Tout le petit monde du hardcore parisien est au Bataclan ce soir pour assister à un concert d’anthologie : KNOCKED LOOSE sont de retour 1 an après avoir retourné l’Elysée Montmartre, et ils ne viennent pas seuls car BASEMENT, HARM’S WAY et PEST CONTROL sont aussi là pour en découdre ! On prend notre place dans la file d’attente avec un grand sourire en pensant au séisme qui approche...

On commence avec PEST CONTROL, le groupe de thrash aux accents hardcore qui ouvre la soirée. Malheureusement la file d'attente pour entrer ayant été interminable, je ne verrai que 10 minutes du set, mais ça a suffi à piquer mon intérêt : le groupe a une énergie de dingue et des compositions que ne renieraient pas POWER TRIP ! Les Anglais, menés par Leah Massey-Hay sont là pour en découdre sans artifice, et si l'on en croit le nombre de moulinets et de mandales distribués dans le pit, le public hardcore adhère immédiatement. Dommage de n'avoir eu que quelques minutes pour apprécier le groupe, mais la séance de rattrapage au Hellfest le 21 juin est déjà réservée pour ma part !
En parlant du Hellfest, c'est un alumni de l'édition 2024 et un vétéran de la scène hardcore straight-edge de Chicago (quasi 20 ans de carrière mine de rien) qui prend son tour de scène. En effet, HARM'S WAY sont de retour en France et son frontman James Pligge nous le fait vite comprendre. Toujours plus brutal et rentre-dedans, HARM'S WAY nous offrent un set composé quasi intégralement de morceaux de l'album « Posthuman », passant du surpuissant "Unreality" au bulldozer "Become a Machine", tout en se permettant une parenthèse plus calme et ambiante sur "Temptation". Le set est sans chichi, le seul gimmick qu'on verra ce soir sera bien entendu le classique "running man" de James Pligge, sur le puissant "Infestation". La foule est ravie, les mandales ont volé, et malgré l'absence totale de morceaux du dernier album, HARM'S WAY confirme une nouvelle fois son statut de groupe culte de la scène hardcore.
Je vais être tout à fait honnête : je suis totalement passé à côté de BASEMENT. Avant l'annonce de l'affiche, je ne les connaissais même pas de nom. Mais quand je vois la foule qui se concentre devant la scène du Bataclan en cette troisième partie de soirée, je me dis que j'ai peut-être loupé un truc. Et effectivement, si le style post-hardcore aux accents emo du groupe anglais semblent initialement un peu hors sujet sur cette affiche très hardcore, l'ambiance monte encore d'un cran alors que BASEMENT enchaîne ses morceaux mélodiques mais entraînants, et les pogos changent du tout au tout, passant du hardcore dance et du two step des deux groupes précédents à un pogo "normal" mais gigantesque. Le set est très sympa, rappelant un peu OCEAN GROVE et FOO FIGHTERS par moment (je rappelle que je ne connaissais pas le groupe donc je me raccroche à ce que je connais), et on en ressort avec un grand sourire, prêts pour se faire casser les dents par KNOCKED LOOSE. Je retournerai écouter BASEMENT assez vite je pense.
Bon, pas de secret : le nom KNOCKED LOOSE parle de lui-même, on va s'en prendre plein les yeux et plein les dents. Si "Thirst" lance les hostilités, c’est sur "Deep In The Willow" qu’on se rend pleinement compte du chemin parcouru par les coreux du Kentucky : à peine deux ans après la sortie de ce single, qui pourtant n’a vu le jour qu’en 45 tours en 2023, tout le Bataclan sait exactement à quel moment hurler « KNOCKED LOOSE MOTHERFUCKERS ». Si fin 2022 on les voyait en première partie de STICK TO YOUR GUNS (en compagnie de LANDMVRKS d’ailleurs), on ouvre de grands yeux quand le Bataclan, complet ce soir-là, se met à trembler sous la puissance du mosh. Et KNOCKED LOOSE n’a pas prévu de nous laisser plus de 10 secondes de répit : "Don’t Reach For Me" créera une atmosphère sombre tandis que "Trapped In The Grasp Of A Memory" remuera un peu tout ça, peu avant un "Deadringer" d’anthologie ! Le nouvel album « You Won’t Go Before You’re Supposed To » sera également très bien représenté, au-delà de la scénographie en rappelant la couverture (la croix en néons est bien présente en fond de scène). En effet, pas moins de 9 titres issus de l’album seront interprétés ce soir-là, afin de contenter les fans du disque qui a tout de même engendré une nomination aux Grammy Awards. Ce qui achèvera cependant le public (parfois littéralement), c’est cet enchaînement de fin sans pitié : le brutal "Blinding Faith", suivi du classique "Billy No Mates", du cultissime "Counting Worms" qui verra le public aboyer en chœur, du single ravageur "Suffocate" et de l’apocalyptique "Sit & Mourn" qui verra le chanteur Bryan Garris saisir une guitare pour les dernières mesures.
Le groupe quitte la scène sobrement et rapidement, et on réalise qu’on vient d’assister à un set magistral, qui a mis tout le monde d’accord, et qui a probablement délogé quelques molaires. Quelle soirée !
