18 avril 2025, 23:59

INFERNO METAL FESTIVAL 2025

@ Oslo (Jour 2)

Et c’est parti pour le 2e jour de l'Inferno Metal Festival, nous avons encore de l’énergie et on décide d’en profiter.
Après un tour d'Oslo orienté black metal, place à la balade touristique classique : un petit rayon de soleil et nous voici à flâner le long du fjord, devant le Parlement, la forteresse d’Akershus qui nous donne une vue panoramique et les reliefs de la région, on aperçoit au loin la structure pour le saut à ski du côté d’Holmenkollen, et on se dit que oui, lorsque la chapelle a brûlé, on devait effectivement le voir de loin.
On continue cette balade du côté de l’Opéra, (ce fameux Opéra du « Live At The Opera » de SATYRICON sorti en 2015 – ce qui reste à mon sens l'un des meilleurs albums live jamais sorti, il est parfait et puis c’est tout !), à côté du musée Munch, celui où a eu lieu l’exposition SATYRICON x MUNCH nous ayant offert l’album du même nom... Bon, je l’admets, peut être que j’ai du mal à dissimuler mon petit côté monomaniaque, mais est-ce que j’essaye vraiment ?

On croise d’ailleurs régulièrement des festivaliers ayant décidé de profiter du beau temps : 15°, on peut même se promener en t-shirt, pour peu que l’on accepte de laisser tomber le Perfecto. Après ce tour en ville, direction l’hôtel Clarion pour l’exposition d’art publique, ouverte à tous, festivaliers ou non. L’occasion de voir des œuvres de divers artistes que ce soit des illustrations, de la manipulation digitale, de la peinture ou encore des photographies (live mais pas seulement). On y retrouve Hugleikur Daggson (heureusement que ce report se fait à l’écrit et pas à l’oral !), Gunnar Haslund, Seth Siro Anton, Gaahl, Uncle Allan, David Thierrée... Du beau monde donc pour une exposition fort intéressante que l’on aurait bien aimé voir encore plus grande (donnez moi la main, je tente d’embarquer le bras, j’en ai conscience).


Contrairement à notre hôtel, juste à côté, que nous avons choisi pour être plus au calme, au Clarion difficile d’échapper au festival. C’est ici que descendent l’écrasante majorité des festivaliers mais également les groupes ainsi que leurs team et l’équipe du festival. On est sur une ambiance hôtel de standing noyé sous les Perfectos et hoodies de black metalleux, même la musique de fond de l’hôtel a été adaptée pour l’occasion. Il y a d’ailleurs des after-party organisées avec DJ pour les plus valeureux.

Côté conférences, les thèmes abordés tout au long du festival sont variés : une présentation sur les femmes dans la musique live, comment créer une fan-base dans un monde numérique, le metal au Moyen Orient, le détournement des symboles nordiques par les groupes haineux, l’impact sur la pop-culture et l’importance de protéger l’héritage culturel... On ne comprendra d’ailleurs qu’en fin de festival, qu’a priori nos pass presse nous donnaient également accès aux conférences et je note ça précieusement dans un coin. Si nous avons la chance de revenir, je pense que je planterai ma tente côté conférences. Etant consommatrice de biographies de groupes ou autres essais et livres sur le metal, nul doute que ces conférences auraient été une mine d’or pour moi.

A ce propos, ces "à côté" de concerts : tours guidés, conférences, activités annexes étaient déjà présents sur le Beyond The Gates dans le même format (un billet à acheter en plus) mais également au Mystic Festival, cette fois-ci, incluses dans le billet mais majoritairement en polonais. Je pense que ce sont des choses plus faciles à mettre en place sur des festivals avec des plus petites jauges, mais c’est à mon sens un vrai plus. Certes, en début d’après-midi cela peut créer des conflits avec le running-order des concerts, pour ceux qui ont lieu sur les petites scènes, mais pour des passionnés et c’est le cas sur les festivals spécialisés, elles rencontrent un vrai succès. C’est un bel argument en faveur de ces festivals à taille plus humaine.

Mais revenons à des considérations plus musicales et au début live de la journée. A ce stade il est 15h45 et on arrive à l’entrée du Rockefeller qui ouvre à 16h, le but étant d’être bien placé pour apprécier au mieux le set de GAEREA. Lorsque l’on arrive, la file d’attente prend toute la rue mais également la rue voisine ce qui nous fait un peu peur, mais lorsque la salle ouvre, l’avancée est très fluide et malgré nos inquiétudes initiales on est largement à l’heure pour GAEREA. La dernière fois que j’ai vu les Portugais c’était au Motocultor 2023, aux environs de 13h30, en plein soleil et mes orteils dans mes doc martens en ont un souvenir cuisant. Ils avaient toutefois réussi à me donner quelques frissons bienvenus sous cette chaleur... Je suis donc plus que contente de les revoir en salle, sans être en train de cuire – j’ai des goûts simples en vrai – et donc d’en profiter dans les meilleurs conditions.

