18 avril 2025, 23:59

KNUCKLE HEAD + DIRTY DEEP + BAD JUICE

@ Ostwald (Le Point d'Eau)

Le 18 avril rendez-vous au Point d’Eau d’Oswald. Ce vendredi saint va devenir un vendredi diaboliquement rock’n’roll.

19h30. Premier groupe, voici BAD JUICE. Un duo guitare-batterie qui vient déverser une belle dose d’énergie rock. Le son est prenant, le chant du batteur a une saveur "blue suede shoes" qui amène Memphis à nous. Le public adore. La guitare s’emballe par moments tel un apache surfant sur les traces d’un loup, c’est très seventies. La deuxième partie du set se mue en un rockabilly teinté de heavy rock. Bravo.


A 20h20, place à DIRTY DEEP. La folie country-rock d’un trio strasbourgeois nous envahit pour 1 heure, à la conquête de l’est et d’un public ébahi. Basse lancinante, batterie qui claque, nous baignons dans la torpeur d’un état du sud électrifié. Le frontman, à l’allure d’un Sam Eliott juvénile, fait hennir son Harmonica, comme un écho d’il était une fois dans l’est. "Broken Bones" notamment nous renverse.

L’ambiance est électrique, oscillant entre du John Lee Hooker et LYNYRD SKYNYRD revisité par des notes rockabilly. Il y a cette ballade, sur une introduction à la basse spectrale qui trotte dans un canyon chauffé à blanc. Les vautours volent par dessus nos têtes, la guitare d’huile s’envole par-dessus dans un country-rock dément. Tout autour de nous l’odeur du blues enfiévré puisé dans les rives du Rhin, et qui par moments invite Elvis à la fête. C’était DIRTY DEEP et c’était excellent.


C'est l’heure à présent de retrouver nos stars mulhousiennes. Direction le far west de l’Alsace, avec l’introduction de « Holster & Rituals », titre du dernier album. On entend siffler les rouleaux de poussière dans une aura bleutée. Jack gagne sa batterie, désinvolture de rigueur, clope au bec et son visage arborant ses tatouages de guerre, Jock se pointe, guitare Flying V, stetson et lunettes noires. On ne rigole plus. KNUCKLE HEAD capte notre attention directement avec deux chansons du dernier album, "The Right Way" fait voler les broussailles de l’ouest poussiéreux avec son stoner survitaminé, mais surtout ensuite avec ce "Rituals" que j’adore, tranche culte de dark-heavy rock, où la rythmique explose dans une débauche de riffs seventies.


Après cette excellente entrée en matière KNUCKLE HEAD décide de poursuivre sa chevauchée en compagnie de titres... du dernier album, encore. Au total 7 chansons seront jouées, pour notre plus grand plaisir, vu la qualité du dit album. "Brand New Life" nous dépayse complètement, éclats d’éperons précédant une horde sauvage aux riffs à franges, semi conscience pour semi acoustique, je me souviens des paroles de MC Solaar, nous savons dans quel état "harry zona" en écoutant ce heavy country-rock.

Petit passage également par les classiques, "Black City" secoue son monde et nous fait slalomer en mode Easy Rider en direction de la route 666, quand "Gazoline" se pointe à coup de « hey hey », le plaisir est visible dans le jeu des deux desperados, plaisir d’entendre pour les centaines de cowboys debout, qui transforment ironiquement un "point d’eau" en saloon enjoué. Nouvelles occasions pour KNUCKLE HEAD d’afficher la complicité de ses membres, entre un Jack souffreteux rebelle avec ses cigarettes et sa bouteille de blanc, on s’affiche façon Doc Holiday, et Jock vif au riff à la guitare, qui figure un Juge Roy Bean moderne.


Retour au dernier album pour une belle chevauchée, "Burn" aussi enivrant qu’une virée en pur-sang, le biker "The Necromancer" au groove seventies jusqu’au bout de ses médiators... Nous terminons sur "The Sword", crépusculaire en diable, où nous sentons la ville de Tombstone s’électriser autour de nous. Quelques loulous se mettant à danser avec joie. C’est règlements de comptes à rOcK Corral.

Le rappel ? Nous restons dans la dark-country avec une reprise mémorable de "Personal Jesus" de DEPECHE MODE. L’influence du groupe n'est pas anodine quand on repense à de nombreux titres joués par le dup. Final somptueux, comme un trait d’union entre les époques et les genres. Jack se prend à nous encourager en vidant sa bouteille dans nos verres, tout en admirant les poses de son comparse.

Au sortir de cette soirée qui restera comme un magnifique souvenir western-rock dans nos cœurs, avant de retrouver nos montures garées dehors, je repense à ce que ce bon pote Jésus m’avait glissé à l’oreille un soir dans un bouge près de Dodge City : « y a pas à dire mec, la seule bonne action du Diable a été la création du rock’n’oll ! »

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Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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