13 mai 2025, 00:37

GHOST

@Accor Arena (Paris)

Trois ans après son premier passage en ces lieux, GHOST est de retour à Paris pour nous présenter « Skeletá », sorti seulement quelques jours plus tôt. C’est donc devant une foule de fidèles dévoués et nombreuse (l’Arena est complète ce soir dans sa configuration de 15 000 spectateurs) que le rituel de Paris peut commencer.
Certains ont poussé le sens du détail jusqu'à venir costumés selon la thématique du groupe, voire de l’album pour les plus réactifs, rivalisant de créativité.
D’autres arborent fièrement la peluche (hilarante) du Cardinal Copia, devenu Frater Imperator dans le lore actuel de GHOST. Respectueux (sous peine d'exclusion immédiate) chacun se plie aux consignes maintes fois communiquées : on confie son téléphone au staff pour le placer dans une pochette scellée - comme ça a été le cas, il y a quelques années, pour Jack White à l’Olympia - pour une expérience devenue une exception de concert sans smartphone. 
Une expérience qui me permet vite de me rendre compte qu’il serait judicieux de m’acheter une montre pour ce genre de cas de figure un peu inédit, s'il venait à se reproduire (ou devenait la norme ?), puis je m'assois dans les gradins (bien trop en avance… quand on n'a plus d'écran à se mettre sous le nez).
Sur cette tournée, il n’y a pas de première partie : GHOST et seulement GHOST.
La litanie commence enfin !

C’est derrière des rideaux laissant à peine filtrer quelques rayons de lumière que le groupe masqué entame « Peacefield », avec le visage de Papa V Perpetua projeté sur les écrans d’un côté et de l’autre de la scène, pour contrer notre vue encore obstruée par les rideaux. Certains trouvent ironique de voir le début du concert à travers un écran… après avoir scellé les téléphones pour éviter ça, mais les rideaux tombent vite, et révèlent une scène aux allures de nef, la batterie placée en plein milieu de l’arc de cercle formé par les estrades, des goules aux allures de nonnes et de gentlemen victoriens, et au centre, le lumineux Papa V Perpetua, plus flamboyant encore que son frère (Papa Emeritus IV), surplombé par un gigantesque « grucifix », l’une des icônes du groupe, composé de projecteurs. Quel tableau !

C’est sur cette fresque visuelle que s’enchaînent les premiers morceaux, laissant savourer l’aisance vocale de ce nouveau pape triomphal sur « Lachryma », reprise en hurlant par tout le public qui la connaît déjà par cœur. « Meliora », troisième opus du clergé, va être également à l’honneur avec pas moins de 6 titres entonnés ce soir, à commencer par « Spirit » et « From The Pinnacle To The Pit » qui laissent les ghouls guitaristes s’illustrer à travers des solos plus virtuoses que sur album, un logo « YouSuck » de très bon goût derrière l’une des guitares, et des interactions avec le public sans prononcer le moindre mot. Ces passages sont l’occasion pour le maître de cérémonie de changer de costume.
Il nous apparaît gigantesque sur « Call Me Little Sunshine », à la manière d’un « Nosferatu », en fond de scène et en lévitation. Une autre image qui nous restera longtemps en tête !

Après un “The Future Is a Foreign” Land un peu moins remarqué, la salle passe au rouge. L’intro de “Ciriceretentit et le rideau de fond tombe pour révéler d’impressionnants vitraux projetés, tandis que Papa V, orné de paillettes, réapparaît. La scénographie a clairement évolué depuis 2022 et on ne peut retenir ses exclamations alors que les solos de guitare et de claviers s’enchaînent. On calme un peu le jeu avec « Darkness At The Heart Of My Love » avant un enchaînement de « Satanized » et de « Ritual » du meilleur effet. Les choristes se font plus présentes sur ces deux morceaux, dans le mix sur le premier, et aux côtés des guitaristes sur le second.
Sur « Umbra », une cloche est présentée à celles-ci, et le morceau le plus groovy de « Skeletá » fait danser Bercy avant un nouveau changement de décor.

Papa V Perpetua revient après « Umbra » orné de nouveau d’une mître, pour chanter le cultissimus « Belial, Behemoth, Beelzebub, Asmodeus, Satanas, Lucifer »… Vous l’aurez reconnu, « YearZero » est de la partie !
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette version est anthologique ! Les flammes se déchaînent et le décor de fond de scène s’effondre alors que les ghouls s’approchent dangereusement du feu… Et c’est devant un fond étoilé que « He Is » prend la suite, dévoilant peu à peu… Jésus ? En costard rouge ? Le pouce vers le haut ? Et qui décolle comme une fusée ? D’accord… Autant dire, c’est surprenant ! Mais il est temps d’enchaîner sur « Rats », sur lequel une fan lance une peluche « Ratatouille » sur scène, déclenchant une interaction hilarante avec Papa V Perpetua qui croit visiblement que la peluche lui est destinée… avant de la rendre. « J’en avais déjà beaucoup de toute façon » ! Les classiques s'égrènent avec le old school « Kiss The Go-Goat » sur lequel le pape sataniste nous fait de gros poutous, ou le heavy « Mummy Dust » durant lequel une poignée de billets s’envole vers les fans, avec une animation digne de Terry Gilliam en fond de scène, présentant un monstre qui imprime des nuages de thune, de flouze, de caillasse, quoi ! 
La machine à hits est inarrétable avec « Monstrance Clock » et on voit déjà quelques visages se fermer, pensant que c’est déjà terminé. En effet, le morceau a été pendant des années le titre clôturant les concerts de GHOST.
Mais le morceau ultime de communion, sans sous-entendu aucun (il n’y en a jamais eu, évidemment) voit Bercy chanter à tue-tête les phrases « come together, together as one, come together for Lucifer’s son », longtemps après que le maître de cérémonie quitte la scène.

Bien sûr, tout est calculé, GHOST n'abandonne pas ces fidèles sur une telle note de frustration : le chanteur ironise sur le fait que nous avons entendu tous les meilleurs titres, ne laissant que les pires pour faire original… Démarre le hit planétaire « Mary On A Cross », pour un rappel ultra dansant, qui ne s’arrête pas là, car « Dance Macabre » lui emboîte le pas. Le tout avec des statues dansantes en fond de scène, des couleurs « 60s » de partout et des confettis lancés dans le public.
On ne se rend d’ailleurs compte qu’à cet instant qu’une des ghouls a le pied dans le plâtre depuis le début, mais fait le show comme jamais depuis presque deux heures.
Respect ! On finit sur un dernier classique, « Square Hammer », en véritable feu d’artifice avec un logo flamboyant en fond de scène, concluant une soirée purement et simplement inoubliable.

Avec ce concert, GHOST va plus loin que jamais en presque 20 ans de carrière, et justifie totalement son statut assez récent de mega tête d’affiche.
On en revient couvert de confettis, de faux billets, de médiators pour les chanceux, mais surtout la tête remplie de souvenirs pour les… euh… 20 prochaines années.

Blogger : Valentin Pochart
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