé "Dark And Velvet Nights", que l’on croirait sorti d’un album des FLOYD époque « A Momentary Lapse of Reason »... Et enfin, le petit bijou "Scattered", un titre qui contient tout ce que j’aime chez Gilmour en réussissant à faire passer le maximum d’émotion avec le minimum de notes. La magie continue d’opérer pour notre plus grand plaisir. On en redemande.


9. THE BLACK CROWES : « Happiness Bastards »
Il aura fallu patienter pas moins de 15 ans avant que les BLACK CROWES se décident enfin à sortir un nouveau disque. Ce n’est pas rien, mais avec « Happiness Bastards », on peut dire que ça valait le coup d’attendre... En effet, tout au long de cet album court de 10 titres, les frères Robinson se montrent inspirés, carrément en pleine forme et, pour un fan de la première heure comme moi, ça fait vraiment plaisir de retrouver le groupe en ayant un peu de neuf à se mettre sous la dent.
Le style n’a pas changé, ça respire le blues à plein nez et les morceaux sont exécutés avec un feeling et une maîtrise du style que seuls, aujourd’hui, des petits jeunes comme RIVAL SONS sont capables d’atteindre sur scène et en studio. Mais si la relève est bien en place, les BLACK CROWES, eux, nous prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur talent.
Parmi mes morceaux préférés sur ce disque, je citerai sans hésiter "Wanting And Waiting", "Cross Your Fingers" et "Dirty Cold Sun", de véritables petits brûlots de rock’n’roll qui sentent bons l’influence des ROLLING STONES et d’AEROSMITH à leur meilleure époque. Tout y est, le son brut de décoffrage, les envolées de guitares bien inspirées, les passages à la slide, les petites interventions à l’harmonica, les chœurs... On est bien sur un grand retour des BLACK CROWES !
Et si besoin était, le très groovy "Follow The Moon" ou la très jolie ballade "Kindred Friend", qui vient clôturer ce « Happiness Bastards », sont là pour enfoncer le clou encore un peu plus. Welcome back...


10. Myles Kennedy : « The Art of Letting Go »
Entre ALTER BRIDGE – son groupe de cœur – et son projet non moins sérieux en compagnie de Slash, Myles Kennedy parvient encore à trouver l’inspiration pour un nouvel album en solo. Et même si l’on ne va pas lui reprocher d’être trop productif, avouons qu’il y aurait moyen pour lui de se perdre et de devenir quelque peu redondant ! Seulement, avec ce « The Art of Letting Go », la bonne surprise, c’est qu’il n’en est rien. L’album s’écoute avec grand plaisir et si, parfois, on retrouve quelques ficelles déjà utilisées sur ses autres projets moins personnels, ça reste plutôt inspiré et ça passe comme une lettre à la poste. Pourtant, en louant les services du fidèle producteur d’ALTER BRIDGE, Michael Baskette, Myles n’a pas joué la facilité ni essayé de brouiller les cartes. On a donc çà et là des repères de son et de production qui rappellent régulièrement d’où vient le chanteur et quelles sont ses racines ("The Art Of Letting Go" ou "Mr. Downside").
A l’instar de son collègue guitariste Mark Tremonti, qui, lui, devient meilleur chanteur au fur et à mesure de ses réalisations en solo, Myles se révèle aujourd’hui être un guitariste très solide qui s’exprime désormais aussi bien en rythmique ("Say What You Will", "Nothing More to Gain") qu’en tant que soliste ("The Art of Letting Go"). Pour ces deux passionnés, il est évident que le travail paye... et nous, on en profite !

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Au sujet de l'auteur
Chris Cap
Reporter/photographe chez Hard Rock Magazine au milieu des années 90, Chris Caprin s’est ensuite reconverti dans la presse moto et VTT où il officie maintenant depuis plus de vingt ans. Cependant, Chris n’a jamais, au grand jamais, mis de côté sa passion pour le “metal lourd” et quand il ne tape pas sur sa batterie, c’est avec grand plaisir qu’il retrouve ses premières amours en collaborant avec HARD FORCE.
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