Le quintet est en forme et ravi d’ouvrir la grande scène en ce deuxième jour. Il était dans mes arguments personnels pour faire le voyage et je n’ai pas été déçue. Ses prestations sont très prenantes, limite hypnotisantes, à l’image de la gestuelle si particulière du chanteur. On est ici sur ce que j’ai tendance à appeler du black metal capuche (ou cagoule dans notre cas d’espèce), ce qui a l’air plus rapide à faire que du corpse-paint, et qui recentre davantage sur la musique. Un mélange de riffs agressifs et de passages plus atmosphériques qui ne manque pas de faire son effet sur le public.

Je m’étais mise dans la fosse en misant tout sur le « nous sommes en Norvège pas en France, ça devrait être tranquille » et autant le dire tout de suite, non seulement c’est un festival et donc il y a des étrangers (dont beaucoup de français d’ailleurs), mais en plus il est de ces prestations où il est difficile de résister à un petit mosh-pit. Mon plan "tranquille" c’est donc soldé par un bel échec, je ressors du set plus fatiguée que prévu, mais je ne regrette rien !

A ce moment là on tente une chose : s’asseoir un peu au niveau des canapés à côté du merchandising. Le fameux « on se pose là pas longtemps ». Là encore échec cuisant, ajouté à un peu de papotage avec des Français croisés par hasard et paf un set loupé. On remarque cependant pas loin, un stand qui vend des hot-dogs et des gaufres, sans que les deux ne soient exclusifs et à tester quand on se sentira d’humeur aventurière ! Nous n’entendons donc BLOOD INCANTATION que d’assez loin... On décide d’arrêter de fusionner avec le canapé pour faire un tour sur la John Dee et voir les Italiens PONTE DEL DIAVOLO. On ne connaît pas du tout le groupe, mais si on ne se sent pas d’humeur à tester le hot dog à la gaufre (ou inversement ?) musicalement on est curieux, l’intérêt des festivals c’est aussi d’aller faire des découvertes et la description sur l’application nous fait envie.

Au final, si physiquement on regrette un peu cette désincrustation de canapé, musicalement c’est un grand oui. On nous promettait du doom avec des accents occultes et psychédéliques, le tout servi par deux basses et une chanteuse. Pour ma part j’accroche très vite, même si mon compagnon a un peu plus de mal à rentrer dedans au début.
La chanteuse a une présence scénique très intéressante et il faut bien le dire, une bonne partie du concert repose sur ses épaules. Il est aussi bien agréable d’entendre un peu de chant en italien, ce qui différencie le groupe du reste de la programmation du jour. Les deux basses enveloppent le son du groupe tel un cocon inquiétant et fort à propos.
Au final on est sur l’une de mes découvertes du festival, ce qui me fait dire qu’il se passe réellement un truc avec la scène italienne ces derniers temps (le groupe est de Turin) et je ne manquerai pas d’écouter en rentrant...

Après cette belle découverte, c’est parti pour KYLESA sur la grande scène. Les Américains ont fait une grosse pause et reviennent maintenant avec un line up quelque peu modifié mais de qualité – notamment Roy Mayorga l'actuel batteur de MINISTRY ! KYLESA c’est du sludge progressif qui continue donc de nous changer du black metal pur et dur (fichtre, à ce stade on se rend compte que finalement, du true norwegian black metal on en a pas eu tant que ça !). Ça marche bien, ça remet un peu de groove dans la fosse, mais on ne reste pas tout le set... l’appel du ventre commence à se faire sentir et on tente donc une percée vers le rooftop au 3e étage où il y a quelques stands de restauration à côté d’un autre petit bout de marché.

Dans un soucis de faire un report le plus complet possible, y compris sur les choses un peu bizarres pour nous autres français à la fine gastronomie, nous voici donc au niveau du stand de burgers et pita à base de viande d’élan (une phrase que je ne pensais pas vraiment dire un jour, mais après avoir testé le hot dog de renne à Bergen, toping crevettes en bonus pour Monsieur, on avait comme un devoir moral de tester cela !) Verdict : mangeable mais rien d’exceptionnel dans un sens comme dans l’autre. J’ai par ailleurs bien conscience que mes idées lumineuses de tout tenter finiront par causer ma perte.

Sur ces entrefaites culinaires, on met le cap sur la salle 4 étages plus bas pour garder la forme avec NON EST DEUS. Avant de s’attarder sur le groupe, petit point pratique mais pas des moindres : au Rockefeller Center, sachez que vous trouverez de nombreux bars, parfois très petits, un peu partout sans jamais avoir besoin de faire la queue. A chaque bar, des gobelets avec des carafes ou des fontaines à eau. Je l’avais déjà remarqué lors du Beyond The Gates, mais aussi en Suède pour les concerts des 25 ans de WATAIN et quelle bonne idée que de mettre de l’eau à disposition gratuitement un peu partout en libre service ! Une belle initiative qu’il serait sympathique de voir en France (où on se fait parfois remettre des gobelets au bar pour aller les remplir aux lavabos des toilettes, c’est mieux que rien me direz-vous !) J’en profite aussi pour rappeler que si vous êtes adeptes de bière en concert, le prix n’est ici pas le même qu’en France et il faut compter dans les 12 euros pour des verres qui correspondent à du 40 cl. Le bon point c’est que très logiquement avec des prix pareils, on croise moins de "viande soûle" (comme dirait ma mère que je ne pensais pas citer un jour dans un report sur un festival de black metal).

Avec NON EST DEUS on revient au black metal, allemand celui-ci avec – vous l’aurez deviné grâce au nom – un univers anti-clérical franchement assumé. Musicalement c’est ultra carré, et l’univers est poussé au bout des choses avec une scénographie et des costumes de scène dans le genre religieux croisé avec l’épouvantail dans Batman. On retrouve des riffs qui ne sont pas sans rappeler KANONENFIEBER, autre groupe du multi-instrumentaliste Noise. Si vous aimez l’un mais ne connaissez pas l’autre, allez jeter une oreille vous ne serez pas déçus.

Là encore on ne reste pas pour la totalité du set et on remonte pour se trouver une place de choix pour SEPTICFLESH que nous n’avons que trop peu vus (…c’est donc la 5e fois cette année), mais il paraît que quand on aime, on ne compte pas ! Les Grecs (et l’autrichien et batteur Krimh) et son death metal symphonique, l'une des deux têtes d’affiche de la journée, et si le groupe passe suffisamment en France pour ne pas justement aller en Norvège le voir, ce serait dommage de ne pas saisir l’occasion ! Vous vous souvenez de ce que je disais sur le public norvégien et les fosses plutôt calmes ? Là encore, grosse erreur. Celle de SEPTICFLESH décroche haut la main le prix du plus beau bazar depuis le début du festival. Une fois que l’on a compris que Seth Siro Anton le chanteur désignait un circle-pit par le nom de "magic circle" (ce qui me fait rire parce que j’ai un humour un peu pourri), c’est parti !!

Avec des chansons issues aussi bien de « Modern Primitive », que des pépites de « Sumerian Daemons », SEPTICFLESH renouvelle bien son set par rapport à la dernière date parisienne en octobre, ce qui me donne honteusement raison sur le fait de continuer à aller les voir. On ressort de ce concert un peu fatigués (mais où est ce fameux canapé quand on a besoin de lui ??), avec un peu moins de voix et la ferme résolution d’attendre le lendemain avant de retenter les premiers rangs. Il nous reste le set de 1349 et nous décidons donc de ne pas aller voir celui d’AETERNUS qui commence déjà sur la petite scène.

Je n’avais pas été voir 1349 lors de son passage à Paris l’automne dernier, mais au Tyrant Festival. Si Frost était présent à ce moment là, ce n’est pas le cas ce soir, le batteur étant en tournée à SATYRICON qui joue à Stockholm... les villes étant trop éloignées pour qu’il puisse assurer les deux prestations, même avec beaucoup de motivation. Qu’à cela ne tienne, si ma mémoire est bonne c'est Nils "Dominator" Fjellström qui le remplace, actuel batteur de tournée du groupe quand le besoin ce fait, comme ce soir... Un peu de true norwegian black metal pour finir cette journée, ça tombe bien, je commençais un peu plus tôt à dire que ça manquait. Le groupe n’a pas pris une ride – littéralement : le corpse-paint ça conserve visiblement – et Olav "Ravn" Bergene semble être plus en forme du haut de ses 50 ans, que moi et mes bientôt 35. C’est puissant, agressif, ce qu’il faut de presque vicieux... et le groupe détrône en quelques titres SEPTICFLESH dans la catégorie fosse la plus motivée. Un bon moment pour se défouler, et s’achever, et fin de journée !

Là encore, on s’éclipse discrètement un peu avant la fin pour rentrer se reposer avant les deux autres jours qui s’annoncent tout aussi remplis...
 

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Carole Pandora
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